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RUPTURE - Avec le Projet éducation dans les banlieues de Dakar (Pebd) : Le système éducatif veut effacer l’échec du double flux

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RUPTURE - Avec le Projet éducation dans les banlieues de Dakar (Pebd) : Le système éducatif veut effacer l’échec du double flux

Pour mieux répondre à la demande éducative dans les banlieues de Dakar, il a été mis en œuvre le Projet éducation dans les banlieues de Dakar (Pebd). Un projet qui vient pour combler l’échec des classes à double flux et le manque de moyens des établissements publics. Après deux ans d’exécution, les différents acteurs du projet ont dressé un premier bilan du 28 au 30 septembre dernier à Saly.

L’objectif global du Projet éducation dans les banlieues de Dakar (Pebd), signée entre la République du Sénégal et l’Agence française de développement (Afd), est de résorber les retards de scolarisation constatés dans les zones urbaines et péri-urbaines, notamment dans les banlieues de Dakar. Il concerne les villes de Pikine, Guédiawaye et Rufisque, y compris les 24 communes d’arrondissements, les communes de Bargny, Sébikotane et Diamniadio et les communautés rurales de Sangalkam et Yène.

Le choix de ces zones s’explique par le fait que les banlieues rassemblent 1,6 million d’habitants, soit plus de 60% de la population de la région de Dakar et environ 25% de la population nationale. Dans cette partie de la capitale, les attentes en termes d’accès aux services collectifs sont fortes, notamment pour l’éducation des enfants, facteur d’accès aux emplois modernes. D’après les statistiques du Pebd, le réseau d’écoles publiques dans les banlieues de Dakar est aujourd’hui dépassé par l’expansion urbaine et démographique. Un tiers des quartiers ou arrondissements comptent plus de 12 000 habitants par école publique. En 2003, 54% des groupes pédagogiques fonctionnent à double flux, avec une durée de scolarisation réduite de moitié, 25% des élèves, au moins, sont aujourd’hui inscrits dans les écoles privées. Il est établi que le système des classes à double flux a été un échec. Surtout dans sa formule actuelle, c’est-à-dire, une salle, un maître et 2 cohortes. Une politique qui a débuté sous le magistère du Professeur Iba Der Thiam au ministère de l’Education nationale en 1983.

Les établissements publics surchargés et l’impact négatif des clas-ses à doubles flux sur la durée de scolarisation et l’apprentissage entraînent de toute évidence une désaffectation des familles vis-à-vis des établissements publics. Ainsi, l’explique Souleymane Mbaye Inspecteur départemental de l’éducation nationale de Guédiawaye : «Les classes à double flux vont dépérir progressivement et, à terme, l’équilibre sera établi entre écoles publique et privée, ne serait-ce qu’au niveau des effectifs d’élèves. Des enseignants qualifiés sont dans les écoles publiques, ce sont les conditions matérielles qui font que, généralement, les écoles privées attirent plus les parents et les élèves.»

RUPTURE ET CONTINUITE

Le Pebd s’inscrit dans deux axes stratégiques majeurs consistant à «contribuer à l’accroissement du taux de solarisation et du nombre de garçons et filles achevant un cycle élémentaire complet, à expérimenter une collaboration renforcée des services déconcentrés de l’Education». Sa première composante s’articule autour de l’extension et à la rénovation du réseau d’écoles élémentaires publiques, et à l’amélioration de sa maintenance : réalisation et équipement de 320 classes supplémentaires et d’ouvrages annexes dans les écoles publiques prioritaires, rénovation d’une centaine de classes dégradées, appui aux collectivités pour la mise en œuvre d’un programme général de maintenance des écoles publiques. La composante 2 met l’accent sur l’amélioration de la qualité des enseignements dans les écoles élémentaires. Le tout est couronné par la troisième composante qui se fixe comme objectif de renforcer les capacités des collectivités et de la société civile.

Dans ses trois domaines, le projet constitue une déclinaison locale du Pdef et de la politique de l’éducation dont il permet sur le terrain un accompagnement rapproché de la mise œuvre. Pour un coût total d’un peu plus de 83 milliards (12,68 millions d’euros), le projet, déroule des plans d’actions qui permettent, dans des activités différentes, d’atteindre les objectifs spécifiés du Pdef. Aussi bien en terme d’accès qu’en celui de la qualité. En effet, nombre de circonscriptions ont enregistré des constructions de nouvelles écoles et des extensions de classes. A cela, s’ajoute la formation de directeurs d’écoles et d’enseignants. Ainsi, depuis, il est noté un gain notoire de points sur le taux de réussite et de progression du Ci au Cm1 et au niveau du taux d’admission au Cfee et à l’entrée en sixième.

