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DIATOU CISSE BADIANE SG DU SYNPICS « Le Synpics n’exclut aucune forme de lutte »

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DIATOU CISSE BADIANE SG DU SYNPICS « Le Synpics n’exclut aucune forme de lutte »
Dans cet entretien, le secrétaire général du syndicat national des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), Diatou Cissé Badiane, fustige le harcèlement dont les journalistes font de plus en plus l’objet. Elle n’exclut aucune forme de lutte. Même à descendre dans la rue si cela s’avère nécessaire. Sur l’aide à la presse, la patronne des journalistes trouve scandaleuse la polémique née autour de cet argent. Elle n’a pas manqué de dénoncer la « trop forte injonction du ministère dans l’aide à la presse ». Elle se prononce également sur la commission nationale de régulation de l’audiovisuel (Cnra) pour regretter la démarche d’exclusion des autorités dans la nomination des membres de cette instance de régulation.

Ces derniers temps nous assistons à une recrudescence du harcèlement des journalistes. Le dernier en date est la convocation de Assane Guèye, directeur des programmes de Rfm et de Léopold Tamba de la radio Walfadjiri, quelle est la position du Synpics sur ça ?

Je pense que le harcèlement des journalistes est en train devenir un phénomène récurrent. Le harcèlement, les intimidations, les menaces de toutes sortes commencent à s’opérer de plus en plus dans le pays. C’est quelque chose de récurrent. Il y a simplement des espèces de piques où il y a des moments c’est plus ou moins visible. C’est ce qui est arrivé dernièrement avec Assane Guèye et Léopold Tamba. Sous une autre forme aussi avec Cheikh Yérim Seck. Je pense que la liberté de presse est un acquis. Mais nous n’avons jamais perdu de vue que c’est un acquis très précaire. Par conséquent, il faut l’avoir constamment à l’œil et essayer de le renforcer autant que possible. Tous ces signaux-là (à quelque chose malheur est bon), cela nous permet de ne pas dormir sur nos lauriers. Quand nous voyions les autres journalistes de la sous-région, nous envier notre liberté de presse. Nous, nous savons que le contexte a beaucoup changé, que la liberté de presse est de plus en plus menacée. C’est ce qui a valu la déclaration que nous avons sortie la semaine dernière pour sonner l’alerte. Mais aussi pour rappeler aux uns et aux autres que les journalistes Sénégalais sont organisés et que nous n’entendons pas subir les intimidations et les menaces. Maintenant, je suis un peu triste. Je suis triste de constater que les menaces, les intimidations commencent à porter. Quand j’ai vu l’attitude des confrères qui, parce que la Dic leur a fait injonction de ne rien dire, n’ont pas pipé mot. Cela me fait peur. Parce que quelque part ce n’est pas une attitude de journalistes. Quand quelqu’un vous retient pour vous interviewer pendant quatre heures de temps sans rentrer dans les détails. Je pense que c’est votre liberté, votre droit de dire que j’ai été entendu sur telle ou telle chose. Je ne suis pas dans le secret des dieux. Est-ce que c’est le fruit d’une intimidation ? Est-ce que les gens sont en train de céder à la peur sans s’en rendre compte ? De toute façon je vais rencontrer les confrères en question pour qu’on en discute, mais par principe et par vocation, d’ores et déjà, nous lui témoignons toute notre solidarité. Nous leur disons que nous sommes derrière eux. Le contexte va être plus grave. Nous, dans un contexte pré-electoral et au vu de la détermination des différents protagonistes, je pense qu’il y a une agressivité dans l’air qui va s’installer. Et les journalistes feront l’objet d’enjeux plus marqués de la part de tous les acteurs qui interviennent dans le scrutin. C’est pourquoi nous voulons anticiper en négociation avec des partenaires pour reconduire le programme traditionnel du Synpics sur média et élections. Cette fois nous voulons élargir la discussion de telle sorte que tous les acteurs qui interviennent dans le jeu électoral puisse comprendre exactement quelle est la nature du travail du journaliste. Mais nous allons aussi dire à nos membres qu’ils n’ont pas à se substituer aux bureaux de vote, aux membres de la Cena. Qu’ils sont des journalistes qui font leur travail. On va essayer de voir comment aussi reconduire un dispositif d’alerte où nos militants peuvent nous saisir pendant le scrutin. Tout cela vise un objectif global dans un contexte de tension potentielle que sont les élections. Préserver non seulement l’intégrité physique et morale. Mais essayer de protéger leurs matériels. Parce qu’il est arrivé qu’on ait bousillé un appareil photo, une caméra. Qu’on ait déchiré le bloc- notes d’un reporter. En tout cas, nous sommes en train de réfléchir. Est-ce que les journalistes qui couvrent les élections vont être dotés de casquettes et de T-shirt de telle sorte qu’ils soient facilement repérables. La discussion continue. Mais nous comptons anticiper sur cela. Mais ce que nous pouvons vous dire, c’est que le Synpics sera en état d’alerte maximal pendant la période électorale et post-électorale pour protéger nos membres qui par leur profession sont quelque part partie prenante du scrutin.

