Décès d’Abdoul Wahab Bâ : Un hôte de marque au Paradis des sportifs

La maladie qui le minait depuis quelques années a donc fini par emporter Abdoul Wahab Bâ, avant-hier soir. Et c’est un dirigeant sportif accompli, un homme de bien qui tire ainsi sa révérence à 66 ans. « Wahab », comme toute la famille du sport l’appelait, a surgi dans le quotidien des Sénégalais, au lendemain de la désastreuse campagne de la CAN 1986 en Egypte. Lui qui était alors directeur des Sports (1983 - 1988), n’avait point cherché à fuir ses responsabilités dans l’échec des « Lions » comme beaucoup d’autres, bien plus « coupables », l’avaient fait. Puis, cet ancien directeur du CNEPS (1981 - 1983) avait comme pris du recul pour mieux revenir plus tard.

Président de l’amicale des inspecteurs de la Jeunesse et des Sports, Abdoul Wahab Bâ était ressorti de sa « retraite volontaire » pour enrichir le paysage sportif national d’une nouvelle discipline : l’escrime. « De par sa morphologie, le Sénégalais a des prédispositions pour cette discipline », l’a-t-on une fois entendu dire. Fort de cette conviction, l’ancien directeur du stade L.S. Senghor s’est investi corps et âme, pendant une dizaine d’années, pour la renaissance et l’essor de l’escrime sénégalaise. Et les résultats n’ont point tardé puisqu’en 2004 déjà, Nafi Touré et Ami Ndong s’étaient qualifiées aux JO d’Athènes. Une performance qui a été améliorée cette année avec la présence aux Jeux de Pékin qui seront lancés après-demain vendredi, de Mamadou Ndiaye, premier Sénégalais champion d’Afrique d’escrime en avril dernier à Casablanca (Maroc) et Nafi Touré directement qualifiés sur le terrain et d’Abdoulaye Thiam qui profite du forfait d’un escrimeur tunisien. Dans son ascension vers le Paradis des sportifs, « Wahab », président de la fédération sénégalaise d’escrime et vice président du CNOSS, veillera sur ses poulains en terre chinoise.

Du haut de son perchoir céleste, il aura également un œil attentif sur tous les athlètes africains qui s’aligneront sur les pistes du « Nid d’oiseau », le superbe stade de Pékin qui accueillera les épreuves de la première discipline olympique. Et pour cause, depuis 1997 au congrès d’Abidjan (Côte d’Ivoire), Abdoul Wahab Bâ était le secrétaire général de la CAA (confédération africaine d’athlétisme). A ce titre, il a accompagné son illustre compatriote Lamine Diack lors de son dernier mandat à la tête de l’instance dirigeante de l’athlétisme africain, avant de cheminer depuis 2003 et jusqu’à son dernier souffle, avec son successeur, le Camerounais Hamad Kalkaba Malboum.

Homme d’un commerce facile, Abdoul Wahab Bâ était un partenaire précieux et toujours disponible pour la presse. Son professionnalisme était reconnu de tous, sa générosité appréciée de tous ceux qui l’ont côtoyé et sa compétence unanimement saluée. Ce n’est pas pour rien qu’il était avec l’Algérien Abderrahmane Lamari, président de la confédération africaine d’escrime, l’un des deux seuls Africains à siéger au comité exécutif de la fédération internationale (FIE). Une façon certainement de rendre hommage à ce grand commis de l’Etat, ancien conseiller technique d’El H. Malick Sy “Souris” au ministère du Tourisme et ancien proche collaborateur de Landing Sané au ministère de l’Equipement, qui a particulièrement contribué au développement de l’escrime en obtenant que l’EIMA (Ecole internationale des maîtres d’armes) soit installée à Dakar pour mieux former ceux chargés de vulgariser la discipline sur le continent. En le sacrant en 2006 « Dirigeant sportif de l’année », la Tribune du « Lion d’or » n’avait que sanctionné un parcours à citer en exemple aux générations futures.

Depuis hier, « Wahab » repose dans sa ville natale de Louga, mais le Paradis des sportifs a en lui, un hôte de marque.