Découpage de Mbane : Le conseil dissout maintient le bras de fer

Le M23 a tenu hier à Richard-Toll une marche pacifique.Une manière pour eux de s’ériger en bouclier contre les découpages administratifs.La mobilisation a été marquée par la présence de leaders tels que Dansokho, président d’honneur du Pit.Les marcheurs ont sollicité le départ de Aliou Sow et du sous-préfet de Mbane. 

(Correspondance) - Comme promis, le M23 a investi, hier, les rues de Richard-Toll. La marche, pacifique, a pris départ au campement de Rosso Sénégal. Cap sur la sous-préfecture, soit une distance de huit kilomètres. Président du conseil rural de Mbane avant le découpage, Aliou Diack se voit toujours à ce poste. ‘Nous continuons d’exercer notre mission’, a-t-il soutenu. Il a, par la suite, déclaré que les réunions concernant la gestion de leur collectivité locale se poursuivent. ‘Nous continuons d’exercer le droit que nous avons. Ce sont les populations qui nous ont élu pour une durée de 5 ans. Nous comptons rester pendant toute la durée de notre mandat. Nous avons introduit un recours à la Cour suprême, nous attendons sa décision’, ajoute l’ancien Pcr.

La marche est, pour lui, une manière de montrer leur désaccord face aux découpages administratifs dont ‘les décrets d’érection vont à l’encontre de la constitution de notre pays, du suffrage universel. Ces décrets ne peuvent pas continuer et (il faut) que ces procédures en cours soient abrogées’, a-t-il martelé.

La marche est ainsi initiée pour s’ériger en bouclier contre les découpages administratifs, notamment de Mbane. Pourtant, c’est la cité sucrière, à 35 kilomètres de Mbane, qui a abrité le mouvement de protestation. Pour Aliou Diack, ancien président du conseil rural de Mbane, le choix porté sur Richard-Toll s’explique par la présence en ce lieu de la sous-préfecture. ‘La sous-préfecture de Mbane se trouve à Richard-Toll, ce qui est un paradoxe. Depuis que Mbane est érigé en communauté rurale et chef-lieu d’arrondissement, personne n’a jamais voulu mettre les pieds là-bas. Tous les sous-préfets qui se sont succédé sont restés à Richard-Toll, ce qui est anormal’, s’est indigné Aliou Diack. Outre l’absence de sous-préfecture, Aliou Diack a dénoncé le défaut de brigade de gendarmerie dans cette zone ‘alors qu’il y a un grand problème d’insécurité entre les éleveurs et les agriculteurs’. Ainsi, demande-t-il plus de respect pour la sous-préfecture et l’arrondissement de Mbane.

Venu apporter son soutien à ce mouvement d’humeur, Oumar Guèye, ancien Pcr de Sangalkam a profondément blâmé les derniers découpages administratifs successifs des collectivités. Non sans soulever les répercussions qu’ils peuvent avoir sur le plan électoral. ‘Nous sommes à quelques mois des élections et il y a un risque certain que des centaines de milliers de personnes se retrouvent dans l’impossibilité de voter en 2012’. Une situation qui trouve origine, d’après lui, dans le fait qu’aucune disposition d’accompagnement, allant dans ce sens, n’est prise. ‘Comme il y a des découpages, il y a de nouvelles collectivités locales et aujourd’hui, aucune disposition n’est prise pour régler le cas de ces citoyens-là’, dit-il.

Omar Gueye et Cie comptent s’opposer, jusqu’à la dernière énergie, contre ‘ces découpages qui tendent à faire en sorte qu’on bafoue la légitimité des élus au niveau de ces collectivités locales pour les remplacer par des personnes nommées par arrêté’. Ainsi, dit-il, ‘nous avons mis sur pied une structure fédératrice de l’ensemble des collectivités locales touchées par les découpages qui se nomme Fipou (Front de lutte contre l’injustice des populations opprimées unies)’.

Pour Aliou Diack, la lutte va aller crescendo. ‘Nous avons d’autres stratégies. Nous ne sommes pas prêts à accepter cette décision arbitraire. Nous pensons que les gens sauront raison garder et qu’il n’y aura pas une effusion de sang comme à Sangalkam’, a-t-il révélé.

A l’issue de la marche, un mémorandum a été présenté au sous-préfet de Mbane. Sous-préfet dont le départ est sollicité par les marcheurs. Le ministre de la Décentralisation et des Collectivités locales, Aliou Sow n’a pas, non plus, échappé à cette requête.‘Nous avons demandé le limogeage de Aliou Sow’, a souligné Diack.