GREVE DES ENSEIGNANTS - PROBLEMES DE CORRECTION, ELEVES ET PARENTS DANS L’ANGOISSE : La mauvaise traversée du bac

PERTURBATION - L’angoisse des parents, le stress des élèves : La philosophie mère des inquiétudes

C’est le flou dans les centres d’examens où élèves, parents, professeurs et autorités cherchent à se comprendre sans arriver à dépasser la situation. Les émotions prennent souvent le dessus face à une crise qu’on a laissée pourrir depuis le début de l’année scolaire.

Au lycée Blaise Diagne comme dans bien d’autres centres d’examens, le mal est loin d’être conjuré. «Présentement, toutes les copies sont parties, mais cela va nous prendre énormément de temps. Je n’ai pas de correcteurs à ma disposition. Il faut que j’attende que mes collègues terminent pour qu’ils m’envoient les leurs, pour donner un coup de main. La philosophie est notre plus grande préoccupation parce qu’ils ont tous observé le mouvement. Les résultats vont tomber peut-être le vendredi ou même la semaine prochaine. Franchement, c’est le Bac le plus perturbé de ma carrière. C’est terrible.» Un aveu de M. Diop, le président du Jury 807 du lycée Blaise Diagne qui en dit long sur le désordre qui caractérise cette fin d’année scolaire.

A Maurice De LaFosse, c’est le branle bas au niveau des jurys. Même, Pape Bouna Ndiaye qui état venu rendre ses notes de Maths pour le compte du Jury 783 est obligé de rebrousser chemin. «Je suis venu pour rendre mes notes mais le président est parti. Ce n’est pas encore réglé», souffle-t-il. A côté des élèves, qui se lamentent, les professeurs qui ont boycotté les examens savourent encore leur victoire.

Elimane Bâ, professeur de Sciences physiques et M. Fall sont membres du Cusems, le syndicat qui a ordonné le mot d’ordre de boycott. «On l’a fait non pas pour sanctionner les élèves mais pour montrer notre détermination et engagement. Nous sommes satisfaits car le mot d’ordre a été largement suivi. Il faut attendre le mois d’octobre qui sera le tournant de la grève parce que les élèves ne savent pas s’ils vont passer ou redoubler. Aucun conseil des classes n’est tenu jusque-là. Nous les communiquons leurs notes, toutefois elles ne figurent pas dans les bulletins. Le problème restera toujours entier même s’ils arrivent à sauver le Bac.» M. Fall abonde dans le même sens : «La réussite du mouvement est totale. Les élèves vont certainement nous comprendre, mais il fallait le faire. L’autorité va changer sa position et sa vision pour rectifier le tir», espère-t-il.

Les parents d’élèves sont aussi courroucés par cette attitude. Mme Diallo en quête des nouvelles pour sa fille est catégorique : «Nous souffrons beaucoup. Ce sont des efforts de plusieurs années d’études qui sont en train d’être sacrifiés à cause des considérations financières. Je respecte leur position. Il faut qu’ils pensent aussi aux élèves qui sont pris au piége. C’est inadmissible, et intolérable de constater l’ampleur de la situation. Ma fille ne dort plus et reste clouée au lit durant toute la journée. Humainement, c’est insoutenable pour les enfants. »