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LES RELATIONS ENTRE EMPLOYÉES DE MAISON ET PATRONNES : Celle qui tient le bon bout fait des misères à l’autre

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LES RELATIONS ENTRE EMPLOYÉES DE MAISON ET PATRONNES : Celle qui tient le bon bout fait des misères à l’autre
« Les bonnes (employées de maison), c’est comme des médicaments qui atteignent la date d’expiration, il faut régulièrement les changer, sinon, elles deviennent néfastes pour la santé ». Ce commentaire de Mme Samb, femme au foyer, est partagé par beaucoup de patronnes qui en font voir de toutes les couleurs aux employées de maison : passer la nuit dans des toilettes inachevées, des couloirs, se retrouver sans un kopeck parce que la table basse du salon a été cassée lors du grand ménage, percevoir le tiers de son salaire à cause des trois kilos de viande qui ont cramé sur le feu… Ne bénéficiant pas du pouvoir de l’argent, les bonnes n’ont pas souvent l’occasion de faire endurer des souffrances à leurs patronnes. Mais quand elles s’y mettent, ce sont les bijoux en or, les habits de valeur, les vaisselles qui disparaissent… Un camion de déménagement devant la maison, Penda a littéralement vidé la maison de sa patronne, qui la retrouvera des années plus tard, le jour de son mariage, avec un collègue de son mari. Que le monde est petit !

La mère d’une célèbre chanteuse déleste sa bonne de ses 9.000 francs

Assises sur des nattes, des bancs publics, le rebord du trottoir, des chaises rafistolées, à même le sol… les groupes de filles, aux alentours du rond-point de Liberté 6, le regard mi-méfiant, mi-suppliant, guettent l’arrivée de « patrons » qui les tireraient de cet endroit trop exposé. Pas de caméra, ni d’enregistreur, refusent-elles. Aucun souci, « L’As » est un Quotidien, il n’y a plus qu’à se mettre à la bonne veille méthode du stylo et de la feuille ! Parler des misères que leur font subir les « patronnes » dans les maisons, il y a tellement à dire et à révéler que 24 heures ne suffiraient pas pour égrainer leurs calvaires. Un peu à l’écart des autres, A.B, la quarantaine, teint clair, en a certainement vu des vertes et des pas mûres, à en juger par ses mains calleuses, que son foulard de tête qu’elle manipule nerveusement, dissimule mal. « Vous tombez bien, je viens juste de chez la mère d’une très grande chanteuse, elle-même ancienne chanteuse, qui a retiré 9.000 francs sur mon salaire de 30.000 francs, parce que j’ai laissé cramer le dîner. Hier, mardi, la lingère était venue et a laissé du linge humide. Elle m’a demandé d’aller chez les voisins les étaler, parce qu’il n’y a pas de lignes à la maison, qui se situe à Liberté 5. J’y suis allé et au retour, la viande que j’avais mise sur le feu, pour le dîner, a cramé. Au moment de me remettre mon salaire, elle a retiré 9000 sur les 30.000 francs. Elle a dit avoir acheté le kilo à 3000 chez le boucher du coin. Je suis allée lui demander, il m’a dit lui avoir vendu le kilo à 2200 francs ». Hors d’elle, A.B est retournée voir la vieille dame pour lui dire ses quatre vérités. Finalement, F.K.M, la mère de la célèbre chanteuse C.G.S lui a donné 2500 francs. Sa voisine acquiesce et raconte son cas. « Le fils de ma patronne a fait tomber 6 assiettes alors que je venais de terminer la lessive. On m’a imputé la responsabilité et défalqué 6500 francs sur ma paie de 35.000 francs. Je suis partie le même jour ». Le rire que lance A.Diop, est loin d’être de joie. Au cours d’un « grand ménage », elle a cassé la table basse du salon. Ce mois, elle n’a pas perçu un kopeck. Son employeuse l’a chassée comme une malpropre en lui signifiant qu’elle peut s’estimer heureuse de ne pas se retrouver derrière les barreaux, parce que la table valait 65.000 francs. « Je m’en suis remise au Bon Dieu », dit-elle, sur un ton résigné. L’histoire de Ramatoulaye S, 25 ans, est plus pathétique. Embauchée dans le résidentiel quartier des Almadies, où ne crèchent que des nantis, elle se prépare, après une première journée de travail, à rejoindre sa chambre de bonne. Elle a eu un haut-le-cœur lorsqu’on lui a désigné à l’arrière-cour de la luxueuse demeure, des toilettes inachevées, avec une chaise turque. C’est là qu’elle devra passer la nuit. « Il était plus de 23 heures, j’avais froid et peur de sortir par crainte de me faire agresser. J’ai souffert le calvaire jusqu’au petit matin. Je suis allée voir le gardien qui m’a ouvert la porte et je me suis enfouie. J’étais si dégoûtée que je ne voulais même pas lui réclamer ma journée de travail. Mariée à un Européen, sa patronne pour moins de 24 heures, qui loge dans une chambre-salon, lui a dit le soir, qu’elle devra s’habiller et ranger ses effets dans la cuisine. « Elle m’a dit qu’il s’agissait d’un traitement de faveur, parce que celle qui m’a précédé a toujours dormi dans le couloir sans s’apitoyer sur son sort. Je devrais aussi attendre sur une chaise qu’elle finisse de regarder la télé, pour mettre une natte et me coucher ».

