Depuis le 1er du mois de janvier, plus de 3000 immigrants clandestins sont entrés en Espagne par la voie des paterres au peril de leur vie. Un chiffre alarmant qui ne laisse personne indifférent. L’immigration clandestine est de plus en plus préoccupante pour les espagnols. D’ailleurs, elle est passée de la quatrième á la deuxième place des préoccupations des espagnols selon un sondage du CIS (Centre d’investigations sociologiques) publié au mois de janvier.
Pas un jour ne passe sans que l’on montre á la televisión nationale espagnole ces embarcations de fortune venues practiquement toutes des côtes mauritaniennes avec parfois des centaines de subsahariens. Aux îles Canaries ces jours-ci c’est devenu infernal, car jamais l’île n’avait reçu autant d’immigrants, selon les autorités de la localité. Tous les centres d’accueil des immigrants sont submergés et les secouristes ne savent plus oú donner de la tête. Ils se disent débordés par ce flux incessant de personnes qui arrivent fatiguées, sans ressources et parfois gravement atteintes par l’hypothermie.
Des hommes jeunes et moins jeunes et parfois même des femmes font partie du lot. Des personnes qui réalisent le rêve de fouler le sol européen dans les pires conditions. Ils débarquent grelottants, les visages hâgards, les membres engourdis aprés avoir bravé mille et un dangers et dépensé beaucoup de sous . Eh oui, c’est un vrai négoce, ce trafic clandestin. Selon un des rescapés, il y a toute une chaîne derrière ce trafic.
Un miraculé raconte
Appelons le Bathie, il est sénégalais de 18 ans originaire de Kaolak, apprenti mécanicien de son état. Bathie a eu la chance de réaliser son rêve de venir en Europe dans l’espoir d’une vie meilleure, mais que de péripéties. Parti de son Ndangane natal après avoir ex pliqué á sa famille qu’il allait chercher fortune, il prit la direction de la Mauritanie. Arrivé sur place, le jeune garçon qui présente des prédispositions á dialoguer facilement , se lie d’amitié avec quelques passeurs et mûrit de plus en plus son plan de passer de l’autre côté. Travailleur, il fit des petits boulots au port, les oreilles bien ouvertes, et réussit á localiser rapidement le monsieur qui se chargeait de recruter les passeurs et aussi d’empocher l’argent.
La liste d’attente est longue, mais Bathie parvint á monter dans une barque au prix de 50.000 ouguillas, lá où les autres paient 100.000. Cette réduction, il le doit á sa perspicacité et au fait d’avoir découvert l’identité d’un des trafiquants. “Ces gens sont des suceurs de sang, ils sont impitoyables dans leur façon de tromper les immigrants. Ils sont tous des criminels, ils méritent la peine capitale.” Mais qui sont-ils? Des gens influents et parfois même respectables et respectés de tous de l’avis de Bathie qui ne nous en a pas dit plus.
Au coeur de la tempête
Et voilá notre protagoniste embarqué, le coeur plein d’espoir et les yeux brillants d’excitation. La barque á moteur d’une petite superficie supporte le poids d’une quarantaine de personnes dont 30 sénégalais 4 gambiens, 4 maliens et 2 guinéens désormais unis par un même destin. La barque vogue sur les eaux mauritaniennes des heures durant avant de s’engager sur la haute mer . Un voyage qui ne prend pas fin avant que tous ne se rendent compte qu’ils se sont perdus et que le carburant commence á faire défaut.
L’horreur, l’attente dans le noir et le froid en plus des flôts de plus en plus menaçants. Piégés au coeur de la tempête. “ Notre barque va se retourner plus de deux fois plongeant au fond de la mer toutes nos affaires. Le pire c’est de regarder ses compagnons de voyage périr dans des cris plaintifs sans pouvoir bouger le pouce. 13 Sènègalais, 4 Maliens et 2 Gambiens vont perdre la vie dans cette odyssée” Les survivants ne devront leur salut qu’á l’intervention de la Croix Rouge espagnole alertée par un bateau pêcheur.
Bath a le regard lointain , triste et la voix éteinte comme s’il ne pouvait plus jamais effacer ces images horribles. Et pourtant, il reste ferme, si c’était à refaire, il n´hésiterait pas une seconde. Il nous a d’ailleurs assuré que ses amis qui attendent leur tour en Mauritanie ne croient mot de son aventure. Selon lui, ces derniers regardant les reflets de lumiiéres sur la berge de la Mauritanie sont plus que jamais décidés á quitter la misére du pays de la Téranga pour d’autres cieux et particulièrement ceux d’Espagne.
Bathie ne retournera pas de sitôt au Senegal, il est déterminé á se faire une place au soleil en travaillant dans la contruction avec l’aide d’associations qui prennent en charge les mineurs. Mais, combien de Bathie n’ont pas eu cette chance et reposent au cimetière de “l’immigrant anonyme”.
La situation est grave, il urge que des solutions soient trouvés . Que font les autorités du sénégal et de la mauritanie pour arrêter ce trafic nuisible á l’image de ces pays? On est tous interpellés.
0 Commentaires
Participer à la Discussion