Oui, mais beaucoup de confrères s’attendaient à ce qu’à votre arrivée à la tête du Synpics il y ait une rupture par rapport à ce « syndicalisme de communiqués », le « syndicalisme assis », devrais-je dire. Mais jusque-là on ne sent pas trop cela ?

Pour nous, la déclaration c’est déjà une rupture. Ceux qui lisent bien l’histoire du Synpics peuvent bien se dire que ces dix dernières années franchement, je ne me suis pas souvenue avoir lu une déclaration du Synpics. Au contraire, certains estiment que cette déclaration était assez raide et assez dure. Nous avons des échos de frères journalistes qui nous l’ont dit gentiment. Nous avons répondu que c’est fait à dessein. Parce que nous sommes en face d’une espèce d’escalade. Je pense qu’un syndicat a un mode de fonctionnement. Je pense que la formule des déclarations a plus d’impact. Avec cette déclaration, nous avons eu le soutien des journalistes du Congo, du Mali. L’important pour nous, c’est de prendre des positions. Nous avons décidé chaque fois que de besoin, nous allons analyser la situation nationale relativement à l’état de la liberté de la presse et à l’exercice du métier de journalistes pour nous faire entendre. Nous en sommes là. Je pense qu’un syndicat a plusieurs modes d’expression. La déclaration est un mode d’expression. La marche est un mode d’expression, la grève est un mode d’expression. Je pense que selon le contexte, nous prendrons la décision adéquate. Maintenant ce qui se passe, c’est que des confrères ont été embarqués manu militari comme de vulgaires malfrats, nous estimons que c’est une escalade, nous avons fait cette déclaration. Mais nous n’excluons aucune forme de lutte. Je pense simplement qu’un syndicat doit éviter le piège de ces formes de lutte. Pour me résumer, si les attentes exigent qu’on descende dans la rue quand la situation le nécessite, nous descendons dans la rue. Si la situation nécessite qu’on rencontre les acteurs d’en face, ne vous en faites pas, nous allons les rencontrer. Et sans état d’âme, nous nous ferons entendre et au besoin mettre la pression pour nous faire comprendre.

L’aide à la presse a fait couler beaucoup d’encre et de salive ces derniers temps, quelle votre position sur cette question ?

