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TOXICOMAN : Comment on devient accroc ?

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TOXICOMAN : Comment on devient accroc ?

L’histoire de Diack est à la fois pathétique est instructive. D’après ses dires il a 47 ans mais à le voir on lui donnerait plus que son age. Tellement la cocaïne l’a avachi. A la question de savoir pourquoi il prend de la coke, il  répond avec une franchise déconcertante : « mais grand,  je sais que c’est une saleté. Je suis très conscient du caractère dégradant de la chose que je fais.  Mais j’avoue que par faiblesse je ne peux pas arrêter. J’ai essayé de décrocher à plusieurs reprises mais voilà !»

Poursuivant, il soutient avoir tout perdu à cause de la cocaïne. Un bon boulot. Ses amis. Ses parents. Sa dignité. Sa crédibilité. Pourtant  Diack était bien parti car dans la société où il travaillait, il s’acquittait convenablement de son travail. Ce qui lui avait valu l’estime de ses supérieurs.  Il y est entré il y’a un peu plus de trente ans comme contractuel avant d’être embauché  caissier. « Grand khaliss bakhoul ! Seytané là», (l’argent est mauvais, il est satanique), avoue-t-il.

« Il a fallu que mon statut change pour que je pète les plombs. Parce que du temps où j’étais contractuel, je ne gagnais que cinquante mille francs par mois. Mais je menais une vie plus stable .Après le travail, je faisais mon footing quotidien. Car j’étais un bon sportif qui  jouait bien au football. Après mon sport, je prenais une ou deux bières, fumais quelques joints. Ah oui grand, je fumais du chanvre !  Mais personne ne pouvait le soupçonner vu les précautions que je prenais. Comme je l’ai dit tantôt, l’argent m’a rendu fou.  Dès que j’ai été embauché, tu ne peux imaginer tous les millions qui passaient entre mes mains. La société où je travaillais connaissait une expansion fulgurante. Les masses d’argent brassées étaient colossales. Et la gestion tellement légère, que n’importe quel audacieux pouvait se remplir les poches sans coup férir. En tant que caissier, mon rôle consistait à payer des tickets gagnants. Pour ce faire, je bénéficiais d’un approvisionnement quotidien de dix millions de francs Cfa .Dès que je finissais de payer les tickets authentiques, j’en confectionnais d’autres fictifs. Par ce procédé, je réussissais à empocher deux ou troiq millions par jour. Et croyez moi, je ne raconte pas d’histoires.  Parce qu’encore une fois, la gestion était tellement laxiste, que tous les abus étaient permis. Ainsi, l’argent a fini par m’éblouir. J’ai commencé à mener grand train, faisant feu de tout bois. Tout devenait facile pour moi. La bringue. Les fringues. Les jolies filles bref, chaque jour était une fête pour moi. J’habitais un bel appartement de trois pièces dans un immeuble situé dans le populeux quartier de Grand Dakar. Mon armoire regorgeait de costumes de classe. De chaussures de marque. De parfums très chics. C’était la nouba quoi !

Mais aujourd’hui je ne possède plus rien à cause de la coke. J’ai dilapidé tous mes biens. Regarde, même les habits et chaussures que je porte, m’ont été offerts par un cousin. Grand, la drogue dure, c’est vraiment l’œuvre du diable ! Je regrette et regretterai toujours d’avoir fricoté avec ! » Pathétique non ?

