Comptes non mouvementés : plus de 16 milliards dorment au Sénégal

Plus de 16 milliards de francs Cfa dorment dans 81 000 comptes bancaires non mouvementés au Sénégal, a révélé mercredi le directeur de l’agence nationale de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Fatimatou Zahra Diop, qui cite une enquête réalisée en 1986.‘’Cette somme non réclamée est, à ce jour, beaucoup plus importante’’, a notamment indiqué Mme Diop à l’ouverture d’une journée de concertation sur le cadre juridique des comptes dormants dans les livres des organismes financières de l’UEMOA.Selon elle, beaucoup de comptes et d’avoirs non mouvementés sont détenus par les banques ou les structures financières décentralisées.

L’absence de réglementation ‘’pose un certain nombre de difficultés’’, a-t-elle déploré, expliquant que ‘’ce sont des avoirs appartenant à la clientèle qui, pour plusieurs raisons, soit elle est décédée ou simplement disparu, ne réclame pas’’.Cette situation pose même des problèmes dans les établissements concernés dans la mesure où il est avéré que des manipulations ou des fraudes peuvent s’opérer quand un compte n’est pas utilisé depuis très longtemps.De l’avis de Fatimatou Zahra Diop, les concertations permettront de cerner l’ampleur du ‘’phénomène’’ et l’importance qu’il y a à s’assurer de la définition de ce qu’on peut considérer comme compte dormant.

‘’Ensuite, il s’agira de savoir à qui, une fois qu’on considère qu’il s’agit d’un compte dormant, on doit confier ces fonds et qu’elle est l’utilisation qui doit en être faite’’, a-t-elle expliqué.D’après le directeur de l’agence nationale de la BCEAO, il faudra dans cette optique s’entendre sur le nombre d’années au terme desquels on peut considérer qu’un compte qui n’a pas été mouvementé par son titulaire qui n’aurait pas donné signe de vie, peut être considéré comme dormant.Mais une fois qu’un compte est considéré comme dormant, il faudra aussi convenir de ce qu’il faudra en faire. S’agissant des fonds dormants, elle a indiqué qu’il sera procédé à l’identification d’une institution appropriée.Selon elle, dans certain pays, cette institution peut être la banque centrale et, dans d’autres, une institution financière suprarégionale, comme la Banque ouest africaine de développement (BOAD).

‘’On peut également penser, a-t-elle souligné, au Fonds de garantie des dépôts qui est en constitution au sein de l’Union africaine et qui pourrait être un réceptacle approprié pour ces fonds là’’.Une fois qu’ils sont affectés à cette structure, ces fonds devront faire l’objet d’une utilisation appropriée, a-t-elle estimé. Et si au bout d’un certain nombre d’année ils ne sont pas réclamés, ils pourraient être destinés à financer des projets sous régionaux ou des projets d’intérêts collectifs, a-t-elle suggéré.Selon elle, l’importance de la journée de concertation sur le cadre juridique des comptes dormants dans les livres des organismes financières de l’UEMOA réside dans le fait qu’elle permettra de dégager des pistes de réflexion pour combler un vide juridique.