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INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES : Atteintes de Sida, des filles témoignent à visage découvert

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INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES : Atteintes de Sida, des filles témoignent à visage découvert

« La stigmatisation est le mal le plus ressenti par les personnes vivant avec le VIH (PvVih) et celles qui développent la maladie ». C’est bien là une confidence de la Namibienne de 23 ans, Nélao Martin qui a accepté en compagnie de sa compatriote Alétha Jessica Kaposambo (28 ans) et de la Zambienne Ruth Nathasha (25 ans) de se confier et de discuter à visage découvert sur le Sida. Elles ont ainsi saisi l’occasion qui leur a été offerte pour faire un plaidoyer sur la nécessité pour les populations de briser le tabou sur cette pandémie et de prendre à bras le corps toutes les conséquences sociales et économiques induites par cette maladie.

Elles participent présentement au programme éducatif de quatre semaines à Dakar du 23 juin au 23 juillet 2006 organisé par l’Institut des Jeunes Africaines pour le Savoir et le Leadership (IJAL) à l’intention de 35 jeunes femmes d’Afrique et de la Diaspora africaine. Nélao Martin, Alétha Jessica Kaposambo et Ruth Nathasha, sans aucune gêne ont partagé avec nous et pour toutes ces personnes qui méconnaissent cette maladie leurs frayeurs et cette envie de vivre qui font d’elles aujourd’hui, des amazones dans cette bataille pour réduire la progression du Sida. Nous vous livrons en intégralité les différents témoignages de ces filles qui vivent depuis plus de trois semaines dans des familles sénégalaises et qui soulignent le niveau de stigmatisation énorme au Sénégal où, les personnes vivant avec le Vih tardent à vivre à visage découvert.

Ruth Natasia (veuve de 25 ans, nationalité Zambienne) : « L’erreur de ma vie »

Rechercher son statut sérologique puis en parler à visage découvert relève d’un acte de courage qui me semble indispensable pour lutter contre cette maladie. C’est parce qu’elle était prête à défier son mal qu’elle s’est armée de courage pour discuter de sa séropositivité avec sa famille et ses proches. Cela n’a pas été facile parce que dans la plupart des cas aussi bien dans le cadre du travail que de la famille, ils sont nombreux ceux-là qui ont été rejetés, qui par un père, qui par un frère ou une sœur, qui par un confident dans son lieu de travail. Pour moi, la seule stratégie qui vaille pour ces millions de personnes infectées par le virus du Sida est la lutte contre la stigmatisation. Dans ce cadre, le seul fait de rester dans l’anonymat en ne déclarant pas son statut constitue un obstacle dans cette lutte planétaire pour freiner la progression du Sida.

Dans mon pays, le taux de prévalence du Sida est très élevé. Il se situe aujourd’hui à 16 %. L’Etat Zambien applique aujourd’hui la gratuité de la prise en charge des malades. Néanmoins note-t-elle, ce sont les malades infectées du monde rural qui souffrent le plus, obligées qu’elles sont, de converger vers la capitale Lusaka et les grandes villes pour se faire traiter. Ruth Natasia a connu son statut sérologique en 2000 alors qu’elle attendait son premier fils. En Zambie, raconte-t-elle, il vous est proposé de faire un test de dépistage du VIH lors des consultations prénatales. Dans son cas, elle a préféré d’abord en discuter avec son mari avant de se livrer à ce test. Son mari comme certains hommes a très mal pris l’invite de sa femme et a menacé de divorcer si elle se livrait à ce test de dépistage. Malgré l’interdiction de son mari, qui avait en charge son épouse Ruth (orpheline de père et de mère) et ses deux jeunes frères, elle fit le test en cachette. C’est donc ce test qui a dévoilé son statut positif. Ce refus de Ruth de se conformer à la volonté de son mari s’avérera salutaire, puisque qu’elle a bénéficié du programme de transmission de la mère à l’enfant (PTME) qui lui a permis de sauver son garçon séronégatif et âgé aujourd’hui de quatre ans. Quant à son mari, il est décédé deux ans plus tard en 2004 des suites de la maladie du Sida.

