Chronique - TEMPS ADDITIONNEL : Anti-jeu

Les « Lions » perdent donc leur sélectionneur et le match qu’il fallait gagner pour rester maîtres de leur destin. La démission d’Henry Kasperczak relève de l’anti-jeu et de la rupture abusive d’un contrat. Comme joueur de champ, il aurait, écopé d’un carton pour ce geste inélégant consistant à lâcher son équipe à quelques jours d’un important match. Recruté par l’Etat et mis à la disposition de la Fédération sénégalaise de football (Fsf), il ne peut aussi démissionner sans l’assentiment de son employeur et cesser son travail tout en refusant une période de préavis. On comprend mieux son insistance à vouloir que tout son dû lui soit payé avant le départ de la sélection pour le tournoi final de la 26eme Coupe d’Afrique des nations (Can) de football. Pourquoi l’Etat du Sénégal se garde t-il de manifester la même intransigeance pour l’obliger à respecter ses obligations ? 

Bon débarras ? Beaucoup de regrets pour son comportement cavalier sans qu’il ne lui en coûte. « Je pars pour que les « Lions » qui ont joué sans âme prennent leurs responsabilités » a-t-il dit pour justifier son départ. Curieuse manière de se défausser sur ses hommes alors que la responsabilité de donner une âme à l’équipe, de lui forger une identité de jeu lui incombe. Aveu d’échec. Ses états de service ne sont pas satisfaisants.

A l’entame de la compétition, dans une poule moins relevée que les trois autres, le Sénégal avait bien les moyens humains, techniques et physiques de gagner rapidement son ticket pour les quarts de finale. Pour n’avoir pas eu l’encadrement technique conséquent qu’ils méritaient, les « Lions », ont très peu de chances de s’inscrire dans la continuité, depuis leur retour au tournoi final après la pause 1994-2000, en accédant aux quarts de finale de cette édition 2008. La gestion défectueuse du groupe a conduit la sélection dans cette impasse. Dès lors que les moyens financiers et la logistique ont été mis à la disposition de l’équipe nationale, il restait sur le terrain à faire le travail pour lequel le staff technique est payé.

Comment comprendre et accepter ce que nous n’avons eu de cesse de dénoncer dans ces colonnes : un sélectionneur et ses assistants restés plus d’un an à asseoir les bases de l’équipe, à trouver les bonnes formules ? Tout le temps que Kasperczak a tenu les commandes de l’équipe nationale, ses incohérences dans les choix des hommes, ses limites dans la mise en place tactique, son incapacité rédhibitoire à trouver les solutions pour résoudre des problèmes ont été relevés.

Comment espérer que « Lions » puissent gagner la coupe tout en traînant toutes ces tares ? L’ex- sélectionneur l’a si bien compris qu’il a cherché dans ses déclarations, à quelques jours du départ pour Tamalé, à revenir sur l’objectif fixé par le ministère des sports et l’instance dirigeante du football, à savoir disputer la finale et enlever le trophée. Passer le premier tour est dans l’ordre normal des choses pour une équipe de niveau moyen placé dans un groupe moins relevé.

Ce n’était pas le cas des « Lions de l’Atlas » du Maroc, sortis par les « Black stars » du Ghana, qualifiés avec le « Syli » national de Guinée qui va jouer les « Eléphants » de Côte d’Ivoire en quarts de finale. Si l’équipe de Didier Drogba conserve la première place.