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EXTRACTION DU SEL AU LAC RETBA : Ce n’est pas la vie en rose...

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EXTRACTION DU SEL AU LAC RETBA : Ce n’est pas la vie en rose...

A une quarantaine de kilomètres de la capitale, le lac Retba ou Lac rose est l’un des endroits les plus touristiques de la région de Dakar. Mais pour bon nombre des 3000 personnes qui y travaillent dans l’exploitation du sel, c’est le lieu de la trime. Sur le site, règne une savante hiérarchisation des tâches. Récit de tranches de vie de gens dont la précarité est le lot quotidien.

De l’or blanc au fond de l’eau

Un pecheur de Sel au lac Rose; Photo par Vincent FillonLa technique de récolte est en effet très rudimentaire. Une fois arrivé en profondeur dans le lac, le plongeur descend de sa pirogue avec un instrument appelé “ Djodj ”. C’est avec lui que la récolte se fait. La tête maintenue hors de l’eau, le récolteur plonge alors cet instrument pour casser les plaques de sel. “ La salinité est tellement forte qu’il est hors de question de mettre en contact les yeux avec l’eau ”, détaille Souleymane Diallo, un autre récolteur.

Il s’y ajoute de nombreux risques de blessure qui guettent les récolteurs. “ Le sang devient très fluide à cause du sel. Il faut, recommande le doyen Amadou Sow, éviter à tout prix d’avoir une blessure ouverte qui ferait couler alors le sang sans arrêt ”, avant d’ajouter “ il faut porter des chaussures fermées et de longues chaussettes ”.

Une fois les plaques cassées, le sel est recueilli grâce à un tamis et une pelle, avant d’être entassé dans la péniche compartimentée. Selon le degré de performance du récolteur, ce travail peut durer entre 3 et 5 heures. Il peut alors rejoindre le rivage avec sa cargaison qui avoisine 1,4 tonne.

De cette quantité récoltée, sont déduites quatre bassines de sel qui reviennent de droit au piroguier. Selon Boubacar, chaque voyage rapporte en moyenne 5000 Fcfa au récolteur, après déduction de la part versée au propriétaire de la barque.

Comme Boubacar et la plupart des travailleurs du Lac, Souleymane vient de Guinée. Soussous et Bambaras de Guinée constituent à plus de 80% la population d’ouvriers spécialisés dans la récolte du sel. Ils ont été autorisés à aménager dans les villages de paillotes sis face au lac où ils sont venus faire fortune, explique Madaour Kane, chef de village au site du Virage. Ce village fait de cases en paille a été victime, à deux reprises, d’incendie, dont un du fait d’un pyromane qui n’a jamais été arrêté.

Si toute personne qui le désire peut venir y travailler, sans aucune restriction, il y a cependant des conditions à respecter, des règles de vie. Alors que la présence des villages flottants peut laisser soupçonner un endroit malfamé, la réalité est tout autre. Il y règne une tranquillité rarement perturbée, selon le chef des lieux, Madaour Kane. Pas de prostitution, de jeux de hasards ou de bagarres tolérés. Tout individu mêlé à une querelle doit s’acquitter, sous risque d’expulsion, d’une amende de 3000 Fcfa, portée au double pour l’auteur des torts. Une discipline salutaire à la bonne marche du site du Lac rose où près de 3000 personnes cherchent leur gagne-pain quotidien.

Aux femmes, le déchargement de la récolte

Dechargement de sel au lac Rose: Photo par Vincent FillonTravaillant en association avec des hommes pelleteurs, rémunérés à 400 Fcfa, les femmes qui travaillent au lac rose sont appelées “ coxeurs ”. Leur métier n’a cependant rien à voir avec le métier de rabatteur dans les transports publics. Elles assurent le déchargement du sel de la barque, moyennant 600 Fcfa. Thioro Guèye, est l’une d’elles. Habitant le village de Niaga, elle dit du Lac rose, “ j’y suis née, j’y ai grandi, j’y travaille ”. Aux heures de fortune, elle peut rentrer avec 1800 Fcfa, c’est-à-dire les revenus du déchargement de trois barques. Mais cela est plutôt exceptionnel. “ C’est le maximum que je peux faire. Au-delà, c’est physiquement insoutenable ”, avoue cette femme débordante d’énergie et à l’accent lébou prononcé.

Par le passé, il est même arrivé de voir sur le lac des femmes aller récolter le sel, elles-mêmes. Cela n’est plus possible aujourd’hui. Elles ont été interdites de récolter le sel depuis que l’on a constaté que cette activité est trop dure pour elles et leur cause beaucoup de problèmes de santé. Toutefois, de l’avis de M. Maguette Ndiour, du Comité de gestion du Lac rose, ces risques d’hypertension ou d’avortement ne sont pas avérés. “ Certaines femmes travaillent jusqu’à la veille de leur accouchement ”, indique-t-il.

