LUTTE - Cheikh Tidiane Ndiaye, vice-président du Cng : «On ne peut pas supprimer le match nul»

Le peuple de la lutte va passer en revue toutes les questions qui minent l’arène aujourd’hui à partir de 9h 30 au Salon d’honneur du Stade Léopold Sédar Senghor sous la présidence de El Hadji Daouda Faye, ministre des Sports. Au menu des discussions, l’arbitrage, la question des quatre appuis et du match nul ainsi que du dopage qui est en train de prendre des proportions assez inquiétantes dans l’arène. Cheikh Tidiane Ndiaye, le Vice-président du Comité national de gestion (Cng) dégage, ici, les différents chantiers de la journée d’aujourd’hui.

M. Ndiaye, vous en avez de la matière pour cette journée de concertation…

Oui ! Bien sûr qu’il y a plusieurs questions à discuter durant cette journée de concertation. Nous voulons parler de tout ce qui tourne autour, surtout à la veille de l’ouverture de la saison. Nous allons discuter avec toutes les composantes de l’arène. Nous avons convoyé toutes les personnes qui tournent autour pour qu’elles nous disent ce qu’elles pensent de la lutte. Ce qu’il y a à améliorer, ce qui a fait défaut, ce qui reste à ajouter ou à supprimer. Nous n’avons pas mis en place un ordre du jour déterminé. Nous allons discuter sans détours avec tous les acteurs de l’arène sur la lutte.

Mais il y a quand même de brûlantes questions qui seront au cœur des débats…

Ah, oui ! Il y aura certainement des discussions sur le règlement. Il y aura des ateliers avec tous les acteurs qui nous diront exactement ce qu’ils pensent du présent règlement. Nous allons discuter sur tous les points du règlement. C’est le but de cette journée. Toutes les questions et interrogations qui agitent l’arène seront passées à la loupe demain (Ndlr : aujourd’hui). Et, si un point du règlement mérite d’être modifié, on le fera après les discussions et de concert avec tous les acteurs de l’arène. C’est tout. On parlera de tout sauf des cachets des lutteurs qui sont libéralisés. Les cachets ne vont pas être discutés durant cette journée de réflexion. Je ne crois que les gens poseront cette question qui reste toutefois assez importante.

Allez-vous parler de l’arbitrage qui agite toujours l’arène ?

C’est sûr que cette question sera au centre des débats durant cette journée. Les gens parleront certainement des chutes, des factions à prendre, du gazon synthétique du stade Demba Diop car certains soutiennent qu’il n’est pas favorable à la lutte, des matches nuls qui posent parfois problèmes.

La solution pour l’arbitrage passera-t-elle par une reconversion des anciennes gloires de la lutte ?

Peut-être… Les gens l’évoquent de plus en plus depuis quelques années. Vous voyez que dans les mbapatt, ce sont des anciens lutteurs qui officient comme des arbitres. Mais ce n’est pas la panacée, car il y a toujours des problèmes d’arbitrage. C’est l’arbitrage qui est comme ça. Tant que l’arbitrage professionnel n’est pas réglé, il y aura toujours des problèmes. Les anciennes gloires ne pourront jamais régler ce problème à elles seules.

La question des quatre appuis sera également un des points chauds des discussions…

Elle sera au centre des préoccupations. Le problème se pose surtout lorsque l’un des lutteurs essaie de donner des coups à son adversaire qui est à quatre appuis. Cette position pourrait devenir dangereuse. Toutefois, nous avons plusieurs lutteurs qui, sur quatre appuis, peuvent déclencher des chutes extraordinaires. Nous allons voir où vont nous mener les différentes tendances pour se prononcer.

On évoque de plus en plus la suppression du match nul dans l’arène ?

Vous savez, le match nul est un résultat du combat. On ne peut pas le supprimer parce que dans tout match, il y a forcément un résultat : un vainqueur, un vaincu ou un match nul. Cela va de soi. On ne peut pas le supprimer. Par contre, il faudra réprimer la passivité, c’est-à-dire que quelqu’un qui triche pour accéder au match nul doit être sanctionné. Mais, deux lutteurs qui se donnent à fond et qui n’arrivent pas à trouver une faille ne doivent pas être sanctionnés. On ne peut pas le supprimer. Il faut penser à autre chose.

Comme à des sanctions par pénalités comme cela se passe dans les autres sports de combat… Oui, c’est possible ! Mais, le public n’est pas encore préparé à cela. Vous prenez l’exemple d’un amateur qui aurait acheté son billet à 25 000 Francs Cfa, et que pendant quelques minutes, un des deux lutteurs triche et reçoit trois avertissements. Après, l’arbitre le déclare vaincu. Vous voyez, ce seront les amateurs qui seront les grands perdants. Mais, la solution pourrait se situer au niveau des promoteurs. Par exemple durant la signature du contrat, on peut dire clairement aux lutteurs que si quelqu’un perd, il va se retrouver avec 20 millions pendant que le vainqueur empoche 30 millions par exemple et s’il y a du match nul, ils vont se retrouver avec 15 millions. Donc si avec la défaite, il peut se retrouver avec 20 millions, il ne va plus tricher pour décrocher un match nul et se retrouver avec 15 millions. Ça pourrait vraiment régler le problème des lutteurs tricheurs qui seront obligés de bien lutter.

Dans les tricheries, il y a aussi le dopage. La concertation va-t-elle accoucher d’un code antidopage dans l’arène ?

A chaque fois, le Cng tente de sensibiliser les lutteurs en leur expliquant les méfaits d’une telle pratique. Il y a effectivement des lutteurs qui se dopent sans s’en rendre compte parce qu’ils prennent des médicaments dopants sans même le savoir. Les écuries sont toujours sensibilisées sur les méfaits du dopage. Nous avons besoin d’un sport sain dans ce pays. Tous les lutteurs doivent avoir une bonne hygiène de vie. Pour l’instant, nous sommes en pourparlers avec la Tunisie qui dispose d’un centre de contrôle. Elle nous a demandé de faire des tests inopinés au niveau des différentes écuries pour ensuite les envoyer dans ce pays. Le Sénégal n’a pas de centre de contrôle parce qu’il coûte très cher. Nous allons vraiment parler de toutes ces questions et écouter les différents acteurs de la lutte.