Des représentants de 115 communautés s’étaient réunis à Niassène Diola pour faire une déclaration publique d’abandon de l’excision et des mariages précoces des filles devant des autorités religieuses, étatiques et des représentants d’Ong. Cependant, les exciseuses ont demandé une compensation financière qui va leur permettre de vivre.
Réunis un dimanche, pendant le mois décembre 2007, à Niassène Diola, à 70 km de Ziguinchor, des représentants de 115 communautés diola et mandingue des sous-préfectures de Sindian, Oulampane, Djibabouya et de Bounkiling ont pris l’engagement solennel d’abandonner la pratique de l’excision et des mariages précoces des filles. Devant plusieurs autorités, des exciseuses ont exprimé leurs regrets avant de demander pardon. «Je suis une exciseuse. Je pensais que l’excision était une bonne chose chez la femme. C’est la raison pour laquelle j’ai excisé plusieurs filles. Mais, je viens de me rendre compte que j’ai commis beaucoup de tort à ces dernières. J’ai décidé de garder loin mes couteaux. Je leur demande pardon», a déclaré Aïssatou Diédhiou, l’exciseuse de Niassène Diola. Même son de cloche chez Fanta Sané qui a avoué avoir circulé dans toutes les communautés de Bignona et de Sédhiou pour exciser des filles et même des femmes. «Certaines filles sont mortes après excision. Nous les avons enterrées dans le bois sacré. D’autres ont beaucoup souffert après l’opération. Elles ont eu après des difficultés pour accoucher. Mais grâce à la forte sensibilisation menée par l’Ong Tostan, nous avons réalisé que ces pratiques sont néfastes», affirme Fanta Sané qui demande une compensation financière pour que les exciseuses abandonnent, de façon définitive, ces vieilles pratiques.
Ndangui Diédhiou de Diafar Douma, un village situé dans la communauté rurale de Sansamba, témoigne que depuis sept ans, elle est payée 1 500 francs Cfa par fille pour exciser toutes les filles de sa localité. «Je croyais que je le faisais pour le bien des filles, car c’est notre coutume. Mais, je ne savais pas que je commettait du tord à ces filles. Je saisis cette occasion pour leur demander pardon.» Mais poursuit Ndangui Diédhiou, puisque les exciseuses ont décidé d’abandonner ces pratiques, il faut que l’Etat, l’Ong Tostan qui les a sensibilisées, les soutiennent financièrement. Car, dit-elle, toutes les exciseuses parviennent à nourrir leurs familles grâce à ces pratiques.
Pour Samba Ly, le sous-préfet de Djibabouya qui a présidé la cérémonie, la compensation financière est une demande tout à fait légitime. Mais du moment que c’est la communauté entière qui a décidé d’arrêter ces pratiques, une compensation financière n’a pas sa raison d’être. D’autant qu’à son avis, «ces pratiques néfastes ont créé trop de dégâts chez les femmes en matière de santé de la reproduction». Mais, dit-il, ces femmes peuvent solliciter l’Ong Tostan et l’Unicef pour une aide.
Khalilou Sy, le coordinateur national de Tostan, considère que l’engagement de ces communautés pour l’abandon de l’excision et les mariages précoces est une «décision historique qui vise le renforcement du mouvement national pour la promotion des droits humains au Sénégal, en Afrique et partout dans le monde». Il s’inscrit dans le cadre des initiatives communautaires nées d’un programme d’éducation de base de Tostan en partenariat avec l’Unicef, le gouvernement du Sénégal depuis 2004 et renforcé par des activités de sensibilisation et de mobilisation sociale.
Si l’on croit Bakary Tamba, le coordinateur de Tostan en Gambie, ce pays est, également, touché par ce fléau. Il a indiqué qu’il y est en train de sensibiliser les populations pour qu’un jour, elles fassent une déclaration publique d’abandon.
Pour rappel, la toute 1ère déclaration publique a eu lieu à Malicounda Bambara dans la région de Thiès en 1997. En Casamance, trois déclarations d’abandon de l’excision et des mariages forcés ont déjà été faites à Oulampane en 2001, à Marakisa en 2005 et à Sindian en mai 2007.
Selon le coordinateur régional de Ziguinchor, l’Ong Tostan compte ouvrir, en 2008, d’autres bureaux régionaux en Guinée-Bissau et au Mali pour élargir sa zone de sensibilisation.
3 Commentaires
Alinom Di Attihom
En Mars, 2013 (18:25 PM)Enracinement
En Mars, 2013 (21:35 PM)Auxjoolas
En Mars, 2013 (06:14 AM)Participer à la Discussion