AMADOU, “ KOLOKOLOKAT ”, 34 ANS D’ACTIVITE : Un vieux routier au quotidien morose

56 hivernages et une vie d’ouvrier qui ne s’est pas encore achevée. Amadou Sow a foulé les rivages du Lac rose pour la première fois en 1973. L’exploitation du minerai blanc avait débuté quelques années auparavant après la découverte du sel dans ce cours d’eau que l’on appelait tout simplement le Lac Retba. Plus de trente ans après, il s’en souvient encore avec une minutieuse précision. “ J’étais là avec Libasse Mbaye, Seyni Dieng, Ousmane Kâ et Ablaye Faye. A l’époque, ajoute-t-il, il y avait une terrible sécheresse qui nous avait fait quitter notre village ”, raconte-t-il. Ce Peuhl, originaire du village de Guetta Ardo, dans la région de Louga, a ainsi cessé de suivre les troupeaux, bien malmenés par la sécheresse, pour se lancer dans la récolte du sel.

Tous les matins, quand il quitte son village de Démi Birame Ndao, sis non loin de là, sa vie recommence sur les rives de ce lac sans remous. Sa spécialité est le remplissage de sacs. “ Quand je suis arrivé ici en 1973, je récoltais le sel, comme la plupart des gens avec lesquels j’ai débuté. Aujourd’hui, je m’occupe de remplissage de sacs ”, explique-t-il.

Assis tranquillement non loin du rivage, en train d’attendre l’arrivée d’un négociant, sa journée de travail n’a pas encore débuté. Au Lac, Amadou est ce que l’on appelle un “ Kolokolokat ”. C’est ainsi qu’on y nomme les manœuvres chargés du remplissage. Moyennant 25 Fcfa, il fait passer le sel dans les sacs, une fois que les négociants se sont entendus avec les propriétaires des tas qui jonchent le sol. “ C’est un travail moins dur que la récolte que j’ai dû abandonner quand j’ai commencé à prendre de l’âge ”, explique Amadou. C’est aussi une activité moins rentable, reconnaît-il. “ En moyenne, je peux gagner 2500 Fcfa par jour ”. Une somme loin d’être ramassée pour cet ouvrier qui doit, pour l’obtenir, remplir pas moins de 100 sacs de 50 kilos.

Vêtu d’un polo bleu, grosses lunettes de soleil vissées à la face, seule une très légère blancheur de la barbe trahit le poids des ans chez cet homme d’un abord facile. Sans aucune couverture sociale, Amadou Sow ne pense pas encore arrêter son activité professionnelle, même s’il se rapproche aujourd’hui de la soixantaine. Physiquement, il donne tout l’air de bien tenir le coup. Il prétend même que l’activité physique sur le lac améliore la santé. “ Beaucoup de gens maladifs constatent que leur santé s’améliore ici ”, se réjouit le “ Kolokolokat ”.

A onze heures passées d’un quart, Amadou s’apprête à attaquer son premier tas de sel. Boubacar Diallo, lui, se prépare à retourner à la récolte. Solide gaillard d’une vingtaine d’années, il peut encore supporter la dureté de la tâche qui fit renoncer, Amadou Sow, il y a bien longtemps, à poursuivre une telle activité. La pénibilité du métier de laboureur de fond fait que peu de gens s’y éternisent. Une fois, un pactole engrangé, beaucoup cherchent à passer à une activité moins éprouvante. Ce n’est pas encore le cas de Boubacar qui vient de Guinée et habite le village flottant du site appelé Virage, faisant face au lac. “ C’est très dur comme boulot ”, avoue-t-il, “ mais je n’ai pas le choix ”, ajoute-t-il. “ Les jours où je me sens vraiment en forme, je peux récolter du sel jusqu’à trois fois. C’est le maximum. Il est presque impossible de faire plus ”, explique-t-il, malgré son physique d’éphèbe. “ Si on ne sait pas comment s’y prendre, cela peut faire très mal après deux ou trois rotations dans le lac ”, prévient Amadou Sow, fort de son expérience dans cette activité.

FATIMATA DIALLO, “ COXEUR ” : « Certains jours, je suis tellement crevée… »

Elle est loin d’être élancée de taille. Les bassines de sel qu’elle porte à longueur de journée et sous lesquels elle ploie, l’ont peut-être raccourcie davantage. Fatimata Diallo en rigolerait. D’une forte carrure, elle a le sourire en bandoulière et la bonne humeur imperturbable. Sa dent en or scintille quand son sourire se déclenche. La trime a marqué le corps de Fatimata. Elle n’a pas encore quarante ans, mais donne l’air d’en avoir nettement plus.

