APA Paris (France) - Un professeur d’Histoire et d’Etudes afro-américaines à l’Université du Michigan (Etats-Unis), Mamadou Diouf, a regretté samedi à Paris, le fait que la pensée et l’oeuvre du poète et ancien président sénégalais Léopold Sédar Senghor soit beaucoup plus étudié en Amérique qu’au Sénégal ou dans l’espace francophone.
« On n’a pas étudié Senghor. Le grand drame, c’est qu’aujourd’hui ce sont les anglophones qui étudient Senghor, pas les Sénégalais ou les francophones tout court. Il y a plus de livres sur Senghor en Anglais qu’en Français », a-t-il déploré.
Pour lui, « les Sénégalais, pour diverses raisons qu’on peut trouver et justifier, n’étudient pas Senghor. Il n’y a pas d’études globales sur l’oeuvre de Senghor. La meilleure biographie de Senghor a été écrite par une Américaine, Janet Vaillant (maître de conférences à Harvard University) ».
Il justifie ce faible attrait des intellectuels sénégalais et francophones pour la pensée et l’oeuvre du premier noir agrégé de grammaire par « des raisons financières, des raisons d’orientation intellectuelle et théorique ».
« Mais c’est aussi pour des raisons politiques », souligne-t-il, ajoutant que ceux qui ont longtemps combattu Senghor et sa pensée « étaient pris dans la chaleur de l’action et de la contestation des années 60-70 ».
« Senghor avait choqué tous les Sénégalais dans les années 70 en disant « si vous voulez apprendre les langues nationales et qu’on l’utilise dans le système, il faut 10 thèses d’Etat ». On l’a traité de néo-colonialiste, y compris moi-même ».
« Mais aujourd’hui, avec le recul, on se rend compte qu’il avait raison, mais on continue à raconter n’importe quoi sur lui sans avoir la bonne information, ni même l’avoir lu », précise le professeur Mamadou Diouf qui, de par son travail avec un collègue américain, sur « la citoyenneté impériale », redécouvre Senghor.
« Les gens ont, en fait, investi beaucoup plus sur le politique, mais Senghor n’est pas seulement un poète, il n’est pas seulement un politique, il est aussi un philosophe. Et le premier livre de philosophie sur Senghor est en train d’être écrit par Souleymane Bachir Diagne. Donc, on redécouvre Senghor. Je dirais même qu’on le découvre », fait-il remarquer.
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