Sacrifier ses vacances pour ses études et ses parents

Dans certaines maisons de Dakar, on trouve celles qu’on appelle «les bonnes vacancières». Il s’agit des filles qui sont élèves dans les villages, mais qui se muent en domestiques pendant l’hivernage pour pouvoir subvenir à leurs besoins scolaires. Mais aussi ceux de la famille.

De plus en plus de jeunes filles viennent dans la capitale durant les vacances pour travailler. Dakar est envahie par les petites bonnes qui amassent des fonds pour se payer des fournitures, habits et autres effets de toilette, afin de bien préparer la rentrée scolaire et aider les parents.

Aïssatou Faye est bonne dans une maison à Baobab. Âgée de 20 ans, elle est élève en classe de seconde L à Ngoyé, région de Fatick. Taille moyenne, teint clair et un tissage comme coiffure, elle travaille pour aider ses parents et s’offrir les moyens de financer sa rentrée scolaire. «Si je travaille, c’est pour aider mes parents. Je fais partie d’une modeste famille, mes parents ne peuvent pas subvenir aux besoins de tous les enfants. L’argent récolté me sert à acheter des habits, mes cahiers, à me payer mes inscriptions et le reste de l’argent, je le donne à mes parents», dit-elle.

Souvent, le souci d’aider les parents est tellement présent qu’elles sont prêtes à sacrifier leurs vacances. Khady Diouf, 19 ans, est originaire de Diouroup, région de Fatick. Elle a très tôt perdu son papa. Son grand frère qui travaille au Lac Rose fait de son mieux pour aider la famille. Pour ne pas rester les bras croisés devant les besoins de la famille, elle est bonne dans une maison. «Mon papa est décédé, mon frère n’est pas en mesure de nous satisfaire tous, mais il fait de son mieux. Depuis 2006, je viens à Dakar pour travailler, me payer des fournitures, des habits… Mais le plus important, c’est d’acheter des habits pour mes jeunes frères et sœurs», estime-t-elle.

Philomène Diouf, 12 ans, élève en classe de CM2, nous vient de Tambacounda. Elle a choisi de venir à Dakar de son plein gré. «J’ai choisi de travailler pour mes propres besoins. Car, ma famille n’a pas besoin que je travaille pour payer mes études, mais je le fais pour m’acheter des habits, chaussures et autres», confie Philomène.

Comme tous les jeunes de leur âge, ces petites bonnes auraient aimé profiter de leurs vacances pour se reposer ou s’amuser, mais impossible. Car, selon elles, c’est un choix qu’elles ont fait et qu’elles assument. «J’aurais aimé jouir pleinement de mes vacances comme tous les jeunes de mon âge. Mais, j’ai d’autres préoccupations», lâche Aïssatou Faye. Pour Khady Diouf, son problème, c’est la fatigue. «Je suis très fatiguée quand je rentre au village. Au lieu de me reposer durant les vacances, je travaille dur», soutient-elle.

Ce n’est pas pour autant que ces bonnes ne sont pas ambitieuses. En effet, certaines d’entre elles ambitionnent de devenir, soit des hôtesses de l’air, des professeurs, des journalistes ou même des colonels de l’Armée. Fatou Siga Sarr fait partie de ce lot.17 ans, elle est en classe de cinquième et habite à Diouroup. De teint noir et grande de taille, le foulard bien serré sur la tête, elle veut accomplir le service militaire pour, souhaite-t-elle, devenir colonel.