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[ Découverte ] Niarry Tally étouffe

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[ Découverte ] Niarry Tally étouffe

Le Ministère du tourisme du Sénégal devrait inscrire le quartier Niarry Tally, ses deux voies et son allée dans le circuit officiel touristique du pays de la Téranga. Tellement le dépaysement est assuré. Non seulement Niarry Tally fonctionne 24h/24 et 7j/7, mais aussi, le quartier, champion régional des « navétanes » 2007 étouffe parce que surpeuplé et envahi par ses voisins de la périphérie. L’ambiance à Niarry Tally, c’est comme qui dirait, un baptême d’un fils aîné. Tellement le « tohu-bohu » y est indescriptible. On y va. 

Quand on pénètre dans le populeux quartier de « Niarry Tally », on ne peut pas ne pas être impressionné par l’activité débordante de ces jeunes qui jouent au football dans le parc, les va et vient incessants des filles, le vacarme des véhicules, les marchands ambulants, les « Grand’s places » et les gargotes qui pullulent le long des allées « Cheikh Sidaty Aïdara » etc…..Assis face à la rue Bata ( Kognou Bata), des quinquagénaires devisent tranquillement entre eux. Interrogé sur la vie bouillante à Niarry Tally, Alassane Samba Dianor, Président du Réveil Islamique de Dakar, natif du quartier et résidant entre Guédiawaye et Liberté 2 renseigne qu’il est là tous les jours dans ce quartier qui fut créé en 1950 pour décongestionner le haut-Dakar. C’est pourquoi dira t-il, « il y a à Niarry Tally des parcelles entières à droite et des demi-parcelles à gauche », avant d’ajouter que « la plupart des gens qui vivent à Niarry Tally n’y sont pas des autochtones. Généralement les familles sont nombreuses et quand le père de famille décède, ses héritiers vendent la maison pour aller habiter ailleurs ». Est-ce la raison pour laquelle les « Saraxolé », les « Ndiagos » et les « Toucouleurs » sont majoritaires dans ce qui ressemble à beaucoup d’égards aux townships d’Afrique du Sud, des ghettos aux Etats-Unis, aux bidonvilles de France ou aux favelas du Brésil.

Surpeuplement et promiscuité

Ainsi, 80% des maisons au quartier Niarry Tally sont érigées en R+ et il est fréquent de voir une famille de 4 à 5 personnes vivre entre une chambre et un salon. Interpellé sur cette vie en promiscuité, Ndélla raconte que le soir, les garçons vont dormir chez leurs amis et les filles passent la nuit dans la cour, la véranda ou font une veillée devant la porte de la maison pour laisser aux petits enfants qui vont à l’école d’être dans les bras de Morphée. Comme ça au petit matin, nous prenons le relais ».

Ce qui rend ce surpeuplement étonnant et inquiétant, c’est que Niarry Tally est victime de sa position stratégique car étant à mi-chemin entre la ville et les autres quartiers. En plus, en l’absence de tout espace public, les habitants des autres quartiers comme Bene Tally, Cité Bissap, Taïba envahissent le pré-carré de Niarry Tally pour humer l’air et se retrouver sous les lampadaires à voir et à écouter le bruit de la ville. Au petit matin, le plus petit espace est âprement disputé entre vendeurs, restaurateurs, marchands-ambulants, piétons et cireurs et réparateurs de chaussures de tous genres. Là bas, à Niarry Tally, il ne se passe pas un week-end sans qu’une rue ne soit barrée pour cause de festivités. Et imaginez l’ambiance et le décor quand, sur trois rues successives, baptêmes, mariages et séances de tam tam (sabar) sont organisés à chaque coin de rue. A l’intérieur des allées, des mini mosquées, des gargotes et des voitures stationnées (vrai parc de fourrière) meublent les lieux. Au grand dam de l’environnement, de l’urbanisme et du cadre de vie. On urine n’importe où, on lave son linge dans l’espace public qui divise les deux voies de Niarry Tally et on les sèche en tirant des lignes entre les arbres.

Quant aux canalisations, il ne se passe pas une semaine sans que les eaux des fosses septiques ne ruissellent et ne dégagent une odeur pestilentielle. Sur ce point Gora Niang, un technicien de l’Office nationale de l’assainissement (Onas) renseigne que les égouts qui sont en crochet sont obsolètes et le système d’assainissement était fait pour une population déterminée qui a aujourd’hui quintuplé en l’espace de 5o ans.

Marché « Nguélaw », le clou d’un quartier populaire

L’ambiance atteint son paroxysme le soir vers 19h-20h de l’autre coté des deux voies c’est-à-dire au marché « Nguélaw », coïncidant avec le retour de travail de mes cousines sérères, employées de maison pour la plupart.

Qu’est-ce qui explique et que faire pour éviter la ruralisation de Niarry Tally ? Mamadou Sall, habitant le quartier depuis 1952 l’explique par le fait que les jeunes marchands-ambulants venus du Baol et les femmes sérères employées de maisons sont pour l’écrasante majorité des analphabètes. Et comme ils vivent en groupe, ils transposent leurs modes de vie au village qui est souvent à l’opposé de ceux des villes. Du coté des « incriminés » c’est-à-dire des marchands ambulants « baol-baol » et des domestiques sérères, ils estiment que leurs hôtes leurs refusent même l’accès aux toilettes pour uriner. Bamba, vendeur de lunettes au carrefour Jet d’eau estime que « les jeunes dakarois aiment la facilité. Comme nous faisons des bonnes affaires parce que plus courageux et plus entreprenants, les gens sont jaloux de notre réussite. Les dakarois nous taxent de tous les maux et croient que nous sommes responsables de la dégradation du cadre de vie ».

Pour venir à bout de cette « campagnardisation » de Niarry Tally, Matar Fall estime que la Division de l’Aménagement Urbain (Dau) de la ville de Dakar, à défaut de prendre ses responsabilités comme du temps de Mamadou Diop, ancien Maire de Dakar, doit confier la gestion de cet espace public à des privés. Car rappelle t-il, du temps du Maire socialiste Mamadou Diop, la gestion l’aménagement et l’entretien des allées de Niarry Tally étaient confiés à l’Asc qui porte le même nom. Aujourd’hui, avance le vieux Kémoko, joueur de damier, « cet espace aurait pu être aménagé de telle sorte qu’on aurait pu avoir des restaurants et buvettes à la terrasse pour préserver au moins la qualité de l’environnement ».

Des actions sont à rechercher et des initiatives à prendre de concert avec la Direction de l’Aménagement urbain (Dau) et la Direction du cadre de vie pour une gestion concertée de l’environnement profitable à tous.

 



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