D’un pas alerte, Alain s’engouffre dans le «couloir de la mort» pour se rendre à la Bibliothèque universitaire. Aux abords de la faculté des Lettres et Sciences humaines, pas d’âme qui vive. Devant la mine interloquée de son camarade face au vide qui les entoure, Lamine Sarr, étudiant au département espagnol, s’interroge. «Pourquoi ne décrèterait-on pas quelques jours fériés pour le Magal ? Ainsi les élèves et étudiants pourraient effectuer leur pèlerinage sans que le fonctionnement de l’université n’en soit perturbé».
Pour renforcer son argumentaire, Lamine Sarr d’ajouter : «De toute façon, les gens suspendent leurs activités à tous les niveaux à l’occasion du Magal. Même l’administration ne travaille pas. Dans ces conditions, mieux vaut déclarer férié le jour de l’événement.»
D’autant que pour rejoindre leur poste, les agents les plus assidus de l’administration de l’université bravent un véritable parcours du combattant. L’un d’entre eux, officiant à la faculté de Droit : «S’ils ne restent pas chez eux, faute de moyen de rejoindre leur lieu de travail, la plupart des travailleurs s’exposent aux bousculades au niveau arrêts de véhicules de transport en commun.»
Depuis trois semaines, les étudiants de la faculté des Sciences et Techniques sont en grève. Alors férié ou pas, pour le Magal, ils sont au chômage. Les étudiants en Médecine, pour leur part, sont en révision en vue des examens partiels qui approchent. Ils ont pris leurs quartiers dans le «bois sacré» ou à l’intérieur de l’amphi de l’Ucad II pour réviser leurs cours.
Heureux du calme régnant, certains d’entre eux n’en pensent pas moins qu’il urge de poser la question de l’opportunité ou pas de compter la date du Magal parmi les jours fériés.
Adama Diouf, étudiant en deuxième année de Médecine, est pour. Son argument tient à la nécessité de rendre honneur au fondateur du mouridisme. «Cheikh Ahmadou Bamba ne mérite-t-il pas deux jours de férié au regard de tout ce qu’il a fait pour l’Islam et pour la dignité de l’homme noir ? Certains pays ont leurs propres fêtes nationales. On doit pouvoir en faire autant pour le Saint homme. Il est temps de s’y pencher».
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