GENDARMERIE - Les femmes en bleu arrivent

Après la cérémonie de présentation du drapeau national mardi 7 janvier dernier à l’école militaire de Ouakam, la 39e promotion d’élèves gendarmes a été baptisé hier mercredi 17 janvier à la caserne Samba Diéri Diallo. Cette manifestation a été l’occasion pour le Général de division, Haut commandant de la justice militaire Abdoulaye Fall de dévoiler le nom de cette 39e promotion, ‘ Honneur aux anciens ».

Le baptême marque l’entrée des femmes dans la « prestigieuse » famille de la gendarmerie. Le Général Fall, d’affirmer qu’être gendarme impose à la fois un « savoir être » qui suppose un comportement, courtois, irréprochable, faire preuve de loyauté, de courage et d’esprit d’équipe, de sacrifice et de fermeté et un « savoir faire qui exige des qualités professionnelles affirmées. La promotion « Honneur aux anciens », la première entité à compter des filles dans ses rangs » constitue le premier laboratoire d’une intégration, que je veux réussie, des filles dans notre institution » a souhaité le général Fall. Pour cela, ces élèves doivent persévérer et occuper pleinement la place qui est désormais la leur dans le devenir de la gendarmerie avec l’aide et en s’inspirant des plus anciens et des plus vertueux qui ont marqué, depuis 1843, date de sa création, la gendarmerie sénégalaise. Ce qui fera de récipiendaires, des soldats de la loi à la fois craints, respectés et aimés. Selon le Haut commandant de la justice militaire, ces sous-officiers ont choisi un métier à la fois délicat et exigent. Il est délicat en ce sens qu’il offre des pouvoirs exorbitants notamment ceux d’user de la force pour maintenir l’ordre public, ou d’entraver la liberté d’aller et venir des personnes qui est pourtant consacrée par la constitution. L’exigence résulte du fait que «l’exercice de ces pouvoirs requiert des qualités exceptionnelles de droiture, de probité, de dévouement, de disponibilité et de compétence, chaque jour renouvelées» a-t-il indiqué. Toute fois, l’usage de ces droits ne doit se faire que dans le «strict respect des lois, des règlements, de l’éthique et de la déontologie qui régissent les gendarmes, bref, dans l’intérêt du service» a-t-il précisé.

Le Lieutenant Colonel Malick Niang, Commandant des écoles militaires a pour sa part confié aux jeunes recrus que le métier de gendarme impose « beaucoup de qualités dont le courage, le dévouement et la conscience professionnelle. Le courage est un acte de bravoure pour lequel on pousse l’action si nécessaire jusqu’au sacrifice suprême, celui de la mise au service de la République et de la nation. Le dévouement, caractérise l’abnégation, la loyauté et la fidélité que le subordonné doit à son Chef, à l’institution et aux lois de la République » a fait remarquer M. Niang. L’appropriation et l’assimilation de ces valeurs vont permettre à ces élèves hommes et femmes de relever le défi et d’être à la hauteur des énergies déployées pour leur formation. Cette promotion marque une ère nouvelle avec, désormais, le baptême des promotions dès la fin du premier trimestre de la formation, mais aussi et surtout l’intégration des femmes dans les rangs de la gendarmerie. Rappelons qu’ils sont 50 filles (toutes bachelières au minimum) sur 2700 candidates sélectionnées à la suite de plusieurs phases à travers des épreuves physiques et écrites, une visite médicale et des tests psychotechniques et un entretien, et 500 garçons.

Les filles se familiarisent avec le drapeau

Par ailleurs, le drapeau national avait été présenté à ces élèves sous-officiers femmes gendarmes avant-hier mardi 16 janvier à l’école militaire de Ouakam. Selon le Lieutenant Cheikh Diouf, commandant de la promotion, cet événement qui est le premier grand rendez-vous, la première grande apparition du soldat ‘ marque la fin d’une formation initiale du combattant. C’est l’occasion d’expliquer à ce dernier les symboles, les contextures, le sens du drapeau, afin qu’ils se l’approprient et l’assimilent tout comme les devises du pays (un Peuple, un But, une Foi), de l’armée (On nous tue, on ne nous déshonore pas) et, de leur école ». Ces filles rejoindront les garçons à Kaolack en 2008, après un an de formation, pour ne former qu’un seul groupe.

Pour, Me Ndèye Fatou Touré, vice-présidente de l’association des juristes Sénégalaises (Ajs), cette promotion est le résultat d’un « toilettage des textes avec comme cible particulièrement les dispositions légales qui instauraient une des rares discriminations textuelles de notre loi à l’égard des femmes. Nous estimons que la gendarmerie comme tous les autres corps militaires participent à une œuvre très élogieuse qui requiert une certaine force physique mais également beaucoup de tacts et d’intuitions ; ce dont regorge les femmes aussi pour participer à l’effort de sécurisation et de salut public qu’est l’œuvre de la gendarmerie ».