Diack affirme avoir débuté avec l’héroïne avant de tomber sous le charme de la cocaïne .Il fumait de l’héroïne  mélangée avec de la cigarette. Chaque jour, il se procurait un gramme d’héroÏne  à dix mille francs, non sans préciser, qu’il a amorcé sa descente aux enfers lorsqu’il a découvert la cocaïne. Comme il entretenait des relations privilégiées avec James, un dealer réputé dans le populeux quartier de la Medina, ce dernier lui a fait goûter à la coke. Ce fut le coup de foudre. Lorsqu’on lui demande ce qu’il y a de bon dans la coke ? Il répond tout de go : « Grand, tu ne peux pas comprendre ! La première fois que j’ai fumé la coke, j’ai ressenti une sensation indescriptible. Un état d’extase que les initiés appellent le flash. Pour fumer la coke, il faut tout un rituel, on confectionne une pipe artisanale à l´aide d´un  rasoir à  jeter dont on élimine le bout. Puis à la place on met du papier aluminium retenu par un bracelet élastique. Ensuite on perce le papier aluminium avec une petite aiguille, on y met de la cendre  de cigarette, et on pose la petite pierre de coke dessus avant de l’allumer et de tirer à grandes bouffées pour  atteindre le nirvana. Je délaissais de plus en plus mon travail. Ma seule préoccupation demeurait la coke. Je me faisais de nouvelles connaissances dans le milieu. J’etais le chouchou des filles junkies car elles savaient que j’étais plein aux as.  Quand je débarquais chez Max, leur dose était assurée. Presque toutes sont passées dans mon lit. Mais aujourd’hui que je n’ai plus de sous, je ne vois plus de dessous !...Grand, j’ai claqué des sommes énormes dont le total devrait avoisiner cinquante millions sans exagération. Je me payais deux ou trois grammes de coke par jour à raison de vingt cinq mille le gramme. Pour ma consommation. Ce qui revenait à cinquante ou soixante quinze mille francs. Sans compter ce que je dépensais pour ma cour de potes occasionnels et camés.

Je devenais parano au fil des jours.  Je perdais l’appétit. J’en avais que pour la coke. Mon alimentation se limitait aux pâtisseries car je ne supportais plus les repas gras. Du matin au soir j’étais chez Max à fumer de la coke. Peu m’importait la notion du temps. Je n’étais plus assidu au boulot. J’y allais seulement pour puiser dans la caisse. Après de multiples rappels à l’ordre, je fus réaffecté au service commercial. Ainsi n’ayant plus de caisse à gérer, je trouvais d’autres solutions de rechange. Car les deux cents mille francs que je percevais par mois en tant qu’agent commercial étaient dérisoires. Etant donné que c’est ce que je dépensais quotidiennement pour moi et ma cour de camés. J’étais dans un vrai engrenage. Comme notre société était très solvable, elle était agrée par les cliniques les plus huppées de la place, les pharmacies, les lunetteries et les magasins d’appareils électroménagers, je décidais d’exploiter ce filon. Par exemple, il m’arrivait de prendre un billet d’hospitalisation d’une semaine. Je séjournais deux jours, puis vendait au propriétaire de la clinique les cinq jours restants à moitie prix. Chacun y trouvait son compte.  J’avais de quoi payer ma coke, et lui il facturait le prix fort à la société. Et cela je ne peux dire combien de fois je l’ai fait. Ensuite ce fut le tour des pharmacies. Je me faisais confectionner une ordonnance avec des médicaments coûteux. Une fois les médicaments en main, j’allais les brader chez Keur Serigne Bi pour pouvoir me soigner. Ensuite j’ai eu à écumer les lunetteries et les magasins d’appareils électroménagers. Seul Dieu sait combien j’en ai bradé. Et lorsque j’avais des sous, je désertais le boulot. Puis, un jour je reçus ma lettre de licenciement pour absentéisme. Dès lors les choses se sont précipitées. Je me suis retrouvé au fond du gouffre. Comme j’avais perdu mon travail et étant accroc, il me fallait chaque jour ma dose, j’ai commencé par vider mon appartement. La télé d’abord, puis tout le mobilier y est passé. En fin de compte, il ne restait que le matelas, que j’ai fini par vendre pour dormir sur un carton avant que le propriétaire de la maison ne me vire pour non paiement de quatre mois de loyer. Mes sources de revenu s’étant taries, je faisais preuve d’imagination pour satisfaire mon envie irrépressible de drogue. Des fois, il m’arrivait de flouer des taximan. Ma stratégie consistait  à charger deux ou trois cartons remplis de chiffons et soigneusement fermés dans leurs taxis avant de leur indiquer une direction. Une fois à destination,  je leur empruntais dix ou quinze mille francs et me volatilisais dans la nature. Quand j’étais en manque, je rendais visite à des amis et n’hésitais pas à voler des portables, de l’argent bref,  tout ce qui était à portée de mes mains devenues baladeuses par la force des choses. Finalement tous ont fini par me fermer la porte de leur maison.

