Malgré le mot d'ordre de boycott des épreuves de Travaux pratiques (Tp) lancé par les professeurs-examinateurs, les candidats des trois jurys (T1, T2, F6) du lycée technique d'industrie Maurice Delafosse répondent toujours présents dans l'espoir de se faire évaluer chaque jour, mais en vain. C'est ainsi qu'hier, ils étaient une centaine dans la cour de l'école. En petits groupes, les candidats n'avaient qu'un sujet de discussions à la bouche : ‘le boycott’ des examens par les professeurs qui réclament ici et maintenant le paiement de leurs avances de déplacement par la tutelle, en l'occurrence le ministère de l'Enseignement supérieur. Pour certains, ‘c'est normal’, pour d'autres, ‘ce n'est pas normal’. Toujours est-il qu'ils s'accordent à dire à qui veut les entendre que ’les candidats du bac général ne subiront pas leurs épreuves tant qu'ils n'ont pas terminé’. Certains parents d'élèves qui avaient menacé de manifester hier, ont finalement désisté.
Au lycée technique d'industrie Maurice Delafosse comme à Limamoulaye de Guédiawaye, à Cheikh Ahmadou Bamba de Diourbel, au lycée André Peytavin et au lycée minier de Kédougou, les examinateurs continuent unanimement de camper sur leurs positions. ‘Nous sommes dans notre droit. Nous réclamons le paiement de nos avances de déplacement. Mais on n'a pas d'interlocuteur depuis le jeudi 25 juin’, regrette Tamsir Niang, un professeur venu de Diourbel pour les besoins de la correction des épreuves au lycée Delafosse. Et de poursuivre en se demandant : ‘Quel est le fonctionnaire qui accepte de se déplacer d'une région à une autre le 20 du mois sans ses frais de déplacements ?’. ‘Pourtant, dit-il, nous l'avons accepté. Nous avons même commencé les épreuves. Si nous avons décidé d'arrêter les examens, c'est qu'on n’en peut plus’. Pour Idrissa Lèye, un professeur venu de Saint-Louis, ‘ce n'est pas une question de syndicat, mais c'est un problème d'argent spécifique à l'enseignement supérieur qui est négligé. C'est un manque de considération de l'enseignement technique’, fulmine-t-il.
Idrissa Lèye s'insurge également contre ‘le mode de paiement des épreuves de Travaux pratiques (Tp)’ qui demandent, d'après lui, quatre heures de surveillance par candidat pour diverses évaluations. C'est la raison pour laquelle, les examinateurs refusent d'être payés par candidat. ‘Nous ne pouvons pas être payés comme quelqu'un qui corrige chez lui soixante-dix copies. Il y a un mode de paiement spécifique à l'enseignement professionnel. C'est à ce barème-là que nous voulons être appliqué’, soutient-il. Et les examinateurs du lycée technique d'industrie Maurice Delafosse d'avertir à haute et intelligible voix que tant qu'ils n'ont pas vu la couleur de leurs avances de déplacement, les épreuves pratiques orales ne vont pas se poursuivre.
Accusés par certains parents de prendre en otage leurs enfants, les enseignants dégagent en touche. ‘C'est un faux-débat, car nous ne faisons que réclamer notre dû. Notre devoir pédagogique, nous l'avons rempli entièrement. Tout service mérite un salaire’, rétorquent-ils.
Ce qui risque de créer des chevauchements gros de perturbations avec le baccalauréat général qui démarre sur l'ensemble du territoire national le mercredi 1er juillet prochain. ‘Si rien n'est fait pour décanter la situation, cela risque de créer des perturbations avec le bac général. D'ailleurs, les élèves disent que tant qu'ils n'ont pas fini leurs épreuves, ils ne laisseront pas les autres faire leur examen’.
Le proviseur du lycée technique Maurice Delafosse, Babacar Wagane Faye, face à cette situation de blocage, reste perplexe quant au dénouement de cette crise. ‘S'il n'y a pas de solution, nous sommes obligés de repousser la durée de l'examen qui devait finir aujourd'hui (lundi, Ndlr). Cela risque de chevaucher avec le bac général. La conséquence, c'est que le bac va tirer en longueur. Et cela va augmenter la psychose des candidats’, constate-t-il. Selon le proviseur, si les examinateurs étaient du lycée Delafosse, ‘l'affaire serait pliée très vite’. Reste que, pour des questions d'objectivité dans la notation, les examinateurs de Dakar ont été envoyés dans les régions et vice-versa.
La tutelle a été saisie de l'affaire depuis le 25 juin dernier, date à laquelle les professeurs ont boudé les salles d'examen. Mais jusqu'à présent, rien. Pourtant, au lycée technique industrielle Delafosse où composent quelque deux cents candidats des séries T1, T2 et F6, le baccalauréat session 2009 avait débuté sous de bons auspices. Le seul hic étant cette fâcheuse histoire devenue récurrente de non-paiement des avances de déplacement. Pour tous les examinateurs du bac technique, l'enveloppe à débloquer se situerait entre 10 et 15 millions de francs Cfa, nous signale-t-on.
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