Prévu hier, le procès en diffamation et injures publiques intenté par le directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) et des cadres de l’entreprise au journaliste Abdou Latif Coulibaly pour son livre « Lonase : chronique d’un pillage organisé », a été renvoyé à la date du 6 novembre prochain. Notons que notre confrère n’est pas le seul prévenu dans cette affaire à la démarche différente de celles dont nous avaient habitués les avocats sénégalais. Abdou Latif Coulibaly, nous explique maître Ciré Clédor Ly de la partie civile, est cité comme complice tandis que la maison d’édition La Sentinelle est attrait en qualité d’auteur principal, à côté de l’Agence de distribution de presse (Adp) et de l’Imprimerie Monteiro, qui sont co-auteurs, explique l’avocat. Donc, répondront à la barre Babacar Sall de la maison d’édition La Sentinelle, Marie Antoinette Monteiro pour l’Imprimerie Monteiro, Jacques Martinez de l’Adp et Abdou Latif Coulibaly, l’auteur du livre.
L’autre particularité de cette affaire réside dans les montants que s’apprêtent à réclamer les plaignants. A côté de Baïla Wane, on note comme parties civiles El Hadji Moustapha Diop, président du conseil d’administration de la Lonase, Serigne Ndiaye, conseiller spécial chargé des affaires techniques, Birane Ndao, conseiller spécial chargé de la coordination et du suivi, Michel Preira, directeur du marketing et de l’action commerciale, Leity Guèye, directeur de l’administration générale, Pape Badara Sylla, chef du centre médico-social, Pape Diallo Ndao, directeur du système d’information, Alioune Badara Diallo, directeur des ressources humaines, et enfin Mamadou Guèye, directeur financier et comptable par intérim. Ils invitent le tribunal à condamner les prévenus à payer solidairement à chacun d’eux la somme de 250 millions de francs Cfa, « à l’exception de la Lonase pour qui la somme de dix milliards de francs n’est pas exagérée », nous apprend-on.
Interpellé sur la procédure empruntée par la partie civile consistant à citer l’éditeur, l’imprimeur et le distributeur et à faire de l’auteur du livre un complice, maître Ciré Clédor Ly lance : « il faut arrêter de publier n’importe quoi. Il faut moraliser le secteur (de la publication, ndlr). Nous ne visons pas Latif, ce n’est pas lui qui nous intéresse ». Revenant sur les délits visés, l’avocat estime que les infractions ont été bien articulées et bien distinguées. Appréciant le livre, l’avocat déclare : « il y a des propos qui n’ont rien à voir dans une œuvre », dit-il en faisant référence aux passages jugés diffamatoires et injurieux.
Du côté de la défense, on ne semble pas être ébranlé par cette affaire. « La défense est prête et sortira ses arguments pour montrer qu’il n’y a pas eu d’infraction », lance maître Aly Fall à sa sortie de la salle d’audience après le renvoi de l’affaire. Le même esprit de quiétude habite maître Alassane Cissé qui s’est auto-constitué pour son « ami » Abdou Latif Coulibaly. Joint au téléphone, Me Cissé s’est dit disposé à « défendre la vérité ». Optimiste, il ajoute : « nous n’avons rien à craindre ».
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