L’ECUEIL DE LA DECENTRALISATION

Cependant les écueils ne manquent pas et M. Mbaye de soutenir que «la gestion et le management sont difficiles. Il faut insérer, le plus harmonieusement possible, la programmation du Pebd. Et c’est à ce niveau, avec le déficit de contrôle, que nous sommes obligés de faire appel à des organisations, comme les collectifs des directeurs d’école, les équipes pédagogiques départementales et les équipes pédagogiques de zone. Mais, il faut reconnaître que ces instances ne peuvent pas remplacer les inspecteurs de l’éducation et nous souhaiterions un renforcement des équipes, ne serait-ce qu’en remplaçant les inspecteurs qui sont allés à la retraite». Dans cette opération, l’Ong «Aide et Action» apporte sa contribution. Son responsable des opérations, Hamidou Soukouna, révèle que sa structure veut que les acteurs locaux, notamment les communautés, prennent en charge l’éducation.

Dans le cadre de l’exercice des compétences transférées, les collectivités locales sont confrontées à l’obstacle fondamental, à savoir le problème lié à l’existence et à la disponibilité de ressources. «Les ressources humaines constituent le nœud gordien, parce qu’une chose est d’élaborer une politique, mais une autre est d’avoir des ressources humaines capables de porter ces projets et de les rendre plus efficients», résume Ibrahima Camara, le maire de la Commune d’arrondissement de Rufisque Nord. Ce dernier regrette que leurs partenaires n’aient pas compris leurs difficultés d’ordre structurel et leur incapacité à maîtriser les fonds de dotation. Ces difficultés soulevées par l’élu local de Rufisque sont confirmées par Hamidou Soukouna. «On a décentralisé la gestion, la planification, les infrastructures et les équipements, sans décentraliser le personnel. L’essentiel des moyens et des ressources humaines est entre les mains des inspecteurs», renchérit le responsable de «Aide et Action».

INSUFFLER UNE NOUVELLE DYNAMIQUE

La solution adoptée jusqu’ici pour compenser le déficit d’offre scolaire publique est celle des classes à double flux. Elles représentent, en 2001 les 2/3 des classes primaires publiques et les 3/4 des effectifs scolarisés du primaire dans les trois inspections principales sur les cinq que compte la zone du projet.

Les établissements publics surchargés et l’impact négatif des classes à double flux sur la durée de scolarisation et d’apprentissage entraînent, de toute évidence, une désaffectation des familles vis-à-vis des établissements publics. Cette désaffectation peut également tenir à l’absence d’écoles publiques à proximité suffisante des lieux de résidence dans un contexte urbain et de circulation dangereux pour les déplacements des enfants.

Ainsi, les responsables du Pebd constatent que «les parents scolarisent leurs enfants dans les écoles publiques surchargées dont ils doutent de l’efficacité. Quant à une autre fraction de la population, elle consent des sacrifices financiers importants pour scolariser ses enfants dans les écoles privées ou associatives, aux locaux étriqués et où les enfants sont moins nombreux et mieux suivis». Ces écoles accueillent dans les trois Iden, au moins, 30% des élèves du primaire et de la majorité des élèves de la préscolaire et de l’enseignement moyen général. Une dernière catégorie d’offre éducative importante doit être mentionnée dans les banlieues de la capitale sénégalaise. C’est celle des écoles coraniques et franco-arabes. D’inspiration traditionnelle et religieuse, elles accueillent une forte proportion d’enfants des familles de l’exode rural ou envoyés par les familles rurales. Elles offrent un système d’enseignement conforme aux traditions culturelles et religieuses, mais aussi plus abordable, car quasiment gratuit, et inscrit dans les systèmes de solidarité traditionnels. En écho aux intentions du gouvernement de promouvoir cet enseignement, en rapprochant son contenu de l’enseignement public, certains responsables d’écoles coraniques semblent intéressés par une évolution en ce sens.

UNE REVOLUTION PAR LES PROJETS D’ECOLE

Les études sociologiques du Centre de recherche en économie appliquée (Crea) souligne la «très évidente défiance» des parents vis-à-vis de l’école publique avec les jugements négatifs sur la motivation et la rigueur dans les établissements et sur le temps d’enseignement, notamment dans les classes à double flux. Cette défiance et le manque d’écoles publiques semblent de nature à décourager les inscriptions, notamment celle des filles et des enfants des familles les plus pauvres.

Les cinq Inspections départementales de l’éducation nationale (Iden) et leurs 21 inspecteurs assurent difficilement l’encadrement pédagogique de près de 3 800 enseignants (soit 1 inspecteur pour 182 enseignants). Les Collectivités locales responsables ont des ressources limitées.



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