Au fur à mesure que l’on s’approchera des échéances électorales, Me Wade portera ses choix sur des gens comme El Hadji Amadou Sall, nouveau ministre de la Justice : un militant libéral doublé d’un grand rhéteur qui sait aller au charbon avec force arguments. Tout le contraire de Moustapha Sourang que Me Wade a trouvé trop calme, avec une approche trop scientifique de la Justice pour durer à ce poste.
Après le départ de l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise Cheikh Tidiane Gadio, le désormais ex-ministre de la Justice Moustapha Sourang était avec Bécaye Diop et Abdoulaye Diop, les aînés de l’équipe gouvernementale ayant traversé plusieurs vagues de remaniements ministériels. Mais, Sourang qui était depuis longtemps dans le viseur du chef de l’Etat, sur conseils et dénonciations de Farba Senghor, a fini par passer à la trappe ce week-end. Pourtant sa récente nomination au ministère de la Justice ne présageait pas d’un limogeage imminent.
Mais, selon certaines sources, le professeur Moustapha Sourang, n’était pas l’homme qu’il fallait à ce poste très stratégique et névralgique qu’est le ministère de la Justice. En effet, révèle une source proche du pouvoir, le chef de l’Etat reproche à l’ancien Garde des Sceaux ‘son caractère trop conciliant et son approche très scientifique de la Justice’.
Tout le contraire de ses prédécesseurs qui, en plus d’être des durs à cuire, étaient de grands responsables politiques. Mais à y voir de très près, le départ de Moustapha Sourang de l’attelage gouvernemental obéit à la logique de Me Wade de renforcer toujours et davantage les libéraux qui savent aller au charbon. Et de mettre sur la touche ces technocrates sans aucune rentabilité ni base politique.
Ce qui est loin d’être le cas pour le nouvel homme fort de la Justice sénégalaise, qui, en plus être un grand militant du Pds, a la réputation d’être un dur à cuire et un redoutable rhéteur. Me Wade a donc misé sur l’engagement politique de Me El Hadji Amadou Sall.
Cet avocat qui a longtemps porté sa parole à la présidence de la République avant d’être remercié le 30 avril dernier, au lendemain des élections locales du 22 mars. Loin de céder au découragement, l’ancien porte-parole de la présidence de la République a toujours remis sa robe d’avocat du Président Wade pour aller au charbon. L’on se souvient de sa récente sortie médiatique pour défendre le chef de l’Etat épinglé par le rapport du Fmi dans l’affaire d’Alex Segura. ‘Une commission d’enquête ne peut avoir de conclusions pertinentes que pour autant que sa démarche aura été une démarche basée sur le contradictoire’, avait martelé Me Amadou Sall sur les ondes d’une radio privée de la place. Puis d’ajouter que ‘sur la base d’une simple audition, on aboutit à des conclusions.
C’est inacceptable ! C’est une enquête unilatérale, des propos unilatéraux qui ont été faits et donc une conclusion absolument inacceptable’. L’ancien ministre porte-parole du président de la République d’estimer alors qu’ ’au-delà même de l’aspect de politique politicienne que les uns et les autres peuvent avoir de cette affaire-là et des considérations qu’on peut avoir de la déclaration officielle du Sénégal, il reste que pour le respect de notre honneur et de notre dignité, ce rapport doit être apprécié avec du mépris, parce que c’est du mépris que le Fonds monétaire exprime à l’égard de notre pays et de nos institutions’.
Cette sortie venant d’un ancien collaborateur ne pouvait manquer de toucher le chef de l’Etat que certains observateurs présentent souvent comme étant mal entouré et mal défendu. Ainsi, les retours de Aliou Sow, de Modou Diagne Fada, de El Hadji Amadou Sall dans l’attelage gouvernemental, mais aussi celui de Aminata Tall dans l’espace présidentiel, confirment cette volonté du chef de l’Etat de renforcer les véritables pièces maîtresses de son dispositif en direction des futures échéances électorales.
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