Vendredi 26 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Societe

Sénégal | Certificats de vaccination au marché noir : le business de la mort

Single Post
Sénégal | Certificats de vaccination au marché noir : le business de la mort

Depuis des lustres, des individus se sont spécialisés dans la vente de certificats de vaccination devant les anciens locaux du Service d’Hygiène de Dakar. Ils ont fait de cette activité leur principale source de revenus. Plus inquiétant encore, à l’aéroport, les services de contrôle laissent les passagers voyager avec ces certificats falsifiés qui peuvent être de véritables passeports de mort.

Des certificats de vaccination sont achetés dans la rue. Cela se passe depuis plusieurs années maintenant devant l’ancien Service d’Hygiène de Dakar à quelques jets de pierres du marché Sandaga. Un passage devant les bâtisses qui abritent ce service et on est harcelé par des hommes qui vous accueillent avec des carnets rouges et jaunes en main avec cette interrogation à la bouche : « mon ami, vaccination ? ». Devant la délicatesse du phénomène, nous avons jugé plus prudent de nous faire passer pour un client. Une discussion s’engage avec le premier vendeur.

« Mon ami où allez-vous ? » interroge-t-il, « au Togo » lui répondons-nous. « Vous devez vous vacciner contre la fièvre jaune, la méningite et le choléra » reprend-il. « Alors où sont les vaccins » lui demandons nous. « Non ici nous on ne vaccine pas, on fait des arrangements. Si vous devez payer pour ces trois vaccins on ne vous prendra pas moins de six mille francs et vous perdrez beaucoup de temps. Mais ici, si vous payez trois mille francs tout de suite, vous aurez un carnet de vaccination bien rempli avec des signatures du médecin ». « ça ne va pas me créer des problèmes à l’aéroport ? ». « Non ! » répond le vendeur « vous n’êtes pas le premier, beaucoup de personnes qui veulent voyager en urgence, viennent acheter des certificats de vaccination ici et nous n’avons jamais eu de problèmes ». L’un de ses collègues qui suivait la conversation vient à la rescousse. « N’ayez aucune crainte, mais si vous n’êtes pas convaincus, vous pouvez toujours aller au Service d’Hygiène, ils sont actuellement à la Gueule-Tapée. Vous verrez que le carnet que vous aurez est le même que celui-ci, à la différence qu’ici vous ne recevrez pas de dose de vaccin ». Quelques pas plus loin, nous sommes interpellés par un autre vendeur. Il entreprend lui aussi de nous fourguer un carnet de vaccination. Il est soutenu par un « soi-disant » client, assis sur un banc à côté du vendeur : « moi je suis Guinéen et chaque fois que je veux voyager, c’est ici que je viens remplir les formalités de vaccination et je n’ai jamais eu de problèmes ». Nous feignons de n’être toujours pas satisfaits et partons.

Un homme d’un certain âge nous rappelle avec un air sérieux et visiblement agacé par notre incertitude. « J’ai suivi votre discussion et je comprends vos inquiétudes, mais je vous assure que je pratique cette activité depuis plusieurs années et ça se passe sans embarras » déclare-t-il en jurant pour nous mettre en sécurité. « Tout le monde nous connaît ici », poursuit-il. Dans ses efforts remarquables pour convaincre, il affirme que même des ministres envoient des proches leur acheter un certificat de vaccination quand ils veulent voyager en urgence. « Ici on arrange ceux qui ont une situation d’urgence et tout le monde nous connaît pour ça » insiste-t-il. Il décide de nous laisser le carnet pré-rempli à deux mille francs au lieu de trois mille « pour prouver sa bonne foi ». Le marché est conclu, nous payons, il nous remet le carnet et nous demande d’y mettre notre identité nous même, non sans nous demander de le cacher.

Les pages de la fièvre jaune, du choléra et une autre page avec la mention « tres vaccinations » sont déjà remplies. Ces pages sont cachetées et signées d’avance du nom de l’infirmier de l’Institut d’Hygiène Social de Dakar.

Des dizaines de certificats de vaccination sont ainsi frauduleusement délivrés tous les jours, avec les risques énormes que cela comporte. Si nous admettons que l’achat de ces « faux certificats de vaccination » permet de parer au plus pressé, cet acte que beaucoup considèrent comme sans danger, peut être source de morts d’hommes. Si un voyager détenteur d’un tel certificat, sans valeur, pique une crise de fièvre dans son pays d’accueil, le médecin pourra-t-il diagnostiquer encore la fièvre jaune étant donné que le patient est muni d’un carnet qui atteste qu’il est vacciné contre cette fièvre ? Le « faux carnet » qu’il détient pourrait ainsi être à l’origine d’une mort certaine. L’existence de ce commerce est un secret de polichinelle mais les vendeurs de ces « faux certificats » opèrent en toute quiétude. Ce triste spectacle qui, apparemment n’émeut personne, se déroule en toute impunité sous les murs de l’ancien siège du Service d’Hygiène de Dakar. Cette pratique répandue est connue de tous et bien entendu du Ministère de la Santé. La grande question reste : pourquoi les autorités ne prennent-elles pas des décisions radicales pour mettre fin à ce véritable business de la mort ?

Voilà deux carnets de vaccination, un vrai et un faux

Il y a d’abord des différences remarquables entre les faux et les vrais cachets. En plus de cela, il n’y aucun numéro de matricule sur les faux certificats de vaccination. Ces numéros permettent de délivrer des duplicata à ceux qui auraient perdu entre temps leur attestation de vaccination. Les faux carnets n’en portent pas. Pire encore, dans les faux carnets, il y a toujours des vaccins contre le choléra alors que les services compétents ne vaccinent plus contre cette maladie.

Avec toutes ces différences, il n’est pas trop osé de se demander comment les agents proposés au contrôle dans les aéroports, les gares routières et ferroviaires laissent passer des voyageurs détenteurs de ces faux papiers. Les différences sont tellement évidentes que même un profane pourrait facilement distinguer le bon du mauvais. Et pourtant si les agents de contrôle jouent bien leur rôle et ne laissent plus les gens voyager avec ces documents falsifiés, le marché de contrefaçon s’étouffera de lui-même. Sans même que la police n’ait à arrêter les faussaires parce que, s’il y a des contrefacteurs c’est tout simplement parce qu’ils ont des clients. C’est peut-être le laisser-aller qui règne dans le secteur qui a permis à ce trafic de prendre cette ampleur qu’on lui connaît aujourd’hui.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Nico Si

    En Février, 2014 (15:00 PM)
    je vous conseille de lire le livre de sylvie simon : "vaccins, mensonges et propagande"
    Top Banner

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email