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QUARTIER A LA UNE : Gorée, à la découverte de l’île mythique

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QUARTIER A LA UNE : Gorée, à la découverte de l’île mythique

Pendant trois siècles des millions de noirs de toute l’Afrique de l’Ouest ont quitté l’ile de Gorée pour l’Amérique et les Antilles. Ils furent chassés, torturés et arrachés de leur sol natal pour être vendus comme de vulgaires marchandises lors du commerce triangulaire. Aujourd’hui, l’ile de Gorée, très propre, est l’un des sites les plus visités par les touristes qui s’y rendent par dizaine et par jour. Avec la décentralisation de 1996, l’ile est devenue l’une des dix neuf communes d’arrondissement de la ville de Dakar et son Maire, maître Augustin Senghor, ne compte que sur de maigres moyens pour développer l’île. Car, la liaison maritime Dakar-Gorée ne verse aucun franc comme ristournes sur les billets vendus.


Elle est visible à travers beaucoup de plage de Dakar. Elle est l’une des iles les plus populaires au monde pour avoir vécu la déportation de milliers d’esclaves vers l’Europe et l’Amérique. Elle, c’est la mythique île de Gorée qui mouille aux larges de Dakar, à exactement 3,5 kilomètres dans l’océan.

Aujourd’hui, Gorée est classée patrimoine mondial de l’humanité depuis 1978 par l’Unesco, en accord avec les autorités du pays. La particularité de Gorée, c’est qu’aucune voiture n’y circule. L’île ne connaît ni embouteillages, ni coups de klaxons rageurs, encore moins de pollution atmosphérique du fait des gaz qui partent des pots d’échappement.

L’île est magnifique avec ses maisons de type coloniale qui remontent pour la majorité au 18ème siècle. Dans un style architectural assez harmonieux, Gorée offre aux visiteurs, des rues étroites colorées par les bougainvillées avec des façades de maisons aux coloris diversifiés : ocre, rose, jaune qui encadrent des volets bleus. L’île fut découverte en 1444 par les Portugais, et en 1588 les Hollandais l’occupent et la baptisent "Goede Reede "(bonne rade). Les Français prennent à leur tour l’île en 1677, et lui donnent le nom de Gorée.

Son statut et sa richesse culturelle et historique font d’elle, la vitrine du Sénégal. C’est pourquoi, beaucoup de personnalités qui viennent au Sénégal et tous les hôtes de marque de l’Etat la visitent.

Avec son beau paysage aux grands arbres, Gorée est l’une des dix neuf communes d’arrondissement de la ville de Dakar. Trois kilomètres et demi séparent Gorée de Dakar où partent des milliers de visiteurs par mois pour l’île.

Avec une superficie de 27 hectares, sa population est de deux mille âmes. « Même les sénégalais ont toujours envie de visiter l’ile », explique lentement Lamine Gueye, agent dans l’administration communale et ancien membre du conseil municipal. Les ethnies les plus représentatives dans l’ile sont les Hall Pulars et les sérères dont le Maire, Maitre Augustin Senghor par ailleurs, Président de la Fédération sénégalaise de football est membre. L’accès à l’ile de Gorée n’est possible que grâce à la chaloupe qui fait la navette et qui la relie au continent.

Les premiers habitants sont les familles Huchard, Marshal et Dupont. Mais sur cette ile, les musulmans sont plus nombreux.

La chaloupe assure la navette

A l’embarcadère de Dakar, pendant les vacances, c’est la grande affluence. La longue file d’attente devant le guichet montre tout l’intérêt que portent les Sénégalais à cette ile. Pourtant, ce ne sont pas les habitants de l’île qui empruntent la chaloupe tous les jours. « Ils sont minimes par rapport aux visiteurs », s’écrit un garde sous le couvert de l’anonymat. En effet, les résidents et gérants de boutiques comme d’hôtels se bousculent pour faire monter leurs marchandises qu’ils achètent à Dakar. Dans ces colis on retrouvent de la boisson, des bonbonnes de gaz, des sacs de riz, des pots de tomate, des bouteilles d’huile, du sucre, du lait, du café etc.

