A mon cousin médecin basé en Belgique,
A travers les lignes qui suivent, je ne peux que te dire que je ne cesse de m’interroger sur l’avenir de notre pays. Depuis un certain temps, tout va à vau-l’eau au pays. Et le comble, c’est quand on constate qu’un secteur, aussi vital que celui de l’éducation pèche à cause de pas mal de failles. Si ce ne sont pas les longues grèves des enseignants, ce sont des candidats tricheurs aux examens qui sont pris la main dans le sac. Et en cherchant à analyser ces phénomènes, on a la désagréable surprise de tomber sur un autre : des enseignants, désignés pour les choix des sujets, qui ne se gênent point de soumettre ceux-ci aux candidats qu’ils encadrent dans des cours dits particuliers. Que vont dire de nous nos voisins ? Quelle attitude vont-ils afficher, nos principaux partenaires et bailleurs de fonds dans un secteur aussi sensible ? Que va-t-il advenir des diplômes scolaires délivrés par notre système éducatif ?
La longue grève des syndicats d’enseignants de l’année dernière avait fini de remettre en cause la crédibilité du Bac sénégalais. Puisque la qualité des corrections des copies a été contestée par les principaux acteurs du système éducatif (les enseignants). Ces derniers, malgré leur mouvement de grève, ne manquaient pas d’accorder une certaine attention à la qualité de la prestation des personnes sollicitées pour la correction des copies (enseignants à la retraite, vacataires et autres étudiants).
Les autres secteurs ne sortent pas, non plus, de l’auberge. Le monde rural continue toujours de pleurer. Parce qu’il se considère comme orphelin d’un certain mode de traitements et d’égards dont il jouissait de la part du régime socialiste. A force d’attendre longuement les premières précipitations tombées, mon cousin paysan avait fini par afficher son désespoir. Heureusement (ou malheureusement), le ciel… pardon, le pouvoir libéral a donné l’ordre d’ouvrir «ses» vannes par l’entremise de bawnane, ce programme des pluies provoquées mis en place grâce à la coopération avec le Maroc. Ces pluies, qui sont loin d’être spontanées, causent trop de dégâts aux populations. Même les autorités censées prendre les dispositions idoines pour éviter aux citoyens de subir les contrecoups de telles situations ne s’y sont pas prises, véritablement. Au contraire, elles ont opté pour l’accompagnement des catastrophes naturelles. Et, c’est au moment où l’irréparable va se produire, qu’on va faire porter la casquette de l’irresponsabilité et de l’imprévoyance à des… lampistes.
Le drame dans ce pays, c’est l’absence de prévision. Une donne qui est loin d’être un atout majeur de nos dirigeants, qui ne pensent qu’à bavarder. Toujours bavarder, encore bavarder et installer le pays, de manière permanente, dans une campagne électorale sans acteurs. Dans le sourire de nos autorités, se cachent des tueurs. Des tueurs d’un peuple dont on abuse de la naïveté et de la passivité.
Ce meurtre qu’on a fini de tramer se traduit par de la gabegie quotidienne à travers des travaux de «grande envergure», des réfections d’avion et bateau présidentiels à coup de centaines de millions voire même de milliards, des projets éléphantesques… qui ne transforment, en rien, le vécu quotidien des citoyens sénégalais. Drôle de pays, te dis-je, mon cher !
Mamadou Ticko DIATTA
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