Tirant les leçons de sa propre expérience, Ruth Natasia a demandé aux jeunes filles de faire très attention quant il s’agit de faire le choix d’un partenaire. Dans son cas en sa qualité d’orpheline de père et de mère, elle a décidé de choisir un bon parti pour entretenir ses frères. Le choix s’est avéré l’erreur de sa vie. « Cela m’a coûté très cher. Aujourd’hui, je suis devenue une veuve à l’âge de 22 ans et j’ai à ma charge un orphelin et deux jeunes frères », reconnaît-elle.

Ruth Natasia est aujourd’hui à Lusaka coordinatrice d’une Ong internationale qui intervient au niveau des communautés pour les questions d’éducation des jeunes. Pour elle, les personnes vivant avec le Vih (PvVih) sont les meilleures ambassadrices des communautés pour la lutte contre le Sida. « Nous sommes les seules à savoir ce que vivent les personnes infectées par le Sida et nous sommes les seules capables à faire changer la perception que les gens ont de personnes vivant avec le Vih et des malades du Sida », lance-t-elle. Avant d’appartenir à ce groupe des PvVih, j’avais une perception toute faite. « Les personnes affectées du Sida sont toutes des prostituées, des hommes et des femmes de mœurs légères ». « Aujourd’hui », poursuit-t-elle, « j’ai compris que j’étais dans une erreur manifeste. Le Vih est partout, dans les familles, dans le gouvernement, dans les mosquées, les églises, l’Assemblée nationale, dans les écoles, (…), etc ». Ruth admet qu’elle a une vie très décente et très rangée et cela ne l’a pas empêché d’être séropositive. Pour se prémunir contre ce mal, elle exhorte les jeunes à avoir des rapports sexuels protégés et d’avoir comme viatique dans toute relation, la fidélité. Outre la promotion du préservatif masculin et féminin, elle en appelle à l’élimination de la stigmatisation au sein des communautés. C’est la seule manière pense-t-elle de lutter efficacement contre cette maladie.

Nélao Martin (23 ans célibataire, nationalité Namibienne) : « Fière d’avoir dévoilé ma séropositivité »

Il aura fallu que son enfant soit admis à l’hôpital pour que la jeune lycéenne Nélao Martin soit poussée à se livrer au test de dépistage du Sida. Ce fut en 2000, elle n’avait que l’âge de 17 ans. Quand elle a découvert sa séropositivité, elle s’en est ouverte à sa famille auprès de laquelle elle a eu un gros soutien et un réconfort. D’ailleurs explique-t-elle, c’est sa mère qui s’est occupée de son enfant (aujourd’hui séropositif) pour qu’elle puisse poursuivre ses études. Nélao est aujourd’hui fait partie de ces femmes leaders dans cette bataille engagée contre la propagation du Vih. Elle est toute fière d’avoir dévoilé son statut sérologique à la face du monde puisqu’elle a pris part et elle a même prononcé des messages lors de plusieurs conférences pour plaider la cause de ses millions de personnes infectées par le virus du Sida. Cette force qui l’a poussée à être une militante de la lutte contre la propagation du Sida est née des conseils obtenus de la part de personnes influentes séropositives de la Namibie, avoue-t-elle, qui l’ont aidées à surmonter cette mauvaise passe et à repartir du bon pied pour mener la mission qu’elle exerce aujourd’hui au sein des organisations de la société civile.

Pour Nélao, les principales causes de la propagation du Sida surtout dans la tranche des jeunes de 15 à 25 ans sont à situer à plusieurs niveaux. D’abord le manque d’informations sur la maladie et les méthodes pour se prémunir de celle-ci. « Ma mère n’a jamais discuté avec moi sur la vie sexuelle et sur la nécessité de protéger des rapports sexuels. Pour les parents africains, parler à leurs enfants de leur vie sexuelle, c’est une manière de les encourager à avoir des rapports sexuels », affirme-t-elle. La pauvreté surtout du côté des filles demeure pour elle, une autre préoccupation. « De nos jours, les jeunes préfèrent entretenir des relations sexuelles avec des personnes adultes qui sont souvent infectées. Il en est de même de ces filles pauvres qui recherchent une protection familiale (mariage) auprès de personnes qui ont des ressources », argumente-t-elle.