Un avocat et sa femme qui ne paient pas

La cicatrice d’un point de suture d’au moins 5 cm à l’avant-bras, Penda explique qu’elle s’est blessée, il y a un mois, en passant la serpillière. Sa patronne a casqué 22.000 francs Cfa pour les soins, qu’elle a intégralement retirés de son salaire de 40.000 francs. « Elle m’a dit d’arrêter pour me reposer, mais j’avais l’intention de m’en aller ». Awa se plaint particulièrement d’un avocat de grande renommée qui se croit tout permis et qui protège sa femme dans ses agissements. L’employée de maison n’ayant pas été payée avant d’être viré comme une malpropre, faisait le pied de grue devant leur maison. Un soir, le mari la trouve devant la porte et la bastonne. Bien sûr, Awa se range du côté de sa compagne d’infortune. Acte qui lui coûtera sa place. Comme pour les autres, le couple refuse de mettre la main dans la poche.

« yayou xaléhi »…

Tata Michelle Diallo, « yayou xaléhi » (la mère des enfants) comme l’appellent affectueusement les filles, sert d’intermédiaire entre bonnes et patronnes au rond-point de Liberté 6 depuis 1982. Ancienne bonne, elle réclame 2000 francs Cfa pour chaque employée de maison qui est sous sa responsabilité. « Je connais leur tuteur à Dakar et je garde la photocopie de leur carte d’identité ». Foulard rouge qui lui barre le front jusqu’aux sous-cils, lunettes D&G, elle se souvient amèrement du cas des 15 filles en conflit avec la famille de Youssou Ndour. « C’était un malentendu. Les filles ont passé 15 jours au camp pénal. J’ai presque vidé mon compte pour payer leurs avocats. Ici, on en voit de toutes les couleurs. Certaines sont là pour se prostituer, nous le savons parfaitement. D’autres n’ont comme seul objectif que de prendre dans leurs filets des hommes mariés. Il y a aussi des voleuses ». Celui qui leur donne le plus de soucis, en ce moment, est un vieux vicieux, domicilié à Ouest-Foire. Il se dit marié, mais personne n’a jamais vu son épouse. Pendant trois jours, il a séquestré une bonne chez lui et l’a violée à plusieurs reprises. Il a été emprisonné, libéré, mais il a récidivé. Il jette son dévolu sur les nouvelles qui ne savent pas ce qui se passe à Liberté 6 et profite de son absence et celle de Pa Samaké (l’intermédiaire le plus connu) pour choisir ses proies. Il y a aussi un Européen qui prend son pied chaque samedi en se masturbant devant la bonne… Les cas n’en finissent pas !

