Dakar Quand la spéculation foncière tient le haut du pavé

Depuis quelques années, Dakar connaît un véritable boom immobilier. Entre immeubles haut et moyen de gamme, lotissements, villas… l'essor est certain. Et trouver un appartement décent à Dakar, voilà l'exercice le plus dur auquel les Dakarois sont confrontés. Avec une spéculation foncière qui va crescendo, il est difficile, voire impossible de trouver un bon logement pour les bourses plutôt moyennes. La surenchère sévit et atteint des proportions inquiétantes. Cette flambée extraordinaire des prix touche tous les quartiers de Dakar depuis une dizaine d'années et menace les économies familiales. L'immobilier est devenu l'un des secteurs les plus rentables à Dakar. Il ne souffre ni du chômage, ni de la hausse du prix du pétrole etc. Partout le prix du mètre carré flambe. Petit voyage dans cette frénésie immobilière. Où le spectre de l'explosion de la bulle spéculative menace.

Une chambre à 40. 000 francs dans les Sicap.

Une hausse à deux chiffres qui dure depuis longtemps. Et, à l'arrivée, des appartements dont le prix a doublé depuis 1998, pour plafonner aujourd'hui, en moyenne, à 100.000 francs voire 150. 000 francs. Dans certains quartiers comme Sacré cœur III par exemple, le prix d'une chambre varie entre 35. 000 Francs et 40.000 francs. La banlieue n'est pas en reste. Jusque-là relativement abordable, le prix du loyer d'un appartement commence à y grimper.

La fièvre des Hlm Grand Yoff

Rien n'y fait. Ni les injonctions du gouvernement, ni les avertissements lancés aux propriétaires : le marché immobilier, du côté des nouvelles cités, devient de plus en plus prohibitif. En moyenne, la hausse du prix des appartements est de 20 % chaque année. La location d'un appartement moyen il y a cinq ans, au niveau des Hlm Grand Yoff a atteint aujourd'hui 100. 000 francs. Malick ,un jeune avocat de 28 ans, cherche un trois-pièces. Peu importe la taille, pourvu qu'il soit situé dans le quartier des Hlm Grand Yoff donc plus ou moins proche du centre-ville. Dans cette cité, le prix moyen de location des maisons sans étage dépasse les 150. 000 francs. Et pour un petit trois-pièces où tout est à refaire, cela varie entre 150. 000 francs à 200. 000 francs

Centre -ville, 200. 0000 francs par mois pour un studio

Les courtiers en ville tiennent tous le même discours : «C'est dingue, on n'a jamais vu un tel marché...» Où les prix de la location flambent vers le haut. Si bien que les rares appartements convenables s'arrachent. «Si quelque chose vous intéresse, ne prenez pas le temps de boire un café, donnez votre réponse immédiatement», raconte un agent. Et d'ajouter : « Un instant d'hésitation, et l'appartement ira à quelqu'un d'autre.» Le déséquilibre entre l'offre et la demande est tel qu'on voit de minuscules deux-pièces proposés entre 150. 000 et 200. 000 francs par mois en plein centre-ville. Pour augmenter le prix du loyer, certains propriétaires n'hésitent pas à « saucissonner » leur appartement, installant une cloison pour aménager une pièce ou deux pièces supplémentaires. Et maintenant, la tendance est que les propriétaires, en plus de la caution, réclament des bulletins de salaire afin de vérifier la solvabilité du locataire. Dont le salaire mensuel doit valoir au minimum la moitié du loyer mensuel. De plus, il a intérêt à se munir d'une caution solide. «Ce qui entraîne parfois certains candidats à prendre les devants et ils n'hésitent pas à proposer six mois d'avance en plus de la caution» dit ce courtier.