La réserve foncière de Dakar épuisée par Wade et ses proches : la Mairie de Dakar case les ambulants sur son titre foncier, une leçon au président

« Chaque insuccès nous rend plus avisés », disait le premier président chinois. C’est ce que semble confirmer le maire socialiste Khalifa Sall, dont la formation politique a basculée dans l’opposition depuis 2000. Le Conseil municipal qu’il pilote a décidé de débourser près d’un milliard et demi pour caser les marchands ambulants. Une décision salutaire, qui doit faire réfléchir et inspirer le régime.

La mairie de Dakar, tombée entre les mains de l’opposition, il y a un an, dispose de 4,5 hectares au terrain Cerf-volant, autant que le néolibéral et hommes d’affaires Mbackyou Faye. Elle voulait y loger les marchands ambulants et avait entrepris les travaux nécessaires à cet effet, il y a près de deux mois. Mais le chantier sera arrêté par les autorités étatiques, parce que le régime libéral craint que cette mesure ne renforce le maire, politiquement : il est de l’opposition, dont il avait conduit la liste. Il ne cesse de multiplier des initiatives, que suivent et saluent les populations. Le président Wade s’est opposé au projet de la mairie, parce qu’encore, comme l’explique Khalifa Sall, ils veulent attribuer 7 hectares du site à Mbackyou Faye, auquel le chef de l’Etat a troqué des terres d’une valeur de cent milliards de nos francs, pour lui construire une statue de 14 milliards de francs Cfa.

Khalifa Sall en persuadant le Conseil municipal de Dakar de décaisser plus d’un milliard 450 millions de francs Cfa pour acquérir deux titres fonciers, au profit des marchands ambulants, donne une leçon aux libéraux. Car, les autorités se devaient d’acquérir des titres fonciers pour la construction d’espaces publics, conformément aux normes en matière d’urbanisme et d’aménagement. En lieu et place, elles ont bradé toutes les terres libres qu’elles ont trouvées à Dakar. Exception faite de la place de l’Indépendance et de la Cathédrale de Dakar, les maisons se succèdent de Anse Bernard aux Almadies. Les rares jardins publics qu’on trouve dans Dakar et sa banlieue datent de l’ancien régime. Hélas, une bonne partie d’entre eux ont été rongés par la boulimie foncière du régime, qui les a parcellisés. Même les mosquées n’échappent pas à leur appétit foncier. Les nouvelles autorités sont obnubilés par les immeubles, les centres commerciaux et hôtels, jusqu’à étouffer les Dakarois.

De leur fait, les populations qui vivent le long de la Corniche et des côtes n’ont plus de vue sur la mer. Des anomalies qui impactent, négativement, sur la santé physique et mentale de la population et sur l’environnement. Mais, le président Wade a choisi de ne laisser aucune terre libre. L’acte posé par le Conseil municipal de Dakar est l’équation qu’il ne pourra jamais résoudre. Car, les titres fonciers ne sont pas aliénables par l’État ; sans coup férir. C’est ce que sachant, le colonisateur français en a acheté un bon nombre à Dakar. Il était persuadé de conserver ses propriétés après l’indépendance du pays, quelque soit le régime en place. L’opposition a donné au régime libéral une leçon de gestion, qui pourrait bien lui profiter ; d’autant que les marchands ambulants ne quitteront pas le centre ville. Ils officieront à la rue Felix Éboué, sur 2905m2. Le début d’un commencement ? En tout cas, Khalifa Sall vient de frapper un retentissant coup politique