Vu que je n’avais plus de logis, je squattais les immeubles, parfois je dormais au bord de la mer. Il m’est même arrivé de dormir dans un enclos pour moutons. Je ne prenais plus soin de moi. J’étais devenu une loque. Chaque matin, j’errais comme une âme en peine à la recherche de sous pour satisfaire mon vice. A la fin, je passais à mon ancien service pour quémander de l’argent. Je n’épargnais personne. Les chefs, les ex collègues et même les contractuels. Si certains mettaient la main à la poche, d’autres me toisaient avec mépris. En fin de compte plus personne ne me donnait de l’argent. C’était comme s’ils s’étaient passés le mot. J’ai atterri à la gare routière Petersen. J’y passais tout mon temps à faire la manche, ceux qui me connaissaient me fuyaient systématiquement. D’ailleurs, c’est dans cette gare routière que j’ai eu un grave accident. Ah  oui grand j’ai frôlé la mort par la faute d’un car Ndiaga Ndiaye qui ma renversé me causant plusieurs fractures. Quand on m’a évacué à l’hôpital, le personnel soignant à refusé de me prendre si je ne donnais pas de garantie. Tu ne peux imaginer comment j’ai souffert ce jour là grand. Après moult hésitations, je me résolus à leur donner le numéro de téléphone d’un cousin très nanti. Dès qu’on l’a appelé, il a rappliqué et s’est chargé de tout. C’est ainsi que je fus admis aux urgences. J’ai séjourné durant un mois à l’hôpital. A ma sortie, mon cousin m’a hébergé pendant cinq jours chez lui  passant tout son temps à me sermonner. Au terme de mon séjour, il me remit de l’argent en me conseillant d’aller me reposer chez mes parents à Saint Louis loin de Dakar et ses problèmes. Il m’a en outre offert un téléphone portable, en me disant que si jamais il ne parvenait plus à me joindre un jour, il saura que j’ai replongé. Et qu’il ne me le pardonnera plus jamais. Moi aussi, je lui promettais que j’avais décroché pour de bon. Que j’ai eu à beaucoup réfléchir sur mon lit d’hôpital et la mort à laquelle je venais d’échapper était un avertissement divin. Je suis allé à Saint louis pour y rester pendant six mois. Puis un jour, j’ai eu la nostalgie de Dakar. Je suis revenu. A mon retour, tout le monde disait que j’avais bonne mine. Ce qui était vrai car je ne touchais plus à rien. Mais je ne sais pas quel démon m’a pris pour que je replonge. Un matin, alors que j’étais en proie à la mélancolie, je décidais d’aller me payer une petite dose pour me requinquer. Depuis lors, je suis retombé dans les mêmes travers. Le téléphone et les autres objets que mon cousin m’avait donné ont été bradés. Grand j’avoue que mon cas est critique ! Présentement, seul Dieu peut me sauver car je suis prisonnier de mon vice. Néanmoins, je ne désespère pas. Comme on le dit souvent, tant qu’il y a vie, il y a espoir. Beaucoup d’amis drogués sont morts. D’autres ont perdu la raison. Par contre, certains ont décroché et sont devenus des pères de famille respectables. Vu que je suis toujours en vie, j’espère pouvoir m’en sortir un jour !». Puisse t’entendre et agréer tes souhaits de repentance Diack.



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