« Quotidiennement, les touristes viennent par dizaine et sont plus nombreux encore quand la saison touristique est ouverte », précise ce gérant d’hôtel sur la plage. Sur place, des touristes français sont à table et semblent être satisfaits de l’accueil des gérants de l’hôtel et des Sénégalais en général.

Les élèves aussi veulent se rendre dans l’île « histoire de terminer l’année en beauté après neuf mois de cours », révèle une jeune fille qui vient d’obtenir son Brevet de fin d’études moyennes (Bfem). « Les autres élèves sont venus avant nous parce qu’ils ne sont pas en classe d’examen », poursuit- elle, contente d’être en compagnie de ses camardes de classe. Les vacanciers aussi, venus des pays africains ou européens, sont de la partie. En tout cas, chacun veut voir la ville de "Coumba Castel" du nom de son génie protecteur. Avec une capacité de trois cents cinquante personnes, les deux chaloupes qui assurent la navette sont pleines à craquer les jours ouvrables comme les jours fériés. En tout cas ce samedi, jour de notre visite, la chaloupe n’a pas eu de répit. Elle a continué sa rotation même aux heures de pause.

A la plage comme à Copacabana

La plage de l’île de Gorée est très prisée parce que « les visiteurs ont la possibilité de se rendre à la maison des esclaves et en même temps de profiter de la mer », s’emploie à dire Solange, venue avec sa sœur et sa fille de onze ans. A la plage de l’île c’est comme à Copacabana car des couples se forment à tout bord. « Ils viennent en couple ou en groupe selon les circonstances et parfois même c’est la baignade nocturne » confie le garde de la chaloupe. En effet, le long de la plage est bordé de restaurants (plus d’une dizaine) avec différents menus proposés.

A midi déjà, toutes les tentes érigées au bord de la mer, sont occupées qui par des jeunes, qui par des familles. Les nombreuses couleurs de bikini rivalisent au bord de la mer. Marcher dans les rues de l’île avec un slip est interdit même si certains violent les lois. Le Maire, Me Augustin Senghor explique « cette décision est antérieure à mon mandat », lance – t- il.

Des infrastructures pour mieux servir

Cette équipe municipale est aux commandes depuis 2002 sous la bannière de "Jokko defar Gorée". Selon Tidjane Camara, le directeur de cabinet du maire, ce qui a motivé cette liste « c’est que la majeure partie des gens qui formaient cette liste étaient actifs dans des associations et se sont dit qu’il fallait qu’ils prennent leur destin en main en tenant la municipalité. Cette liste a été parrainée par les écologistes ». Ce qu’ils ont réussi à faire. Dans le conseil municipal, c’est la parité qui est de mise car sur les 26 conseillers, les treize sont des femmes. « C’est du fithty - fithty » assure Lamine Gueye. La gestion démocratique et transparente est très rigoureuse. D’ailleurs c’est une quarantaine d’associations qui est impliquée dans la vie de l’ile. Selon Lamine Gueye, « la mairie est gérée comme une association. Ce sont les populations qui dictent la conduite ».

Les infrastructures de l’ile sont entre autre une école primaire, une police, une église une mosquée, un poste de santé, le palais du Gouverneur sur la place publique.

Mais Gorée c’est aussi la maison d’éducation Mariama Bâ du nom de l’auteur du célèbre roman "Une si longue lettre" qui a vu d’éminentes personnalités sortir de cet établissement.

Le seul poste de santé de l’ile est équipé. Il est pourvu de salle d’accouchement, salle de soins avec une infirmière chef de poste résident. Le poste de santé a aussi sa pharmacie où les patients peuvent se ravitailler en médicaments génériques. Dans ce poste, les travailleurs peuvent se dire qu’ils ne sont pas assez débordés car les patients viennent à l’image de la population qui est loin d’être nombreuse.

