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ENTRETIEN AVEC… HENRYK KASPERCZAK, sélectionneur des Lions : « Mon groupe s’est formé. Seul un oiseau rare…»

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ENTRETIEN AVEC… HENRYK KASPERCZAK, sélectionneur des Lions : « Mon groupe s’est formé. Seul un oiseau rare…»

De son bureau, niché au siège de la Fédération sénégalaise de football où nous l’avons surpris hier matin, Henryk Kasperczak ne laisse apparaître aucun signe qui prouve qu’il vient de se taper une cinquième participation à une Can dans sa riche carrière d’entraîneur en Afrique. Le sélectionneur national reste zen face à cette qualification, car conscient que cet objectif qu’il vient de réaliser entre dans l’ordre normal des choses. «Rien en pouvait nous arriver dans ce match. En seconde mi-temps, il n’y avait qu’une seule équipe sur le terrain», a-t-il lâché sur un ton plein d’ironie et d’assurance. Comme pour marquer sa satisfaction suite à la belle prestation de ses poulains qui ont été sans pitié (5-1) face aux Etalons. Une satisfaction cependant mesurée. Car celui qui vient de boucler 10 matches (6 officiels et 4 amicaux), et 14 mois, à la tête des Lions, et qui a coaché de grands pays, comme la Côte d’Ivoire, la Tunisie, le Mali et le Maroc, est conscient que les choses sérieuses viennent vraiment de commencer. Et qu’il n’y a plus de temps à perdre pour tracer la feuille de route pour «Ghana 2008». Et qui passe par une bonne préparation, avec au moins un match par mois, un groupe de qualité qu’il dit avoir déjà en tête, avec des joueurs surtout «en bonne santé et compétitifs.» Zoom sur le tableau de bord de Kasperczak et sa troupe, en route pour Accra.

LA QUALIFICATION A LA CAN

«C’est une grande satisfaction d’avoir rempli une partie du contrat en se qualifiant à la Can. Depuis 2000, le Sénégal est toujours qualifié à la Can. Il était important de rester dans cette dynamique. Je pense que c’est la cinquième fois consécutive. On reste dans la continuité. On a le potentiel pour aller encore plus loin. C’est une satisfaction personnelle. C’est aussi une satisfaction pour le Sénégal. On a gagné largement. Il faut aussi dire que les joueurs se sont bien comportés en deuxième mi-temps. Il y avait des flottements en première période. Mais, dans l’ensemble, il y a eu une seule équipe qui a existé durant ce match, c’est le Sénégal. Rien en pouvait nous arriver. J’étais content de la maîtrise du jeu par la suite. On était toujours orienté vers l’offensive. On s’est fait piéger deux ou trois fois sur des contres. Ce qui est normal puisqu’on voulait marquer un deuxième but. Et c’est sur les corners offensifs qu’on s’est fait contrer. Le repli défensif n’était pas très rapide. Mais, c’est une belle victoire qui vous donne la qualification au bout. On ne peut qu’être satisfait.»

LA PRESSION D’AVANT MATCH

«Chez nous, la pression est là pour n’importe quel match. On est responsable de l’équipe nationale. On doit toujours défendre cette équipe. C’est un prestige qu’il faut défendre. Même lors des matches amicaux. La particularité de ce match, c’est qu’il fallait le gagner pour se qualifier. Au fond, on n’a jamais paniqué. Mais, c’est un environnement qu’il faut gérer. L’histoire des primes en est une. Maintenant, on a géré la situation de manière professionnelle. Malgré tout, on a continué notre travail. On ne s’est jamais affolé. On est resté serein. C’était d’ailleurs l’objet des entraînements à huit clos. Cela nous a permis de mieux travailler dans la sérénité. Dans le stade, un geste technique suffit pour que tout le monde crie. On avait besoin aussi de cela. C’était dans la préparation du match. Mais, pas tout le temps parce qu’il faut aussi travailler dans la concentration.»

LES MOMENTS DIFFICILES DANS LE MATCH

«Le plus difficile c’était de marquer un but dans les premières minutes. On s’est dit que si on marque d’entrée, la suite sera plus facile. On savait au départ que l’équipe du Burkina allait procéder par contres. Finalement, on a réussi à marquer le premier. C’est par contre le deuxième but qui a tardé à venir. On s’est fait piéger par la suite. On était en retard dans les replacements. Le match est devenu plus compliqué. Il a eu des flottements avec deux ou trois joueurs. Mais, on n’a pas paniqué. On a rectifié tout cela à la mi-temps. Surtout avec les changements. Le match a finalement basculé. Ndoye (Ousmane) et Henri Camara ont fait la différence. On a pris le match en mains et on a joué dans la moitié du terrain adverse.»

