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DANS LES GARGOTES PENDANT LE RAMADAN : « Dieu n’est pas méchant… »

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DANS LES GARGOTES PENDANT LE RAMADAN : « Dieu n’est pas méchant… »

Ces femmes qui gagnent leur vie en tenant des gargotes ne doivent pas trop aimer le Ramadan. En effet, durant ce mois béni, les affaires de ces vendeuses de petits-déjeuners et déjeuners ne tournent pas comme il se doit. Toutefois, certains continuent de fréquenter ces lieux. Comptant sur la miséricorde de Dieu, ils évoquent des «maladies imaginaires» pour ne pas jeûner.

Le climat est chaud en cette période de l'année. Mais les Dakarois s'y sont habitués depuis longtemps. La chaleur devient de plus en plus accablante et on sue à flots à force de marcher. Chacun vaque à ces occupations. Sans s'occuper de l'autre. Au marché Castors, les femmes remplissent les lieux. Elles font leurs courses. Choux, carottes, navets entre autres légumes, poissons frais ou fumés, ces dames, vêtues en majeure partie de tenue traditionnelle font leurs courses. Elles marchandent, mais moins que d'habitude.

Dans la ruelle menant aux taxis, une tente est installée. Elle est faite de tissus et compte d'innombrables déchirures. À chaque extrémité de l'emplacement, deux bouts sont noués. Juste une ouverture donne sur le plein air. Elle sert de porte d'entrée et de sortie. Aux couleurs noir et bleu de nuit, ces pagnes sombres dissimulent difficilement les tâches huilées qui se laissent voir. Elles sont bien apparentes sur le tissu et semblent ne plus pouvoir s'enlever. À l'intérieur, une jeune fille, la vingtaine à peu près, range ses bagages. Ils sont composés de tasses, cuillères, cafetières entre autres ustensiles servant au petit-déjeuner. Sur la table devant laquelle elle se tient debout, des tablettes d'œufs sont exposées. À proximité d'elles, un petit bol de mayonnaise vide se signale. «J'ai moins de clients que d'habitude. Toutefois, tout ce que j'ai apporté ce matin, je l'ai vendu. Il faut reconnaître aussi que j'ai diminué ce que je prépare», souligne Fary. En cette période de Ramadan, cet élève en classe de troisième, vendeuse de petit-déjeuner à ses heures perdues, soutient qu'elle est obligée de faire à manger pour l'amener au marché chaque matin. D'après Fary, elle a été prévenue à l'avance par certains de ses clients qui lui ont fait savoir qu'ils ne jeûnent pas du tout. «Hommes et femmes viennent manger ici. Mais, ma clientèle est davantage composée d'hommes. Ils ont pour la plupart des dockers et ils ne peuvent pas jeûner.» La petite vendeuse précise que les rares femmes qui viennent acheter à manger pendant le Ramadan semblent plutôt éprouver de la gêne à s'asseoir. À en croire Fary, elles font du «à emporter». Elles ne restent pas sur place.

Aux allées menant vers Scat Urbam, une jeune dame gère sa petite affaire. Elle est spécialiste dans la vente de repas. Cependant, elle affirme qu'elle pense parfois arrêter de vendre du riz, pendant le Ramadan. Rares sont les clients et le marché devient coûteux. Préférant taire son nom, elle confie quand même que certains chauffeurs et apprentis commandent pour déguster leurs plats dans leurs voitures, même s'ils ne sont pas nombreux. Prendre place dans cet endroit n'est pas chose aisée. Car, seule une tente de couleur noire fait office de gargote. Les tissus qui l'entourent sont grandement déchirés de part et d'autre. Elle compte tout changer avant la fin du Ramadan.

A défaut de pouvoir s'autoproclamer chrétiens, sans vraiment l'être, inventer des maladies ou assumer le fait de ne pouvoir jeûner, certaines personnes préfèrent prendre comme prétexte la miséricorde du bon Dieu. Elles ne trouvent pas mieux et voient tout sous cet angle. Se comptant parmi les nombreuses gargotes alignées tout au long de la rue entre les deux terminus de Guédiawaye, celle-ci accueille une clientèle. Comme toutes les autres. Elle est de couleur noire et une femme assise à l'intérieur, entourée de bols et tasses nous reçoit avec courtoisie. À côté d'elle, trois garçons sont assis autour d'une table. À la question de savoir comment se portent les affaires en cette période de Ramadan, Mame Asta n'a pas besoin de répondre. C'est un homme, sourire aux lèvres, qui lui arrache ses mots et brandit une croix. Il joint l'acte à la parole en faisant comprendre que sa présence se justifie par son appartenance religieuse. Et un autre client de rétorquer : «Soxna ci, Dieu n'est pas méchant et l'enfer n'existe pas. Donc, ce n'est pas une obligation pour nous de jeûner.»

Aïssatou THIOYE & Oumou B. NIANG (Stagiaire)



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