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DOSSIER - PROMOTION DES MEDICAMENTS GENERIQUES : Les dangers des officines de la rue

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DOSSIER - PROMOTION DES MEDICAMENTS GENERIQUES : Les dangers des officines de la rue

Les professionnels des médicaments africains ont, une fois de plus, dénoncé la vente illicite des médicaments dans la rue. C’était lors du dîner-débat organisé par la direction de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna). Une rencontre qui a réuni fabriquants, prescripteurs, pharmaciens et contrôleurs de qualité ainsi que les membres de l’Association des centrales d’achat et de médicaments essentiels (Acame) autour d’un diagnostic sans complaisance du secteur.

Les investigations des professionnels ont surtout soulevé la question de l’assainissement du milieu et de la vente des médicaments minée par la contrefaçon et déstabilisée par les ventes opérées dans la rue. Ces pratiques menacent non seulement la santé des populations, mais entraînent également des pertes énormes pour les professionnels du médicament. Les acteurs ont surtout dénoncé le mutisme des dirigeants africains face à cette situation intenable que constitue la vente illicite de médicament. Dans son intervention au cours des débats, la directrice de la pharmacie nationale et des laboratoires du Niger a interpellé les Ministres de la santé africains pour les inviter à sensibiliser les chefs d’Etat et à coordonner leurs actions pour combattre cette pratique qui est un véritable problème de santé publique du continent.

Un autre cri du cœur a également été lancé par le Professeur Mamadou Badiane, ancien directeur de la pharmacie et des laboratoires au Sénégal. En suggérant aux Etats africains de disposer d’un laboratoire de contrôle moderne, il les a alertés sur les conséquences qu’entraîne l’utilisation des mauvais médicaments génériques de rue dont la vente est constatée à travers les artères, trottoirs, loumas, boutiques et les marchés publics. Face à ces risques, le professeur Badiane a révélé que les médicaments exposés au soleil et conservés au-delà d’une température de 25 à 28 ° ont le principe actif de la molécule dégradé. Non seulement ils ne soignent plus, mais ils deviennent toxiques. Pire, le produit toxique détruit les reins et les consommateurs des médicaments de qualités douteuses et périmés courent le risque d’une insuffisance rénale conduisant à des séances de hémodialyse.

En insistant sur l’ampleur de ces conséquences, le Pr Badiane explique que les personnes atteintes d’insuffisance rénale en traitement à vie, font jusqu’à trois séances d’hémodialyse par semaine à raison de 50 000 F chacune. Toujours selon le Pr Badiane, le paracétamol périmé étant parmi les médicaments les plus consommés ici, comme tous les tétracyclines périmés, sont des produits très dangereux pour la santé des populations.

D’autres problèmes ont été évoqués autour de la table. Il s’agit des difficultés rencontrées sur la distribution des médicaments, l’agressivité commerciale des paramédicaux vis-à-vis des pharmaciens, l’ampleur de la contrefaçon et leur impact sur la santé.

Dans le feu des interventions toutes pertinentes, le ministre de la Santé et de la Prévention Abdou Fall a levé un coin de voile quant à sa démarche pour apporter les solutions nécessaires à toutes les équations posées. Il a d’abord avoué combien il était frappé par l’état dégradé du système de santé quand il prenait en main la destinée de ce département. Ayant mené pendant un mois une enquête approfondie directement chez les populations, il a résumé les problèmes posés par l’accessibilité des structures de santé, la disponibilité du service et le coût de la prestation à portée de la bourse des malades.

Pour apporter les solutions à cette triple exigence, le ministre dira avoir engagé un dialogue franc avec les professionnels et mener avec eux les combats à bras le corps dans tous les domaines prioritaires. Contre la vente illicite des médicaments, il a rejoint la proposition du député Babacar Gaye vice-président de l’Assemblée nationale qui avait plaidé pour un renforcement de la répression contre les contrevenants.

Le Ministre s’est dit ensuite surpris d’apprendre les méfaits du paracétamol vicié par la vente dans la rue. C’est pourquoi il est nécessaire, dira-t-il, de protéger les populations contre ces médicaments qui tuent par une répression certes, mais aussi par une large sensibilisation en développant des stratégies de communication et d’information. Concernant les médicaments génériques dont la promotion est son objectif politique, le ministre a convié tous les partenaires de la santé à réussir le pari d’un plus large accès des populations.

Au premier rang de ces interlocuteurs avisés, le ministre a fait appel du pied aux anciens du corps médical qui peuvent donner des conseils et dont il faudra savoir recueillir et profiter de l’expérience.

Centrales d’Achat de Médicaments Essentiels

Auparavant, Pape Birame Ndiaye directeur de la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement avait introduit cette importante rencontre en la situant dans son contexte historique. En effet, dans le cadre de son plan d’actions, l’Association des directeurs généraux de Centrales d’Achat de Médicaments Essentiels (ACAME) regroupait les participants provenant de 13 pays en atelier régional de formation pour un renforcement de leurs capacités. Saisissant l’occasion que représente la réunion de ces professionnels du plus haut niveau, le directeur de la PNA a dégagé l’opportunité de dérouler un des volets principaux des médicaments que sont les génériques.

Associant l’utile à l’agréable, le dîner débat qui regroupe autour des directeurs de centrales d’achat tous les autres partenaires de la filière est un cadre idéal pour faire l’état des lieux de la problématique des médicaments génériques. Ainsi, selon M. Ndiaye tous les convives auraient à répondre aux questions cruciales posées par les pratiques qui entravent le bon développement du secteur. Il s’agit des difficultés d’approvisionnement liées à la position géographique ou de ressort juridique. En prenant l’exemple des lois et règlements ou des textes en vigueur, la distribution des médicaments revêt plusieurs aspects commerciaux et structurels.

Le directeur de la PNA, toujours en fouettant le sujet devant l’auditoire interpellée a évoqué les difficultés liées aux contraintes géophysiques dont les zones en conflit. Quant à l’utilisation des médicaments génériques, elle pose des questions allant de l’absence de plans de communication et de sensibilisation sur leur usage aux batailles commerciales que se livrent les laboratoires pour occuper le marché. Sans oublier les défauts de conditionnement hospitalier, l’agressivité des paramédicaux et le déficit de formation de la part des dispensateurs.

Ainsi bien campé, le sujet tous les segments du secteur des médicaments ici représentés ont apporté leur pierre dans l’édifice de la réflexion de ce soir prolongée par l’intérêt des acteurs présents.



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