TOUJOURS DES DEBUTS POUSSIFS

«C’est parce que les matches sont toujours différents. Chaque match à sa vérité. Contre le Ghana (en amical : 1-1), on était présent en deuxième mi-temps dans la récupération du ballon. Mais là, contre le Burkina, on était présent autant dans la récupération que dans la finition. On a marqué cinq buts. C’est le meilleur score de ce week-end des éliminatoires. On est la troisième ou quatrième meilleure attaque et deuxième meilleure défense (3 buts encaissés) après la Côte d’Ivoire (0 but encaissé). Tous les buts qu’on a encaissés, c’est quasiment sur coups de pieds arrêtés. On savait qu’on avait des joueurs avec Henri (Camara), Diouf (El Hadj), Niang (Mamadou), ils peuvent faire la différence à tout moment. Il y a aussi un joueur comme Ndoye (Ousmane) qui est instable. Cette équipe est orientée vers le jeu offensif. Elle veut marquer des buts et on a toujours marqué des buts. La seule fois qu’on n’a pas marqué, c’était contre le Mozambique (lors de la cinquième journée à Maputo : 0-0). Donc, contre le Burkina on s’est mis en danger, nous-mêmes, sur les placements. Mentalement, l’équipe avait la force morale de gagner ce match. Rien ne pouvait nous arriver. Même si le Burkina avait marqué un deuxième but. Après notre deuxième but, le match était fini. L’équipe a su maîtriser le jeu. Physiquement, elle était très bien. C’est vrai que des joueurs comme Diatta (Lamine), Bouba Diop, Henri Camara n’étaient pas au mieux de leur forme, mais ils ont bien travaillé avec leurs clubs. Les Burkinabé étaient morts à la fin du match (rire).»

GESTION DU GROUPE

«C’est une bonne chose de gérer un groupe où il y a beaucoup de joueurs. Si je pouvais convoquer quarante joueurs, j’allais le faire. Maintenant, il y a les choix à faire. Il faut trancher. C’est difficile également de faire des choix. Mais, c’est mieux que de faire avec seulement ce qu’on a sous la main. La décision appartient à nous les techniciens. Je préfère disposer d’une vingtaine de joueurs que de me retrouver avec seulement une dizaine. Tout peut avoir dans une préparation. Vous savez, la gestion d’un groupe dépend de plusieurs facteurs. Ce qui est important dans les choix, ce sont les joueurs compétitifs. Ceux-là qui sont en bonne santé. Si on prend le cas Lamine Diatta, on ne peut pas éliminer un joueur qui a de l’expérience. C’est le cas de Henri Camara. Ce sont des joueurs qui ont beaucoup apporté à cette équipe»

LE SECTEUR DU JEU LE PLUS DIFFICILE «C’est au milieu. J’étais organisateur du jeu. C’est mon dada (rire). C’est un secteur sur lequel, j’insiste beaucoup. Je regarde beaucoup leur placement, replacement, travail. Lorsque je suis arrivé, c’est le secteur où on était le plus en difficulté. Aujourd’hui, avec tout ce qu’on a fait, on peut être satisfait du travail. Mais, il reste encore beaucoup de choses à parfaire. Maintenant, chaque match a sa vérité. C’est comme quand on pose la question de savoir quand est-ce qu’on verra l’équipe type du Sénégal. Il n’y a plus d’équipe type. Dans un tournoi, on peut se baser sur un groupe. Aujourd’hui, tout va vite. Ça change souvent. On peut avoir une base. Certains peuvent avoir leur place. Comme Diouf, Tony Sylva, Mendy, Malickou, Diatta… C’est une base. Ce que j’ai constaté, c’est que les gens vivent avec le passé.