Nélao Martin se propose de donner quatre attitudes qui aideraient les populations à mieux se prémunir et à se battre contre la propagation du Sida. D’abord, il faut selon elle apprendre à gérer les défis auxquels nous faisons face. Il s’agit aussi pour elle d’apprendre à faire face aux situations difficiles faites de tentations. « Dans certains cas d’espèce, il va falloir selon elle, faire le bon choix par la réflexion ou se confier à un proche plus expérimenté », avise-t-elle. Une autre attitude évoquée par Nélao concerne la lutte des jeunes pour le respect de leurs droits. Il s’agit selon elle de se battre pour être dans les centres de décision afin d’influer sur les décisions en faveur des jeunes. La dernière attitude à prendre est celle qui consiste à lutter pour que les Etats prennent des choix opportuns pour le développement de leur pays. Pour Nélao, on ne peut développer des programmes de lutte contre le Sida, sans que les jeunes qui sont les plus affectés par ce mal, ne fassent partie des centres de décision.

Ce qu’elle retient de ce séjour à Dakar, c’est bien le constat de la discrimination, l’isolement et la solitude que vivent les personnes vivant avec le Vih ; d’autre part la peur et l’ignorance du Vih au Sénégal. Pour Nélao, les PvVih du Sénégal ont une peur bleue de parler de leur situation à cause de la discrimination. Les modules suivis au cours de la formation vont permettre aux femmes leaders de faire mieux le plaidoyer en faveur des jeunes dans les grandes rencontres et surtout lors de la conférence prochaine d’août 2006 à Toronto au Canada.

Aletha Jessica Kaposambo (célibataire de 28 ans, nationalité namibienne)

« Je suis une miraculée pour mes médecins traitants »

Quand j’ai connu mon statut sérologique, je développais déjà le Sida notamment avec des maladies opportunistes comme la tuberculose, l’anémie et la syphilis. Cela s’est passé en 2003. Depuis que j’ai entamé le traitement sous antirétroviraux (ARV), les maladies opportunistes ont progressivement disparu. « Mais que de chemin parcouru et d’efforts sur moi-même endurés pour en arriver là », lachera-t-elle. Mes médecins traitants n’osaient pas miser sur mes chances de survie, tellement la maladie avait atteint un stade avancé en moi. D’ailleurs, avance-t-elle, « mon CD4 était à 0,3 ce qui suppose que mon système immunitaire était quasi inexistant ». Pour Alétha, ce qui l’a aidé dans ces moments était cette envie de vivre et le soutien de sa famille malgré le refus de son père de le laisser suivre ses traitements à domicile. Il aura fallu le soutien des deux femmes de son père, de ses frères et demi-frères pour faire la contre balance et pousser son père à revoir sa position. « J’ai refusé de me laisser mourir et durant plus de deux mois, j’allais quotidiennement à l’hôpital pour prendre mes comprimés (22) et mes injections afin de venir à bout de la tuberculose. J’ai cru en ma force de résistance », avoue-t-elle, avant de dire qu’elle était considérée par les médecins comme une miraculée.

Depuis cette étape assez délicate dans sa vie, ses relations avec son père se sont détériorées puisqu’il ne la parle plus. « J’ai choisi aujourd’hui d’être de ceux qui œuvrent pour la sensibilisation pour une meilleure prévention contre cette maladie », souligne-t-elle. En effet Aletha est coordinatrice dans une organisation qui œuvre dans la prévention du Vih Sida pour un pays où le taux de prévalence est de 22 %. « La meilleure attitude à prendre selon elle dans le cas de la prévention des jeunes contre le Vih est de ne faire confiance à personne », lance-t-elle. « Dans tous les cas », note-t-elle « il faut utiliser les préservatifs puisqu’il n’est écrit sur aucun front que telle ou telle autre personne est porteuse du virus du Sida ». Pour Alétha, les personnes vivant avec le Vih sont de loin les plus dangereuses. Que dire de la vie sexuelle des personnes vivant avec le Vih ? Pour Alétha, quand on connaît son statut sérologique, on doit être en mesure d’accepter son statut et tout ce que cela comporte comme privations et précautions à prendre. En ce qui concerne Alétha, elle a décidé d’être positif et de penser positif. « Nous sommes des personnes comme les autres et nous avons des besoins comme tout le monde. Nous avons une vie sexuelle protégée pour ne pas occasionner d’autres infections car nous savons ce que c’est d’être PvVih », lache-t-elle.

 



2 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:36 PM)
    --
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  2. Auteur

    Ff

    En Janvier, 2012 (08:01 AM)
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