Avec l’aide à la presse, nous avons comme l’impression qu’elle a induit cette année beaucoup plus de polémique que les années précédentes. Je pense qu’il faut situer les responsabilités. Une loi a été votée à l’Assemblée nationale régissant cette aide à la presse. Nous n’ y étions pas. C’est notre confrère et grand frère Alpha Sall qui continuait les négociations. Mais nous avons pris le soin de nous informer. Ce qui s’est passé c’est que les différents acteurs impliqués ont pris la décision de ne pas respecter la loi. Mais de discuter entre eux pour trouver une clé de répartition. Si la loi est là il faut la respecter. Mais au Sénégal, nous avons la mauvaise manie d’essayer toujours de contourner les lois. Il y avait un piège qui était là. Il y avait également une sorte de jurisprudence en la matière. Parce que à chaque fois que le comité consultatif fixait une clé de répartition, les ministres l’avaient entérinée pratiquement d’office. Mais cette fois-ci, cela ne s’est pas passé ainsi. Le ministre aurait usé de son pouvoir pour revoir la clé de répartition. Tout ceci crée finalement beaucoup de bruit. Nous pensons qu’il faut que la loi soit respectée. Il y a quelqu’un qui m’a opposé l’argument selon lequel, si on respecte la loi, aucune entreprise de presse n’aura droit à l’aide à la presse. Mais tant pis. Une loi doit être appliquée et être utilisée comme moyen de pression pour que les gens s’y conforment au lieu de la contourner. Il y a une injonction trop forte du ministère dans cette histoire d’aide à la presse. Les patrons de presse aussi ont leur part de responsabilité. Ils ne devaient pas accepter de négocier. Ce n’est pas une affaire de partage, mais une affaire d’accéder à de l’argent public selon des critères clairement définis et votés à travers une une loi. Ils n’avaient pas à faire comme on dit du « wakhtan » (marchandage). Il fallait appliquer la loi. Le combat du Synpics est que la partie du fonds d’aide à la presse réservée à la formation professionnelle, nous intéresse en tant que syndicat mû par le renforcement de capacités de ses membres. Le fonds d’aide nous intéresse aussi en tant que moyen de préservation de l’outil de travail. Parce ça doit servir à renforcer les groupes de presse et rendre quelque part plus pérennes les emplois. De ce point de vue, cela nous intéresse. Mais nous sommes persuadés que cela reste un combat du patronat. Je ne comprends pas pourquoi les patrons de presse sont souvent dans les bureaux, semblent snober la question. Et on veut utiliser le Synpics pour monter au créneau et se battre aussi à la place des patrons de presse. Notre position est claire. Nous leur tendons la main en tant que patrons de presse. Le Synpics est prêt à se battre avec eux afin que dans cette histoire d’aide à la presse, force reste à la loi. Dans les critères d’octroi de l’aide. Mais aussi pour que cet argent parvienne effectivement aux rédactions. Il semble que des journalistes ont eu des velléités en disant que l’argent, on se le partage. Il ne s’agit pas de partager l’argent du contribuable Sénégalais. Il s’agit de renforcer les rédactions. De voir si on achète des équipements, si on achète une voiture de reportage, si on change les imprimantes. Je pense que le débat est à ce niveau. C’est là aussi, la responsabilité des patrons de presse et des journalistes dans cette aide à la presse.

Au niveau de la commission nationale de régulation de l’audiovisuel, apparemment le Synpics n’est pas d’accord avec la démarche ?

La Cnra est une entité ou une émanation de l’Etat, on peut dire que c’est son droit souverain. Du point de vue de la légalité, nous n’avons pas de problème. Mais en tant que Synpics, nous avons toujours eu une ligne. Celle que nous avions, c’est que c’est une instance de régulation et que par conséquent, il fallait ouvrir le maximum en concertation possible autour de cette institution. Nous pensons même que c’était utile par ce que cela va renforcer sa légitimité et son appropriation par les Sénégalais en général. Cela n’a pas été fait. Pour le mode de désignation aussi. Nous avions émis fortement des réserves. Quand les gens sont nommés par décret, pour nous quelque part, il se peut que cela joue sur la marge de manœuvre des uns et des autres. Notre problème fondamental est que cette instance est censée travailler sur les questions liées à l’éthique et à la déontologie des journalistes. Nous ne pouvons pas comprendre que dans une instance comme ça, le syndicat de la corporation ne puisse pas y être représenté. Nous estimons que nous y avons notre place. Nous sommes capables d’éclairer les décisions qui seront prises dans cette instance parce que nous sommes du métier. Nous sommes au fait de la déontologie et de l’éthique qui régit ce métier. On nous a superbement ignorés. Nous en prenons acte. Le Ben du Synpics n’a pas d’à priori. Nous faisons à ces hommes et à ces femmes qui siègent dans la Cnra, le crédit d’être des Sénégalais, des patriotes et des démocrates. Nous ne leur faisons aucun procès d’intention. Mais notre position est claire, nous ne sommes pas partie prenante, nous n’avons aucune obligation de solidarité avec les décisions qui seront émises par ses organes. Et nous nous donnons le temps et les moyens pour que de chaque fois que de besoin, nous attaquer ou nous opposer à des décisions et à des délibérations de la Cnra qui seraient incompatibles avec l’exercice de la profession au Sénégal, tel que défini par le respect de l’éthique et de la déontologie. Nous gardons notre liberté et notre marge de manœuvre, mais nous ne leur jetons pas la pierre.



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