Toute l’Université Cheikh Anta Diop est administrativement morte à cause de la grève de 72 heures du personnel admistratif et technique. Et, les conséquences, dejà, pressenties par les étudiants, s’avèrent préoccupantes devant les examens de fin d’année qui se profilent à l’horizon.
La grève de l’Intersyndicale ne pouvait engendrer des répercussions négatives au sein du temple du savoir. L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) s’est vu vidée de son personnel administratif et technique pour motif de grève, installant ainsi la psychose chez certains étudiants. A la veille des examens, dans certaines Facultés comme celle de Droit ou des Lettres, les étudiants ne savent plus à quel saint se vouer. «Je ne suis pas rassurée et, ça m’ennuie», martèle Christelle Kanfany, étudiante en deuxième année de Droit. «Il est trop difficile, à quelques jours des examens, de ne pas avoir de locaux pour les révisions, nous sommes obligés de nous promener pour réviser», poursuit-elle. Pire, précise-t-elle,: «Nos notes des premières évaluations ne sont pas affichées. Ce qui ne nous permet pas de nous situer avant d’affronter l’examen de fin d’année.»
Abondant dans le même sens, Michel Diamane Sarr, étudiant en quatrième année d’histoire, pense que cette grève peut compromettre l’année. Selon le jeune étudiant, les secrétariats et la bibliothèque sont fermés et les étudiants n’ont plus où réviser. Le seul lieu de recherches ouvert est la bibliothèque départementale parce que gérée par les étudiants. Sous une forte demande, l’accès n’est plus possible, au-delà de 9 heures. Car, à cette heure, cette bibliothèque refuse du monde. Les étudiants sont, vraiment, éprouvés par cette grève. Selon Michel Diamane Sarr, des étudiants confrontés à des problèmes de fiches pédagogiques demandent les services d’autres étudiants, alors que cette tâche ne relève pas de leur compétence. Ceci ressemble plus à de la déroute. Les étudiants ne savent pas trop quoi faire face à ce problème qui perturbe leur travail.
A vrai dire, les étudiants ne sont pas les seuls à souffrir, les professeurs sont aussi éprouvés et ne cachent pas leur peine. Selon Doudou Thiam, doyen de la Faculté de Médecine et de Pharmacie, «l’impact est terrible. Rien ne fonctionne : le secrétariat, le courrier, le standard, tout est fermé», tonne-t-il. D’ailleurs, il a travaillé sans secrétaire. Ce qu’il tient à préciser en ces termes : «Voilà, je suis tout seul.» Les seules activités qui fonctionnent dans cette Faculté de Médecine sont celles des thèses qui marchent grâce aux services des agents de sécurité, précise le doyen Thiam. Tout le système est paralysé, les résultats disponibles au niveau de cette Faculté ne peuvent pas être publiés. De même que l’application de la réforme du calendrier universitaire ne peut être effective, en raison de la grève.
Cette grève pousse même certains à s’emporter facilement, certes accablés par les tâches laissées par le personnel de l’administration. C’est le cas de Saliou Ndiaye, assesseur à l’Ucad, qui, interpellé sur la question, a tout simplement rétorqué ceci : «Les gens ont beaucoup de chose à faire et, vous nous interrogez sur la grève du personnel. Allez voir quelqu’un je n’ai pas de temps.»
Au rectorat, l’on est conscient de la perturbation des activités, mais on ne s’inquiète pas trop. Car, précise Alassane Cissé, la situation est tout à fait normale. A l’Office du Bac, on a recruté des agents pour permettre le bon déroulement des examens, révèle-t-il. En plus de cela, des négociations seront enclenchées pour les jours à venir, précise M. Cissé. D’ailleurs, selon le représentant du recteur, le Conseil restreint prendra des dispositions pour un bon déroulement des examens. Faisant état de la plate-forme revendicative de l’Intersyndicale, seule l’augmentation des salaires ne sera pas acceptée. Car, souligne Alassane Cissé, la situation budgétaire est difficile. Et, si le personnel administratif et technique tient à ce point, à quand la fin de la grève ?
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