La maison des esclaves

Parler de Gorée en faisant abstraction de la Maison des esclaves, serait un crime de lèse – majesté. La maison des esclaves est le lieu le plus connu de l’ile. Un lieu mythique visité par des milliers de touristes par an. C’est dans cette maison que transitaient les esclaves avant le grand voyage vers les plantations de canne à sucre d’Amérique. La traite négrière a débuté en Afrique en 1441, quand les Portugais commencèrent à vendre en Europe des Africains comme esclaves. Puis pendant quatre siècles le commerce triangulaire a déporté 15 à 20 millions d’Africains vers les Amériques. Les bateaux partaient du Portugal, de France, de Hollande et d’Angleterre chargés de "pacotille", tissus, barres de fer, armes, munitions, alcool, verroterie …

En Afrique, la "pacotille" était échangée contre des esclaves, revendus ensuite en Amérique et aux Antilles pour travailler dans les plantations de canne à sucre, de coton et de café. Les bateaux négriers rapportaient ces produits en Europe au terme de leur fructueux voyage ...

Le mouvement abolitionniste s’imposa au 19ème siècle. La traite négrière prit fin en 1833 dans les colonies anglaises. Napoléon interdit la traite le 29 mars 1815, mais les Français continuèrent clandestinement jusqu’en 1848 quand l’esclavage fut réellement aboli par Victor Schoelcher.

L’actuelle "Maison des Esclaves" fut construite vers 1780 dans la rue Saint- Germain par Nicolas Pépin, frère de la "Signare" Anne Pépin, elle-même maîtresse du Chevalier de Boufflers.

Cette maison des esclaves est surtout connue grâce à son ancien conservateur, Boubacar Joseph Ndiaye dit Joe aujourd’hui décédé. C’est en 1962 que la conservation de la maison des esclaves lui a été confiée. Celui qui a toujours été à la pointe du combat pour la réhabilitation de l’homme noir, a reçu différentes distinctions allant du Docteur Honoris Causa au trésor humain vivant, en passant par le prix de la mémoire et celui de la Diaspora. A travers ses prestations de qualité comme seul, il savait le faire, Boubacar Joseph Ndiaye aura réussi pendant une quarantaine d’années à entretenir la mémoire des traites négrières grâce à un engagement sans faille.

L’environnement le casse tête de la commune

Pour un meilleur cadre de vie, la commune de Gorée a adopté une démarche environnementale. La municipalité s’engage dans la protection de l’environnement avec le système de management environnemental (Sme). Selon Lamine Guèye, le Sme est un programme qui condense plusieurs projets dont la gestion et le traitement des ordures, la protection de l’écosystème marin, la réhabilitation du réseau d’assainissement et l’éclairage public.

S’agissant de la gestion des ordures, ce sont des bacs à ordure de différentes couleurs qui sont posés dans la ville. Les ordures sont triées de sorte que les visiteurs et les résidents n’ont pas la même couleur de bac à ordures. Selon le jeune Mamadou Thiam, onze ans, pensionnaire du camp de vacances « les bacs oranges sont pour les visiteurs, les jaunes pour les résidents et les restes des aliments alors que les marrons sont uniquement pour les plastiques ». Mamadou Thiam et ses camarades sont regroupés dans un camp de vacance et reçoivent des instructions citoyennes car selon l’une des monitrices « l’enfant est le relais de la famille et à leur âge, on leur inculque la notion de citoyenneté ».

Encadré

Le Maire de Gorée, Maitre Augustin Senghor a beaucoup fait pour satisfaire ses administrés. Selon lui, la mairie de Gorée ne gagne rien de la traversée des touristes qui viennent par milliers dans l’ile. « La municipalité recevait une subvention de 20 millions de la liaison maritime Dakar-Gorée mais depuis 2004 elle tarde à tomber dans les caisses de la mairie alors que la masse salariale de l’équipe d’assainissement s’élève à 25 millions de francs CFA » a dit M. Senghor.



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