Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le Pr. Mary Teuw Niane, l’avait annoncé il y a quelques semaines. Le conseil des ministres décentralisé du 20 décembre dernier vient de le confirmer avec l’examen du projet de décret portant création et mise en place du Comité de pilotage de la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur (Cnaes). Les acteurs n’ont pas manqué d’exprimer leurs attentes.
Le comité, disait le ministre dans une interview accordée au « Soleil », « comptera 15 membres et sera présidé par le Pr. Souleymane Bachir Diagne ». « Les 15 membres, avait ajouté le Pr. Niane, proviennent de tous les secteurs de la nation et de l’enseignement supérieur (enseignants-chercheurs, Pats). Ils sont choisis pour leur connaissance de l’enseignement, leur indépendance d’esprit, leur capacité à réfléchir, à s’adjoindre une expertise externe nationale ou internationale, leur capacité à capitaliser les expériences réussies, leur ouverture d’esprit, leur écoute pour discuter avec les partenaires de l’école (syndicats, mouvements associatifs, chefs d’entreprise, partenaires au développement, partenaires potentiels, le monde du travail) ». Il a poursuivi qu’à l’issue de la concertation, le comité devra faire « des propositions concrètes et pertinentes permettant à l’Etat de prendre les grandes mesures et de réaliser le vœu du président de la République, qui consiste à faire de l’enseignement supérieur le moteur du développement économique et social du pays et donc, d’accompagner son émergence ».
Nouveau paradigme
Cette décision est magnifiée par la section université du Sudes. « C’est avec un grand enthousiasme que nous accueillons cette nouvelle. Nous avons espoir dans les actes posés par le gouvernement, particulièrement dans l’enseignement supérieur. Nous allons accompagner cette dynamique car, au-delà d’être des acteurs, nous sommes des militants », souligne Mamour Sankhé du Sudes. Il précise qu’il n’y a pas de développement sans un enseignement supérieur de qualité, qualifiant, dans la décision du chef de l’Etat, de « prémisses d’une révolution, d’un nouveau paradigme ». M. Sankhé, qui se félicite de l’élargissement de la carte universitaire, demande à l’Etat de la faire de « manière rationnelle ». En outre, il plaide pour que la 2ème université de Dakar soit axée sur la « recherche fondamentale », et celle de Kédougou (université ou Cur) sur « les mines ». Car, note-t-il, « la compétition se fera sur le savoir ».
Quant au Sg du Saes, Seydi Ababacar Ndiaye, il demande à l’Etat de revoir l’architecture des textes régissant les universités. « Les textes régissant les personnels n’ont pas changé alors que des réformes, comme le Lmd, sont adoptées. Des éclaircissements sur la gouvernance, qui est un élément central, sont également à apporter : par exemple, quel rapport entre le Conseil d’administration et le Conseil pédagogique ? » s’interroge M. Ndiaye, qui demande au Cames d’être « cohérent » avec le système Lmd.
Eviter une concertation de plus
En fait, les attentes du Saes se résument à la réforme du Cames, l’harmonisation des textes de l’enseignement supérieur, la réglementation de l’enseignement supérieur privé et la réforme du baccalauréat. « Cette réforme du Bac est nécessaire, car seuls 15 % des candidats passent au 1er tour, le reste au 2nd, avec parfois un niveau très bas. Ce lot vient non seulement massifier les universités, mais constitue également des investissements parfois non rentable pour le contribuable, si l’on se fie aux résultats dans le 1er cycle dans nos universités », indique Seydi Ababacar Ndiaye. « Cela ne doit pas être comme les états généraux de l’éducation et de la formation (Egef) de 1981 et la concertation nationale de 1994. Il faut être réaliste. On ne peut pas développer l’enseignement supérieur dans un contexte d’instabilité et d’asphyxie financière », avance Aboubacry Niane, secrétaire général du Syndicat des personnels administratif et de services (Satuc). Il invite les acteurs à poser sur la table les « véritables maux », à s’accorder sur « un pacte réciproque et avoir une sorte de Charte ou de Consensus pour laisser le secteur se stabiliser ». Pour lui, « c’est cela l’enjeu ».
Le recteur de l’Université Alioune Diop de Bambey, le Pr. Matar Mour Ndiaye, salue l’initiative, à condition, dit-il, « qu’elle ne soit pas une concertation de plus », appelant à « éviter les pièges des décisions et de l’application ». Qu’à cela ne tienne, « l’attente est forte », assure le recteur, l’université étant dans « une phase de turbulence ». Il invite à bien mettre le puzzle et de travailler en fonction de nos moyens. « Ne pas multiplier les objectifs », prévient-il, même s’il reconnaît que le pays a besoin de cette réflexion. Concernant le comité, « il faudra choisir des gens crédibles, respectés et écoutés et qui ont fait leur preuve », suggère le recteur de Thiès, le Pr. Cheikh Saad Bouh Boye. Il se félicite déjà du choix porté sur le Pr. Souleymane Bachir Diagne pour le piloter et se dit disposer à faire des suggestions et recommandations pour « une concertation fructueuse ».
6 Commentaires
Kit
En Décembre, 2012 (12:07 PM)Big
En Décembre, 2012 (12:43 PM)Kit
En Décembre, 2012 (15:35 PM)Kat
En Décembre, 2012 (17:36 PM)Kit
En Décembre, 2012 (02:07 AM)Papa Cedric Ndiaye
En Décembre, 2012 (13:12 PM)Participer à la Discussion