Pour le combat de sa « survie », Bombardier a su jouer sur le bon ton face à un Thieck qui mettra encore longtemps à ruminer une défaite concédée de la pire des manières. Nul doute qu’il ne s’attendait pas à une telle déconvenue, contrairement à nombre d’amateurs qui avaient prédit la confrontation physique comme clef du combat.
La perspective de prendre (enfin) sa revanche sur le « roi » des arènes a-t-elle sublimé Serigne Dia Bombardier ? Tout le laisse croire. Hier, c’est un « B52 » new-look que le public a découvert aussi bien au plan morphologique que psychologique. Très souriant et décontracté, se payant même parfois quelques pas de danse, sans doute pour évacuer toute pression, le Mbourois en a surpris plus d’un. Etait-ce pour lui une façon de tromper son adversaire pour davantage le surprendre. Tout le laisse croire et Thieck en a fait les frais. Nombre d’amateurs ont eu du mal à reconnaître le Pikinois dont la passivité a plutôt facilité la tache à son vis-à-vis qui n’en attendait pas moins.
Pour les besoins de son retour au premier plan, Bombardier ne devait, pour rien au monde, rater le rendez-vous d’hier. Instruit par son année sabbatique passée loin de l’arène, en quête d’un hypothétique combat, il était soumis à un impératif de victoire car toute autre alternative pouvait s’avérer compromettante pour la suite de sa carrière. Fort heureusement, il a eu la bonne posture pour ce combat de la résurrection. Pour ce faire, il s’est évertué à mettre tous les atouts de son côté en se soumettant à un régime marqué par un rythme de travail soutenu. A le voir, on a noté que cela a été payant car, c’est un Bombardier totalement métamorphosé, au plan physique, que le public de Demba Diop a découvert hier. Sans pour autant avoir autant de pression que son adversaire, Thieck n’en avait pas moins d’ambition que ce dernier. Ce combat avait valeur de passage de grade pour lui avec comme ... « avantage », en cas de réussite, un face-à-face avec le « roi » Yékini, présent hier au stade mais plutôt occupé à encadrer deux de ses poulains, Yékini Jr et Youssou Ndour.
Bombardier et Thieck sont arrivés presque en même temps à Demba Diop, à 17 h 15, sous les ovations de leurs fans et supporters habillés de tee-shirts à leur effigie. Séparés par une ceinture de sécurité dans la tribune découverte, ils ont créé une ambiance très festive qui montait crescendo à chaque passage de leur idole, lors de la phase d’échauffement. Bombardier met à profit cette période d’avant combat pour décompresser avec d’incessants tours du terrain ponctués de légers pas de danse alors que son adversaire l’oreille collée au téléphone semble également indifférent au « défoulement » de son adversaire, conscient sans doute de la tâche qui l’attend. Cette ambiance sera de mise le temps pour la 4é Journée du CLAF de livrer son verdict après les cinq combats du jour.
Après le dernier tableau de ce tour qui a vu la victoire-éclair de Youssou Ndour (Ndakaru) sur Ness (Lansar), le premier coup de sifflet retentit. Les deux camps s’adonnent aux derniers préparatifs avant combat en investissant l’aire du combat transformée en « laboratoire ». Tout y passe : bains mystiques, incantations et dernières recommandations des entraîneurs. S’ensuit la présentation des deux lutteurs aux autorités et au public et le coup de sifflet libérateur de l’arbitre. Tout se passe dans une bonne ambiance, Bombardier et Thieck se payant même le luxe d’échanger quelques propos, une manière pour chacun d’eux de gérer la pression.
20H 10 : Après avoir consulté ses juges, l’arbitre libère les deux acteurs qui sacrifient à la traditionnelle round d’observation mis à profit pour jauger l’autre, affiner ou contrecarrer toute stratégie. Ce « temps de réflexion » finit au bord des sacs. Le maître du terrain y met un terme et ramène les deux lutteurs au milieu. L’instant d’après, Thieck semble vouloir mener le combat à sa guise en utilisant sa lourde frappe. Bombardier se prête à ce jeu de titans qui débouche sur un échange de coups. Plus réaliste, le Mbourois accepte de payer de sa personne avec comme seul objectif d’assurer sa prise. Une fois qu’il est arrivé à ses fins, il parvient à immobiliser les bras de son vis-à-vis et déclenche une série de coups de poings qui sonne comme une descente aux enfers pour Thieck totalement à découvert, sans aucune défense, avec une passivité déconcertante. Sentant son adversaire au bord du KO, Bombardier ne se fait pas prier pour l’achever. C’est un Thieck totalement groggy qui s’est affalé sous les pieds du Mbourois. En grand sportif, le « B52 » l’a aidé à se relever avant que son camp ne l’encadre pour le sortir de l’aire de combat. Dans le camp de Bombardier, c’est l’allégresse. S’il est une victoire qui mérite bien d’être fêtée c’est bien celle-ci et nul doute que la nuit a été très longue à Mbour qui a célébré le retour triomphal de son fils prodige.
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