Venue, il y a bien longtemps de sa Guinée natale pour suivre son mari, cette femme Peulh est l’une des trimeuses qui peuplent le Lac rose, plus précisément au site du Virage. Rien vraiment ne vient bouleverser son généreux sourire. Même pas la dureté du labeur. Depuis qu’elle a abandonné son travail au marché Castors où elle était marchande de légumes, c’est sur ces lieux qu’elle trouve le cash qui, quotidiennement, fait tourner la marmite. Son mari, ouvrier agricole dans une ferme à Niaga, se débrouille comme il peut.

Vêtue d’un tee-shirt gris, le pagne noué au niveau des genoux, Fatimata est à la tâche. Elle ne sait pas rester toute une journée sans rien faire, même si tous les matins, elle se demande comment elle parvient à se tirer du lit, “ tant le corps me fait mal ”. “ Sauf le dimanche, je m’impose le repos ce jour-là ”, précise-t-elle, en agitant ses lunettes de soleil, indispensable outil pour se protéger des reflets du soleil sur les tas de sel. Quelquefois, la déconfiture qu’elle ressent est plus forte que tout. Fatimata n’a pas alors le choix. “ Je suis tellement crevée que je ne peux pas venir certains jours ”.

Quand le rendez-vous est respecté, sa journée commence vers 9 heures. “ Plus tôt j’arrive sur le site, mieux c’est pour moi ”, dit-elle. Sa fille aînée de vingt ans prend alors le relais à la maison où elle s’occupe de faire la cuisine.

En moyenne, ce sont deux pirogues que Fatimata décharge quotidiennement. Elle ne tient pas à faire plus. A raison de 600 Fcfa à chaque déchargement qui peut durer jusqu’à deux heures, elle gagne 1200 Fcfa à la fin de la journée. Sur sa tête, trône un tas de chiffons noués dans un foulard. C’est pour amortir le poids des bassines qu’elle porte. Quand une péniche est pleine, sa charge avoisine la tonne et demie. “ Le sel est lourd à transporter, en plus, il faut se déplacer dans l’eau pour atteindre la pirogue. C’est une vraie épreuve physique ”, soupire Fatimata, avec résignation.

Loin de s’attrister sur son sort, Fatimata avoue qu’elle gagne sa vie mieux depuis qu’elle est au Lac rose. “ C’est mieux qu’au marché Castors ”, dit-elle, un endroit où elle faisait un travail pourtant moins éprouvant physiquement, mais dans un environnement nettement plus bruyant.

Les revenus qu’elle tire de son boulot lui ont même permis de financer un voyage en Guinée pour aller voir sa mère auprès de qui elle a passé trois mois à Conakry.

Quant à son avenir, elle se garde de le prédire. Tout au plus, avance-t-elle son souhait d’arrêter un jour ce travail, vu sa pénibilité. “ Mais je ne sais pas si ma fille acceptera de me remplacer ici… ”.

Une hésitation qui en dit long sur sa dépendance de cette source de revenus.

Un business bien organisé

Avant de s’organiser, les exploitants de sel ont fait les frais de la malhonnêteté de nombre de commerçants. “ Certains partaient deux mois avec notre marchandise, avant de revenir nous payer. D’autres qui la prenaient à crédit pour aller la revendre dans les pays de la sous-région ne revenaient jamais s’acquitter de leurs dettes ”, se souvient Amadou Sow.

A l’époque, le sac de sel de 50 kilos était cédé aux commerçants 125 Fcfa en moyenne. “ En période de soudure, des commerçants parvenaient à casser les prix jusqu’à 35 Fcfa en plus du fait que certains parmi eux sont partis avec des millions de francs dus aux exploitants du lac ”, révèle Maguette Ndiour, secrétaire général du Comité de gestion, composé de 18 membres.

La particularité du commerce du sel est qu’il est destiné, pour l’essentiel, à l’exportation. Aujourd’hui encore, plus de 90% de la production du Lac rose est exportée vers des pays comme la Côte d’Ivoire, le Mali ou le Burkina Faso.