La bonne gare un camion et vide la maison

S’il est incontestable que les employées de maisons vivent le supplice dans certains foyers, il leur arrive de jouer des coups bas à leurs « tortionnaires ». Il leur arrive de prendre leurs cliques et leurs claques et disparaître sur la pointe des pieds, du jour au lendemain. Elles ruminent leur vengeance et ricanent, s’imaginant la tête de leur « bourreau » qui devra s’occuper des enfants, du mari, de la cuisine, du linge et se mordent la lèvre en se disant que c’est bien fait pour elles. Ne bénéficiant pas d’un pouvoir, elles prennent leur « revanche » en volant des bijoux des habits ou tissus de valeur, de la vaisselle... En 2005, N.K Guèye a été condamnée à 3 ans ferme pour le vol de bijoux estimé à 15 millions de francs Cfa. Et dire qu’elle n’a travaillé qu’une seule journée ! Devant la barre, la plaignante a failli inonder la salle d’audience de larmes, tellement elle n’en revenait pas, du comportement de son ex-bonne qui a dit, en la regardant dans le blanc des yeux, qu’elle ne l’a jamais vue. En mi-mai, deux employées de maison, qui travaillaient dans le même immeuble, ont été relaxées par le Tribunal Départemental pour vol. Les plaignants étaient une journaliste américaine et une Mauritanienne, voisine de palier. Rentrées de voyage, elles ont trouvé que tous leurs objets de valeurs avaient disparu, les portes des appartements entrouvertes. La perquisition du domicile de l’une des bonnes a permis de mettre la main sur elle. En effet, elle avait le double des clés. Le plus rocambolesque des cas est assurément celui de Penda, un nom d’emprunt. Travaillant pour la famille Diop depuis 5 ans, elle finit par maîtriser leur emploi du temps dans les moindres détails et cerner leur personnalité. Elle commence par monter la femme contre ses voisins immédiats, trop envieux de sa belle maison et qui passent du temps à casser du sucre sur son dos. Avec le temps, elle finit par obtenir l’effet escompté : la jeune femme gonflée à bloc, n’adresse plus la parole à personne dans le quartier. Le reste vient tout seul, le mari aussi suit les traces de la maîtresse de maison. Un jour, elle passe à l’acte et gare un camion de déménagement devant la maison en plein jour et emporte tout : chambre à coucher, gardes robes du couple, réfrigérateur, vaisselle, salon, télévision… Une voisine qui a vu le camion partir met sa fierté de côté et appelle le mari sur son portable. « Je sais que vous ne nous adressez plus la parole, ta femme et toi depuis des lustres, mais la moindre des choses, quand on part, est de dire au revoir ». Abasourdi, le voisin lui fait savoir qu’ils ne déménagent pas. La femme lui apprend que le camion de déménagement vient de partir. Il se précipite pour rentrer à la maison et n’y trouvera même pas un matelas ! Cinq années plus tard, un jeune militaire qui est sous sa responsabilité et avec qui il entretient des relations fraternelles, insiste pour l’inviter à son mariage à Tambacounda. Ce n’est pas la porte d’à côté mais il en parle à son épouse qui le convainc d’y aller et souhaite d’ailleurs l’accompagner. Ce que femme veut… Le premier détail qui trouble la femme à son arrivée au mariage, c’est que beaucoup de cousins, frères, voisins portent des habits qui ressemblent curieusement aux modèles et tissus de son époux, qui ont disparu le jour du fameux vol. La canicule est certainement en train de lui jouer un tour, conclut-elle. La mariée est au salon et c’est le collègue de son mari qui les accueille… avec son boubou ! Rentrée du salon avec tambour et fracas, l’heureuse élue sert la main à l’assistance. Ce n’est personne d’autre que leur ancienne bonne Penda. Dès qu’elle arrive à hauteur du couple, elle tombe dans les pompes. C’est à la base militaire, d’où elle rejoindra la gendarmerie, qu’elle a pris connaissance. Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent jamais !



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