Samedi 27 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Societe

Les élèves de l'élémentaire sacrifiés : Avec 230 heures perdues, les signes d'une année blanche se précisent

Single Post
Les élèves de l'élémentaire sacrifiés : Avec 230 heures perdues, les signes d'une année blanche se précisent
L’école s’embrase, des grèves cycliques à l’élémentaire, au secondaire et au supérieur perturbent l’année scolaire. Les syndicats des enseignants radicalisent leur position et multiplient débrayages et grèves. Depuis l’ouverture des classes, les étudiants de la Faculté de Lettres et Sciences humaines n’ont pas reçu plus de 45 jours de cours. A l’élémentaire, plus de 200 heures sont perdues. En cette période de l’année scolaire qui touche à sa fin avec le second semestre qui est en vue, tous les signes d’une année perdue, blanche, sont perceptibles.

De l’avis de Mamadou Diop ‘Castro’, secrétaire général de l’Union démocratique des enseignants du Sénégal, présidant une réunion de l’intersyndicale à Rufisque, ‘si une solution n’est pas vite trouvée, il y a fort à parier que nous allons droit vers une année blanche’. Gounia Niang de l’Union des enseignants du Sénégal (Ues) embouche la même trompette. Selon lui, il est fondamental de trouver des solutions pour que ce qui reste de cette année soit valide. Devant la gravité de la situation, l’Etat reste toujours sourd à l’appel des syndicats qui exigent l’ouverture sans délai de négociations. A tort ou à raison, l’Etat de son côté brandit les arguments d’une politisation des revendications de ces acteurs. Les conditions de travail restent précaires et l’enseignement malade. Pourtant l’heure est grave.

Au Sénégal, les acteurs de l’éducation avaient l’habitude d’effectuer un quantum horaire moyen de 700 heures. ‘L’année dernière, les élèves n’ont reçu à l’élémentaire et au secondaire en moyenne que 500 heures de travail en raison des fêtes et des grèves’. Les enseignants ne sont pas parvenus à achever les programmes d’études. Néanmoins, les autorités étatiques se glorifient d’avoir injecté 40 % du budget dans l’éducation et le répètent à satiété. Paradoxalement, ces efforts tardent à donner des résultats probants, ou du moins, à infléchir le rythme des grèves interminables. L’école sénégalaise ne parvient plus, depuis plusieurs années, à respecter le minimum qu’elle s’est fixé. Comparé aux pays développés, on se rend compte de l’impact des perturbations sur la qualité de l’enseignement. Ce qui fait du Sénégal le mauvais élève en quantum horaire.

Selon les données de l’Organisation de coopération et du développement économique (Ocde) dans ‘Regards sur l’éducation en 2006’, le Mexique est le premier sur le volume horaire des enseignements. Il a un quantum horaire de 800 heures en primaire et de 1 167 heures en secondaire. Toujours selon la même source, ‘au Mexique, l’année scolaire débute en septembre et s’achève en juin. Les cours commencent à 7 h et s’achèvent vers 14 h’. Devant une gestion judicieuse du temps, un tel résultat ne peut surprendre.

En France, à l’école maternelle et élémentaire, les écoliers suivent en moyenne 27 heures de cours par semaine. Les collégiens ont entre 25 et 28 heures de cours hebdomadaires. Au lycée, selon la série et les options choisies, l’enseignement oscille entre 30 et 40 heures par semaine. L’Uruguay, mauvais élève de la classe, vient avec 455 heures en élémentaires, un peu moins que chez nous. Le problème du quantum horaire a été évoqué par le ministre de l'Education au cours d’une rencontre sur l’école. Selon lui, le Sénégal n'est pas loin de la norme européenne. ‘Car, a-t-il dit, le quantum horaire du Sénégal est de 750 heures au moment où la norme en Europe est de 800 heures’. ‘On bloque sur des questions qui ne sont pas purement pédagogiques. Le volontaire sénégalais démarre plus qu'un titulaire de la sous-région’, a conclu Moustapha Sourang. Cette réponse du professeur Sourang ne colle pas avec la réalité sur le terrain aujourd’hui. Selon les estimations des techniciens de l’éducation, notamment du corps de contrôle, pour seulement sept mois de cours, l’école sénégalaise aurait perdu plus de 230 heures, que les enseignants ne pourront rattraper que par miracle.

Au Sénégal, l’année scolaire, qui démarre officiellement en octobre, n’est effective qu’en novembre et se termine difficilement en fin juin. Il faut donc soustraire les grèves cycliques et les fêtes interminables. Cette année, le mois de mars est catastrophique en raison des fêtes. La seule semaine de la tenue de l’Oci à Dakar, a coûté une semaine de vacances forcées aux élèves et étudiants. Face à ces perturbations de toutes natures, la situation de l’école sénégalaise semble être banalisée, mais laisse presque indifférent tout le monde. Les élèves de l’élémentaire de l’école publique n’ont étudié que deux jours au mois d’avril. Si rien n’est fait pour trouver une solution, la phase de non-retour sera bientôt atteinte.

Dans les autres ordres d'enseignement, notamment dans l'élémentaire et le moyen secondaire, l'effritement continu du quantum horaire, depuis l'avènement de l'alternance, suscite d'énormes inquiétudes. Car sur la moyenne des 900 heures requises annuellement, le système a accusé, selon des statistiques officielles, un déficit de l'ordre de 162 heures en 2007 et perdu 230 heures, pour seulement sept mois d’études. Et certains observateurs de se demander si, au rythme où vont les choses avec notamment les grèves perlées des enseignants, le déficit horaire ne risque pas de s'aggraver au point de compromettre la validité de l'année. Car depuis le début de l'année scolaire en cours, le système est confronté à de graves perturbations liées aux revendications des syndicats d'enseignants qui réclament des indemnités de recherche et de documentation (Ird).

L’Etat doit organiser ce secteur pour une solution définitive de tous les problèmes. Pour la validation de cette année scolaire, seul le pouvoir politique peut le décider. ’Aucune autre instance ne peut le décider’, souligne-t-on.

Crise scolaire et universitaire : A l’origine, la politisation des mouvements

La persistance de la crise de l’enseignement au Sénégal est surtout liée à la politisation des mouvements d’étudiants et des syndicats d’enseignants. La situation actuelle semble être le prolongement de l’année 1988 et celle invalide de 1994 où les observateurs ont vu des rapports très étroits entre acteurs politiques et syndicat d’enseignement.

L’université de Dakar a, pendant les années d’effervescence sociale, été le lieu par excellence, de la contestation politique. Durant ces années, la plupart des mouvements estudiantins et enseignants étaient implicitement affiliés à des partis politiques de l’opposition. Dans ce contexte, les revendications syndicales et corporatistes se muèrent en revendications démocratiques tout court. Aujourd’hui, la nouvelle reconfiguration de la scène politique n’est pas de nature à apaiser les contestations au sein de l’école.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email