PROBLEMATIQUE DU MENEUR DE JEU DANS LA ZONE DE RECUPERATION

«On a joué, il y a dix jours, un match contre le Ghana. On a joué avec Badara Sène et Bouba Diop au départ. On peut dire que le premier est plus un créateur. Théoriquement bien sûr. Maintenant, lorsqu’on a effectué les changements lors de ce match avec Sall (Bayal) qui est entré à la place de Badara Sène, cela a changé complètement. Il y avait des balles en profondeur. Bouba Diop sait aussi distribuer les ballons. C’est une question d’hommes et de période. C’est aussi la forme dans un match. Bouba était moins bien. Mais cela ne veut pas dire qu’au départ, il n’était pas bon. Il est là pour La distribution et la récupération du ballon. C’est le rôle du milieu de terrain. Un joueur comme Diomansy Kamara, il participe moins dans la récupération du ballon que Frédéric Mendy. Il faut que les quatre arrivent à combiner leurs efforts. On le sait et on va travailler là-dessus. Il y aussi Ousmane Ndoye. On sait qu’à chaque fois qu’il rentre, il est assez présent. Je dirai qu’on a fait un coaching parfait contre le Burkina.»

LES MOMENTS DIFFICILES DES ELIMINATOIRES

«C’est lorsqu’on est parti jouer les deux matches à l’extérieur. C’était le tournant de ces éliminatoires. Il nous fallait faire de bons résultats. On ne devait pas perdre. Déjà la défaite contre le Burkina Faso nous avait fait très mal. Il n’était pas question de perdre une deuxième fois. Dans ces éliminatoires, il ne faut pas perdre un match à domicile. Pour se qualifier, il faut faire le plein à domicile. Sur toutes les équipes qui se sont qualifiées, je pense qu’il n’y aucune qui a perdu à domicile. Il faut être vigilent, très attentif, très concentré surtout lorsque vous jouez à l’extérieur. Le contexte africain à l’extérieur n’est jamais facile. A Ouagadougou, il y a penalty, expulsion et on perd un zéro. A Mwanza et à Maputo, l’ambiance était difficile. C’est vrai qu’on a fait une bonne préparation lors de ces deux déplacements. Je remercie encore une fois de plus le Président de la République qui a mis à notre disposition, son avion. Il y a eu le match amical contre le Malawi. On était dans un contexte favorable avec ces bonnes conditions de voyage. Il fallait traduire cela sur le terrain. Le moment le plus difficile, pour être plus précis, c’était la veille de notre match contre le Mozambique. La Tanzanie avait gagné devant le Burkina. On ne devait pas perdre ce match. La nuit a été difficile.»

LE MATCH LE PLUS PLAISANT

«On peut dire que c’était contre la Tanzanie, ici à Dakar (4-0). C’était un bon match. On a gagné largement. Il y aussi le match contre la Côte d’Ivoire, en amical (0-0, 16 août 2006). Pourquoi ce match parce que c’était ma première sortie avec les Lions. On ne peut pas oublier cette deuxième mi-temps contre le Burkina où j’ai vu des gosses qui en voulaient, qui voulaient faire plaisir à leur public. A travers leur belle prestation, ils méritent d’aller à la Can. On s’est comporté comme les favoris. Ce que je regrette souvent, c’est quand j’attend les gens, surtout les journalistes, dirent que l’équipe doit jouer comme du temps de Jules Bocandé. Mais, c’est dépassé tout cela (rire). On revient toujours sur les matches passés. On a fait quelque chose de bien. On s’est qualifié. On mérite d’y être. Ce n’est pas toujours facile d’avoir de la qualité en Afrique.»

CRITERES DE CHOIX «Je veux avoir des joueurs en bonne santé. C’est mon seul rêve. On a connu plusieurs blessures durant ces éliminatoires de la Can 2008. Si j’ai tout le monde en main, je serai heureux. Tout cela dépend de la volonté divine. C’est vrai qu’on ne pourra pas disposer tout le temps des joueurs. Ils doivent également travailler dans leurs clubs. On va travailler déjà sur le lieu où se fera notre stage avant la Can. Ce sont des choses sur lesquelles, il faudra beaucoup insister. Il ne faudra rien laisser au hasard. On ne peut pas dire aujourd’hui que nous serons champion d’Afrique. Mais je veux voir une équipe qui se donne à fond. Une équipe qui joue bien au football. On ne changera rien dans notre façon de fonctionner. Ce sera les mêmes mots, les mêmes entraînements lors des éliminatoires qu’on aura pour la préparation de la Can. Il faudra certes provoquer la chance, mais il y aura les seize meilleures équipes africaines au Ghana. C’est évident. Ce genre de compétition se joue sur un match, un penalty. Il faut être présent.»

