Touba : Le khalife snobe la délégation de Yamalé conduite par Bara Tall

Excepté Bara Tall, les membres de la délégation du mouvement Yamalé présente hier à Touba n’ont finalement pas été reçus par le khalife général des mourides. Le marabout n’aurait pas apprécié qu’on le trouve jusque dans sa résidence privée, sise sur la route de Darou Mouhty.

(Correspondance) - Quelques semaines après son accession au khalifat de Bamba, Serigne Sidy Mokhtar Mbacké avait rendu public un communiqué à travers lequel il avait décliné son emploi du temps durant les sept jours de la semaine. Dans ce cadre, il reconduira le calendrier qu’avait établi de son vivant son prédécesseur Serigne Saliou Mbacké, à savoir consacrer les lundi, mardi et mercredi aux problèmes de la communauté et réserver exclusivement à la rencontre avec ses hôtes les jeudi, vendredi, samedi et dimanche. Et pour un respect strict de ces recommandations, Serigne Sidy Mokhtar Mbacké précisera, à travers son communiqué, que la résidence Khadimou Rassoul sera désormais le cadre indiqué pour ses entretiens avec toutes les sensibilités. Ne s’étant pas conformé à cette fatwa du khalife général des mourides, l’homme d’affaires Bara Tall, accompagné de ses plus proches collaborateurs dans son mouvement citoyen Yamalé, l’a appris à ses dépens.

Conduite par le président des jeunes chefs religieux du Sénégal, Serigne Modou Bousso Dieng, la délégation n’aura pas la chance de rencontrer le maître de Touba qu’elle est pourtant allée chercher jusque dans sa résidence privée, sise sur la route de Darou Mouhty. Seul le Pdg de Jean Lefebvre sera reçu, mais de manière furtive, aux côtés du jeune chef religieux qui a dû user de la force pour assister à l’audience après qu’il a été retenu à la porte par le ‘bëkk nek’, sur instruction du khalife, selon nos sources. Une déconvenue qu’ont tenté de dissimuler les lieutenants de Serigne Modou Bousso Dieng qui parlent d’un simple incident dû à un manque de coordination. Une thèse rejetée par une source proche du khalife général des mourides selon laquelle Serigne Sidy Mokhtar Mbacké n’a pas du tout apprécié le lobbying fait par son fils Cheikh Bara Lahat qui aurait demandé à Serigne Modou Boussou Dieng et ses hôtes de le rejoindre dans sa résidence privée.

Qu’à cela ne tienne, la délégatioon a passé la journée dans la cité religieuse au quartier Gare bou mack où elle a rencontré des signataires de sa pétition. A travers une sobre cérémonie, Serigne Modou Bousso Dieng a présenté à l’homme d’affaires Bara Tall un registre de 1 900 signatures effectives et plus de 12 000 signatures potentielles pour le compte de la pétition sur les 20 milliards de la Sudatel. ‘Tout ce qui vous touche, nous touche. Touba n’est le bastion de personne’, dira le président des jeunes chefs religieux à Bara Tall dont il a magnifié le combat citoyen et noble qu’il mène. Avant de faire remarquer à son endroit : ‘Ce que vous avez eu à Touba, personne ne l’a eu. Wade et ses alliés sont dans l’impossibilité de recueillir autant d’adhérents à Touba’.

Très sensible face à cette mobilisation, Bara Tall dira que leur présence à Touba hier entre dans le cadre d’une tournée de récupération des signatures de la pétition des 20 milliards de la Sudatel. Cette première étape illustre l’engagement des Sénégalais pour un combat citoyen qu’il compte mener qu’il pleuve ou qu’il neige, même si, précise-t-il, la pétition ne vise personne. Pour autant, il évoque le parallélisme des formes pour étayer son combat : ‘Nous pensons qu’autant nous acceptons de nous soumettre à toute requête, comme nous le faisons depuis six ans dans des investigations financières qui concernent des deniers publics et nous y prêtons de bonne grâce, et nous continuerons à le faire, de la même manière, on doit aussi nous donner le droit, quand nous pensons que nos deniers sont quelque part, de chercher où, sans accuser personne. Parce que nous nous n’accusons personne. Nous voulons simplement avoir le droit de chercher et nous irons jusqu’au bout, quels que soient par ailleurs les évènements qui se passeront à la périphérie de notre mouvement’, conclut-il.