CLAUDE LEROY ENTRAINEUR DE LA RD CONGO : « Il faut revoir l’arbitrage africain »

Dans cet entretien, l’actuel entraîneur de la République Démocratique du Congo a abordé plusieurs questions. Il est revenu sur son équipe qui a entamé les éliminatoires de la Coupe du monde 2014, sur l’arbitrage qui tout le temps, est décrié lors des matchs. Claude Leroy parle aussi de l’équipe du Sénégal avec son ambition de revenir un jour entrainer les lions. Le technicien français n’a pas manqué d’évoquer l’affaire Pierre Lechantre. Entretien depuis la RDC où il se trouve.  

LE PAYS - Comment voyez-vous l’avenir de la RD Congo dans ces éliminatoires du mondial 2014?

CLAUDE LEROY - Je pense que l’avenir est un peu le même pour les quatre équipes de notre poule. On a battu une très bonne équipe du Togo lors de cette deuxième journée. Chaque formation peut battre l’autre, la preuve est que le Cameroun nous a battus lors de la première journée et il a été battu par la Libye, et nous avons battu le Togo. Lors de la prochaine journée, on aura la Libye chez nous à Kinshasa. Si on gagne ce match, nous allons nous retrouver dans une situation confortable. La victoire sur le Togo est extrêmement importante et même à dix contre onze, mes joueurs ont pu rester concentrés pour gagner ce match. Nos avons eu beaucoup plus de chance que les Eperviers qui ne méritaient pas de perdre. Mais, le football se joue sur des détails.

Avez-vous les moyens de terminer premier dans votre poule ?

Bien sûr. Mais, il faudra que tous les joueurs professionnels qui n’ont pas encore porté le maillot national viennent en sélection. Ils sont une dizaine dans les plus grands clubs européens qui ne pensent pas pour le moment venir en sélection. Je vais essayer d’en convoquer quelques uns pour les matchs à venir, car il nous reste du chemin à faire dans ces éliminatoires. Si tout le monde est là, nous irons très loin dans cette compétition.

Que pensez-vous de l’arbitrage en Afrique qui est souvent décrié ?

Je crois qu’il faudra être honnête et dire un jour qu’il y a des bruits qui courent sur l’arbitrage africain. Il faudra juste savoir si ce sont des rumeurs ou, si c’est la vérité. Des penalties et des fautes imaginaires, des décisions dont on ne sait d’où elles viennent. C’est ce qui rythme les matchs en Afrique. Il faudra vraiment tenir des assises sur l’arbitrage et comme ça, les hommes en noir reviendront à de meilleurs sentiments. Nous avons constaté à notre niveau que l’arbitrage ne nous arrange pas. Depuis notre match contre le Cameroun, je ne sais pas ce que la RDC a fait aux arbitres. Mais, je dois dire que l’arbitrage doit être amélioré. Depuis trente deux ans, je suis coach. Mais je dis que quelque fois, c’est compliqué.

Comment avez-vous trouvé l’équipe sénégalaise après deux journées dans ces éliminatoires ?

C’est une belle équipe qui a de l’avenir. Je suis rarement ses matchs, car on n’est pas dans la même poule. Il n’y a pas de star dans cette formation et la seule star c’est l’équipe. Il faut que les joueurs restent humbles et respectent l’équipe pour que celle-ci aille de l’avant.

Joseph Koto assure l’intérim sur le banc des Lions. Selon vous, doit-on le maintenir à son poste ou trouver quelqu’un d’autre ?

Quand j’étais entraineur du Sénégal, Koto devait rejoindre le staff de l’équipe. Mais, il y avait beaucoup de monde. C’était compliqué pour lui. Je sais que c’est quelqu’un qui aime bosser et qui  gagne ses matchs. Maintenant, pour entrainer le Sénégal, il faut qu’il ait beaucoup de personnalité et que les joueurs sachent que le seul patron, c’est le coach. Il ne faut pas accepter une influence d’où qu’elle vienne et être solide. Mais le choix de garder Joseph Koto ou non revient à la fédération de football qui prendra une décision.

L’équipe sénégalaise est complètement remaniée avec l’arrivée de jeunes joueurs. Est-ce que cette politique vous satisfait ?

Ce serait prétentieux de ma part de parler de satisfaction en ce qui concerne le football sénégalais. Ceci étant, il ne faut pas tomber dans des querelles entre jeunes et anciens joueurs. Une équipe nationale c’est un mélange d’expérience et de fraicheur entre des joueurs locaux et des expatriés. Je pense qu’il y a quelques anciens professionnels au Sénégal qui peuvent encore apporter à l’équipe nationale. Mais avec  eux, il faut être exigeant et leur dire qu’il n’y a pas de statut particulier afin qu’ils soient à la hauteur des attentes.

En tant qu’ancien coach des Lions du Sénégal, vous arrive-t-il de penser à un retour dans la tanière ?

Dans la vie, il ne faut jamais dire jamais. J’ai eu la chance et la grande fierté d’être appelé par le Cameroun et ça s’est bien passé. Je suis en RDC et tout se passe bien aussi. Je n’ai jamais fermé la porte à qui que ce soit. Pour entrainer un pays, il faut le connaitre, l’aimer. Le Sénégal est un pays exemplaire sur le plan politique. C’est un grand pays de football. C’est un pays qui compte sur l’échiquier mondial, même s’il a raté la dernière CAN, avec une élimination prématurée. L’équipe a un gros potentiel, mais elle est quelque fois fragile surtout sur le plan mental. Il faut au Sénégal un entraineur capable de sortir l’équipe de certaines situations difficiles.

Comment avez-vous vécu le fiasco dans l’affaire Pierre Lechantre ?

Pierre Lechantre, c’est moi qui l’ai amené au Cameroun alors qu’il était entraineur régional en France. Il servait de guide lors de la coupe du monde 1998 en France et pour l’aider, j’ai demandé au président de Strasbourg de le prendre pour qu’il intègre l’équipe. Il a commis une grosse erreur en se retirant au dernier moment. Ça n’honore pas le football. Il y a des décisions, avant de les prendre, il faut bien réfléchir. Mais n’empêche, la vie continue pour lui et pour le Sénégal. Chacun va travailler de son côté.