La prise de conscience a eu lieu au début des années 90. Aujourd’hui, non seulement le sac est vendu à 800 Fcfa, mais de telles pratiques véreuses sont quasiment impossibles. Depuis l’extraction jusqu’à la commercialisation, le comité veille sur tout. “ Le crédit a été banni ici et tout exploitant qui a une commande doit en avertir immédiatement le Comité de gestion qui avalise à son tour le contrat ”, explique son secrétaire général. Un prix plancher est fixé à 13.100 Fcfa la tonne et peut hausser jusqu’à 28 000 Fcfa à certains moments de l’année, selon Maguette Ndiour. Un prélèvement de 25 Fcfa est effectué sur chaque sac de 25 kilos. Il est à la charge du commerçant, appelé aussi fournisseur. Compte tenu du fait que ce sont, en moyenne, entre 280 et 300 tonnes de sel qui sont écoulées, sur le site du lac, en pleine période d’activité comme entre janvier et juin, de substantielles recettes tombent dans les caisses du comité de gestion. “ Cela nous permet de financer pas mal d’infrastructures à vocation sociale au profit des communautés rurales environnantes ”, indique Maguette.

Quand il a obtenu son baccalauréat en 1992, cet ancien élève du lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque n’a jamais pensé à mettre les pieds à l’université. “ Mon père venait d’aller à la retraite. J’avais des amis étudiants dont la situation me faisait peur. Je me suis dit qu’il me fallait immédiatement trouver une source de revenus et j’ai pensé au site du Lac rose où un de mes oncles travaillait déjà ”, raconte-t-il.

Après s’être essayé au métier d’antiquaire pendant deux ans, Maguette s’est lancé dans le business du sel, en 1994. “ J’ai tout fait ici. Du métier de “ Kolokolokat ” à celui de récolteur avant d’occuper les fonctions de secrétaire général du comité de gestion”. “ Je ne regrette pas le chemin que j’ai suivi ”, assure-t-il. Bigame et père de trois enfants, Maguette n’est pas loin d’assimiler le sel à de l’or blanc. En certains moments de l’année, le business peut s’avérer florissant. La morosité est de règle en d’autres. Il en a été ainsi au plus fort de la crise politico-militaire en Côte d’Ivoire. Habituellement, l’hivernage est la période des vaches maigres pour les travailleurs du lac. “ Ce sont les clients qui se font rares ”, souligne-t-il.

A un autre niveau, l’évacuation de la production est aussi source de difficultés pour les exploitants. La disponibilité des conteneurs, nécessaires à l’exportation par voie maritime, n’est pas toujours assurée. “ Seules deux compagnies maritimes de la place acceptent de convoyer le seul. Souvent, il faut attendre deux mois au port avant de voir sa marchandise prendre la mer ”, regrette Maguette.

Une ressource en péril ?

Avec une moyenne de 24 000 tonnes de sel extraits chaque année, le Lac rose est-il menacé de disparition à terme, comme le font craindre certains avis scientifiques ? “ C’est un faux problème. Nous qui allons dans le lac en savons quelque chose. Bien au contraire, l’extraction du sel fait régénérer le sol ”. Selon Maguette Ndiour, la couleur rose du lac qui a tendance à changer n’est pas due à la raréfaction du sel. “ C’est la forte pluviométrie qui fait que le lac est de moins en moins rose, comme lors du dernier hivernage ”, estime-t-il. Un avis partagé par les travailleurs interrogés sur le site. “ C’est également l’abondance de la pluviométrie qui fait que le sel ne se cristallise plus comme auparavant ”, explique Pape Koléré Guèye. “ Depuis vingt ans, jamais il n’y a eu autant d’eau qu’en 2005 ”, avance-t-il.

Cette abondance de la pluviométrie est aussi à l’origine du changement de couleur rose du lac qui vire de plus en plus à l’ocre, expliquent nos interlocuteurs.

Pour les récolteurs, c’est la tâche qui en est du coup plus facile. Au lieu des plaques de sel qui sont dures à décoller, le sel se présente sous une forme granuleuse au fond de l’eau. Cela a suscité beaucoup d’inquiétude chez les exploitants au début. Mais les analyses effectuées dans des laboratoires de la capitale ont démontré qu’en rien la qualité du sel n’avait changé.

Quatre jours après avoir été récolté, le sel stocké sur le rivage peut alors être tamisé pour enlever les éventuels détritus qui s’y mêlent. Il est aussi obligatoirement iodé sur place avant d’être conditionné dans les sacs prêts à la vente. Un taux de 80 à 90 ppm d’iode est exigé pour le sel vendu sur le marché local. Pour l’exportation, ce taux est de 100 ppm, “ de façon à permettre d’avoir un taux minimal de 80 à 90 ppm avec la déperdition causée par la durée du voyage ”, justifie Madaour Kane, le chef du village du site du Virage.

Afin de lutter contre le goitre, l’Unicef appuie les exploitants dans la perfection des techniques d’iodage du sel dont les conditions de réalisation ont été très sensiblement améliorées grâce à des machines installées sur place.

 



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