LE GROUPE DES 23 POUR LA CAN «Il faut d’abord comprendre que dans le groupe qui a joué les éliminatoires, on a fait confiance à de jeunes joueurs. C’est le cas de Bayal Sall, Pape Waïgo Ndiaye, Malick Bâ, Demba Touré, Demba Bâ, Babacar Guèye, Pascal Mendy, Adama Sarr… On a aussi tourné avec des anciens comme Tony Sylva, Lamine Diatta, Pape Bouba Diop, El Hadji Diouf, Mamadou Niang, Henri Camara, Diomansy, Frédéric Mendy, qui constituent la base du groupe. Sur les 23 joueurs qui étaient là, il faut aussi y ajouter les absents, comme Habib Bèye, Abdoulaye Diagne Faye et Souleymane Diawara. Un groupe s’est donc cristallisé, un groupe s’est formé. Il y en a qui ont acquis leur place. Mais en perspective de la Can, il ne faut pas s’attendre à des surprises. A moins qu’on découvre un oiseau rare (rire)»

BILAN DU CAPITANAT DE DIOUF

«Le brassard l’a mis face à ses responsabilités. Il a beaucoup progressé dans son rôle de capitaine. Je regrette simplement qu’il n’ait pas effectué le déplacement en Tanzanie et au Mozambique. De par sa présence, il aurait pu apporter beaucoup de choses à l’équipe. Sur les deux derniers matches, on l’a vu. Il a été très présent. Il a d’ailleurs marqué à chaque fois. Je peux dire aujourd’hui qu’on a fait un bon choix pour avoir désigné Diouf comme capitaine de l’équipe. Il a pris ses responsabilités. C’est un joueur de forte personnalité. Il joue un rôle important dans la gestion du groupe. Dans la dynamique, la cohésion… Il a pris à fond la responsabilité qui lui a été confiée. Il se sent plus responsable (il insiste sur le mot)»

COLLABORATION AVEC LE STAFF

«J’ai beaucoup voyagé dans ma vie. En tant que premier responsable d’une sélection nationale, je prends beaucoup de décisions. Mais, j’écoute toujours mes collaborateurs. Je ne cherche jamais à m’imposer. Il y a Lamine Ndiaye (entraîneur adjoint), Mandiaty Fall (entraîneur des gardiens), Jules Bocandé, par rapport à sa position avec les joueurs. Le staff médical travaille beaucoup. On a ceux qui s’occupent du matériel. C’est le travail d’une équipe en dehors de celle qui est sur le terrain, qui est très soudée et qui travaille pour la progression des Lions. On est en famille, avec les membres du staff technique et ceux de la fédération. Je ne suis pas là pour imposer ma position, ma vision ou ma personnalité. J’essaie de trouver la meilleure solution avec ceux qui connaissent les réalités du pays. Cela ne change en rien mes qualités d’entraîneur professionnel.»

PROGRAMME DE PREPARATION POUR LA CAN

«On travaille là-dessus. Il y a les dates officielles de la Fifa. Personnellement, j’aimerai qu’on joue une fois par mois. On peut commencer dès le mois prochain. Ce sera une occasion de se retrouver, discuter, bien se préparer. Si on a l’occasion de jouer contre le Brésil à Dakar, ce serait une bonne chose. Contre l’Argentine aussi pourquoi pas. Cela dépendra de beaucoup de choses. On a eu quelques propositions sur des matches amicaux. Il y a l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis. Il y a aussi le tournoi au Ghana. Au départ, ils voulaient inviter des équipes qui ont déjà gagné la Coupe d’Afrique. Ce qui n’est pas le cas du Sénégal. Maintenant, on verra s’ils vont changer leur critère de sélection. Je dois aussi retourner en Europe pour superviser les joueurs. On ne sait jamais. On peut tomber sur un bon joueur sénégalais (rire), sur un oiseau rare. Il y a Batéfimbi Gomis qui peut toujours jouer pour la sélection nationale. Mais il faut reconnaître qu’on a beaucoup de joueurs sous la main aujourd’hui. C’est pourquoi je dis que mon groupe est presque fermé si on se fie aux joueurs qui ont joué les éliminatoires. A moins qu’un oiseau rare… (rire).» Pour d’autres détails concernant mon programme, il y a le tirage au sort des Poules de la Can, qui est prévu le 19 octobre prochain à Accra. J’y serai.»

 



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