Si l’on s’amusait à compter le nombre de kilomètres, de clubs, de shoots, de jumps qu’il a effectué avant d’y arriver, on en déduit que Boniface Ndong, récent champion d’Europe avec Barcelone, a épuisé une longue marche.
Pour lui, tout est parti d’une rencontre avec un Allemand à Dakar et de quelques pistons de Sénégalais bien introduits dans le milieu du basketball. Aujourd’hui il est loin pour Boniface Ndong, ce temps pas si éloigné que ça où il suait sang et eau sous les ordres de Sir Parfait Adjivon pour parfaire des rudiments indispensables, mais difficilement assimilable par son corps frêle.
On est au début des années 2000, Boniface qui vient du séminaire de Ngasobile débarque à l’Université Cheikh Anta Diop, mince comme un arbre et d’une taille qui toise les portes du Campus. Dans sa besace, deux rêves : celui d’étudier mais surtout celui de jouer au basket, un sport que l’épris de lutte qu’il est, a découvert au détour des loisirs du séminaire, à Ziguinchor d’abord, à Ngasobile ensuite.
Au Duc, il s’essouffla à trouver le geste juste pour intégrer l’équipe type, appris à confirmer ses atouts et à peaufiner son jeu, fait d’adresse à défaut de s’appuyer sur ses faibles prétentions physiques.
Pas très couru par les supporters de l’équipe estudiantine qui ne ratait aucune occasion de railler sa faible constitution physique, Boniface surprendra tout son monde en 2003, à l’occasion de la Coupe d’Afrique de basket disputée en Egypte.
Le gringalet courbé qu’il était a fait place à un bonhomme bien bâti par l’endurance des entraînements, et un programme spécial qu’il a suivi en Allemagne où il a pu bénéficier de l’aide d’un entraîneur qui a formé entre autre légende, Dirk Nowitsky.
D’occupant du bout du banc au Duc, à pivot incontestable dans le 5 majeur de l’équipe nationale, Boniface Ndong n’aura usé que de trois années pour changer de statut et entamer une longue marche vers les sommets.
De Bamberg où il évoluait dans le championnat allemand, il ira monnayer ses talents du haut de ses béquilles et de son mètre et treize centimètres au pays de la Moutarde en France à Dijon où il remporte la semaine des As, l’équivalent du All Star Game et atteint la finale de l’Eurocoupe en 2004.
Une année plus tard et au cours du championnat d’Afrique de basket tenu en Algérie, il surprend son monde et devient le meilleur joueur et le meilleur pivot de tout le continent. Une distinction qui marque tout le monde du basket, parce que incontestable au vu de ses statistiques.
Le premier rêve
De suite, les nombreux scouts qui avaient fait le déplacement à Alger le découvre et lui proposent le must : la Nba !
Boniface rejoint la franchise des Clippers de Los Angeles à 27 ans et réussit le grand détour.
Pour autant son rêve américain ne sera pas une réalité, l’équipe de Los Angeles, la deuxième à côté de celle plus connue qui emploie entre autre Koby Bryant, ne le retenant pas à l’issue d’une année où la rigueur physique du championnat eu raison de ses habilités à régner dans la raquette.
Qu’importe, Boniface qui a son caractère en bandoulière refuse un nouveau contrat à la baisse et va s’émigrer, loin, très loin en Russie. De Los Angeles aux bords de la Sibérie, la longue carcasse trimbalant affole les statistiques et hisse son équipe pour la première fois aux Play-Off. Une performance qui se colporte jusqu’en Europe et ce que ce continent à de meilleur en basket : le championnat espagnol.
L’Unicaja de Malaga profite de la fin du championnat russe pour lui filer un emploi en intermittent pour les Play-Off espagnol vu que Saint Petersbourg n’a pas pu aller très loin dans la sienne. La mayonnaise prend de suite avec à la clé un contrat qui va le lier aux Verts d’Espagne pendant deux ans.
Boni découvre alors le must du must, l’Euroligue avec à la clé une moyenne de 9 point et plus de 5 rebonds par match dans ce qui est la Ligue des champions en basket. Il confirme l’année suivante en 2008-2009, augmentant son rendement en points de 3 unités lors de la phase régulière.
Désormais habitué de la grande compétition, et même si dans le même temps, sa dernière sortie sous le maillot national n’a rien de gratifiant, le Sénégal terminant à la 7e place africaine, Boni s’en ira suivre d’autres chemin plus glorieux en 2010.
Recruté par le Régal Barcelone, Boniface qui courait derrière les titres aura l’embarras du choix au moment du décompte. Avec 182 points et 76 rebonds en 21 matchs d’Euroligue cette saison dont 15 comme titulaire, Boniface Ndong qui a en outre remporté et le championnat d’Espagne et la Coupe du Roi d’Espagne, peut croiser les doigts. Et pousser un cri de satisfaction après 8 ans d’effort et 6 clubs.
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