Chargé des cours au niveau des étudiants en 4ème année à la célèbre université de Médine, en Arabie Saoudite, le Pr. Aboubacar Sédikh Sarr fait la fierté du Sénégal voire de l’Afrique. Il vit en terre sainte depuis 1993 et profite des temps forts du pèlerinage pour encadrer des centaines (des milliers) de musulmans venus accomplir un des cinq piliers de l’Islam. Suivons son itinéraire.
Ce Sénégalais, dont la famille est établie à Diamaguène-Diacksao, dans la banlieue dakaroise, a étudié, tout jeune, le Coran dans un « daara » (école coranique) avant de poursuivre ses études en arabe au collège Al Fallah de Colobane. « C’est là-bas que j’ai fait tout mon cycle avant d’obtenir mon certificat puis le brevet et ensuite le Baccalauréat », se souvient-il.
Brillant élève, Aboubacar Sarr sera retenu pour une formation spéciale d’un mois à l’Institut islamique de Dakar où des Saoudiens offraient une session spéciale à des stagiaires après une sélection très rigoureuse avec les services du ministère de l’Education nationale du Sénégal. Il explique : « à la suite de notre formation, j’avais soumis un dossier à la partie saoudienne pour demander une bourse. Un an après, la réponse fut favorable. La nouvelle a été bien accueillie dans ma famille. J’en profite d’ailleurs pour remercier mes parents qui m’ont beaucoup soutenu pour mes cours à Al Fallah ».
Dès son arrivé en Arabie Saoudite, Boubacar Sarr entre en faculté, à Médine, pour les quatre années de licence. « Généralement, raconte-t-il, après la licence, l’étudiant est invité à rentrer au bercail ».
Grâce à ses performances, il a été retenu pour un diplôme de 3e cycle. « Après mon Dea écrit sur les lieux sacrés de l’Islam, mes professeurs ont demandé que je prépare le doctorat que je viens de soumettre au corps professoral », indique Aboubacar Sarr. Il compte parler dans sa thèse de « l’unité des musulmans » à qui il rappelle qu’il n’existe qu’un seul Dieu. « Nous devons éviter les divisions, dénoncer les guerres, car cela n’aboutit à rien », précise celui qui porte le nom d’un des compagnons du Prophète Mohamed (Psl et ses compagnons).
Sur l’intégration des Africains en terre sainte, Aboubacar Sédikh Sarr rappelle que l’Islam a bien dit que nous venons tous de Dieu. Marié à une sénégalaise et père de cinq enfants vivant avec lui à Médine, Aboubacar ambitionne de retourner au pays pour y mener de nouveaux projets dans les domaines de l’éducation et du développement à la base. « Je vis ici avec ma petite famille qui a eu l’occasion de se rendre au Sénégal pendant les grandes vacances pour connaître nos réalités », soutient-il. « J’ai beaucoup d’ambitions pour mon pays et ici, depuis bientôt six ans, je mène des activités, notamment pour soutenir notre consulat à Djeddah lorsque c’est nécessaire ».
En bons termes avec toute la communauté sénégalaise de Médine, il se comporte en « ambassadeur » en livrant toutes les informations utiles à nos compatriotes. Il n’hésite pas à aller à leur chevet lorsqu’une situation se présente ou de recourir au Consulat à Djeddah. Durant les deux mois du pèlerinage, Aboubacar a été l’un des guides africains les plus écoutés.
De 7 heures à 12 heures, chaque jour, à Médine, il est au cimetière de la place Ouhoud où sont enterrés les premiers résistants aux adversaires de l’Islam. Là, entouré des fidèles venus des quatre coins du monde, il explique toutes les grandes étapes de la vie du Prophète Mohamed (Psl) et les différentes batailles livrées par les musulmans face aux résistants. « Je donne toutes les informations pour un bon pèlerinage ou une bonne Oumra. C’est un travail continue qui m’est confié par les autorités de ce pays et que j’exerce avec quatre autres enseignants venus de la Sierra Leone, du Ghana, du Nigeria et du Togo », révèle Aboubacar Sarr. Dans sa formation, Aboubacar Sarr étudie la théologie et les missions islamiques et, aujourd’hui, il est membre de l’association des scientifiques en dogme et doctrine d’Arabie Saoudite avec un autre Sénégalais. Il s’agit d’un regroupement de 150 membres spécialistes dans divers domaines islamiques.
Sur le comportement de nos compatriotes, notre interlocuteur du jour, reconnaît que « les étudiants sénégalais » sont respectés et cités en exemple à Médine. « Pour vous le confirmer, les autorités m’ont envoyé à deux reprises en Angleterre pour y diriger des prières durant le mois béni du ramadan et un autre collègue envoyé en Allemagne ». Il pointe du doigt le diplôme de reconnaissance de ses mérites qui lui a été délivré après son séjour en Angleterre. « Après les événements du 11 septembre, souligne-t-il, beaucoup de choses ont changé. Les nombreux déplacements de mes collègues vers ces pays d’Europe ont beaucoup diminué ».
Fier d’être à l’université de Médine, Aboubacar Sarr indique qu’il n’est que le continuateur de l’œuvre des dignes Sénégalais et anciens étudiants comme Mohamed Lo, Dr Khadim Mbacké, Dr Dramé qui ont été ses devanciers. Tout en conservant sa culture sénégalaise, avec ses enfants autour du bol de riz, notre compatriote, qui a une quinzaine de diplômes en poche, compte continuer sa formation dans les grandes universités françaises.
Devant l’ordinateur, ce guide des pèlerins traduit le français et l’anglais quotidiennement pour des milliers d’étrangers en terre sainte avec une réputation d’homme très disponible.
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