Beaucoup de ménages qui avaient accueilli des vacanciers ne dorment plus sur leurs deux oreilles, à quelques jours de la rentrée scolaire. Bien des familles hôtes de vacanciers doivent faire les préparatifs pour le retour de ces derniers au bercail.
À peine la fête de la Korité célébrée que la rentrée scolaire pointe le bout du nez. Un véritable casse-tête pour de nombreux ménages qui préparent le retour des vacanciers dans leurs familles. Surtout à un moment où les difficultés financières empêchent déjà de faire face aux dépenses quotidiennes.
Envoyer un enfant en vacances scolaires chez un proche, à Dakar le plus souvent, est entré dans les usages. Mais, avec la crise, c’est le casse-tête pour les familles d’accueil de faire face aux préparatifs de rentrée scolaire de leurs hôtes. Malgré tout, cette pratique continue. Et les raisons sont nombreuses.
«Les parents envoient leurs enfants en vacances dans d’autres familles, car ils sont souvent dans l’impossibilité de leur assurer le minimum pour la rentrée scolaire», explique Aïcha. Accompagnée de sa fille de sept ans, cette femme d’une trentaine d’années, rencontrée hier après-midi au marché Tilène, parle en connaissance de cause. Elle est venue faire des achats pour sa fille, mais aussi pour ses vacanciers. Le visage couvert de sueur et le foulard posé sur la tête de manière négligente, elle avoue : «Ils (les vacanciers) viennent car ils ont de nouveaux habits et des chaussures au moment de rentrer chez eux.» La dame reconnaît cependant que cette situation crée souvent des tensions dans les ménages. «Des épouses peuvent avoir des problèmes avec leurs maris à cause de cela, soutient-elle. Car si ces derniers n’arrivent même pas à assurer la dépense quotidienne, c’est quand même difficile pour eux de devoir faire d’autres dépenses.»
Suffisant pour que cette vieille habitude soit rangée dans les placards, estime Abdoulaye Ndiaye qui s’apprête à rejoindre la salle de musculation de la Piscine olympique, au Point E. «Il faut apprendre à changer les habitudes, dit-il. Je ne dis pas que tous ceux qui envoient leurs enfants chez des parents le font pour chercher la facilité, mais ils doivent apprendre quand même à changer les habitudes», insiste-t-il.
Marième Dia, assise dans un magasin, pense que c’est une pratique aux antipodes de la réalité économique actuelle du pays et qu’il faut arrêter. «Les gens doivent comprendre que les temps ont changé et qu’il faut modifier les habitudes, dit-elle. Les familles qui reçoivent des vacanciers éprouvent toutes sortes de difficultés pour préparer le retour de ces derniers dans leurs familles», avance-t-elle. Mme Dia explique sa position par le fait qu’il est rare de voir une famille où l’époux et la femme travaillent, «parfois même, aucun d’eux n’exerce une activité génératrice de revenus». Pour elle, «cela ne vaut pas la peine d’envoyer plusieurs enfants dans une famille, estimant que celui qui sait qu’il doit aider un neveu ou une nièce le fera malgré tout».
Aminata Touré ne partage pas l’avis de Mme Dia. «Il y a toujours un frère ou une tante qui vous envoie un enfant et, dans ce cas, il est très difficile, voire impossible, de le renvoyer», regrette-t-elle. «Il n’y a rien de mal d’envoyer son enfant en vacances chez un parent ou un proche, si ce dernier peut l’accueillir», estime pour sa part Astou Mbaye, une vieille femme, vendeuse de cacahuètes. Elle ajoute : «Cela aidait dans le passé à raffermir les liens familiaux»
0 Commentaires
Participer à la Discussion