Après les stades Caroline Diop de Mbour et Massène Sène de Fatick qui ont successivement couronné Augustin Mbagnick Sène et Ouza Sow, le promoteur Luc Nicolaï revient à Dakar et précisément au stade Demba Diop pour un autre gala dont l’attraction majeure sera sans conteste le combat qui opposera l’actuel “ Roi ” des arènes à un prétendant au trône. En effet, le 10 juin prochain, Yahya Diop Yékini et Balla Bèye N°2 prendront date avec l’histoire devant un nombreux public et en présence du grand tambour-major Vieux Sing Faye, le parrain.
Yahya Diop Yékini
A tout seigneur, tout honneur. L’actuel “ calife ” de la lutte sénégalaise doit une “ revanche ” à ses nombreux supporters après son nul face à Moustapha Guèye, le “ Tigre de Fass ”, le 30 juillet dernier. Très affecté par ce résultat interprété par certains comme une contre-performance face à une icône de la lutte sénégalaise ; alors que d’autres ont reproché à son adversaire d’avoir usé de ruse en évitant tout contact qui lui serait fatal, l’actuel “ Roi des arènes ” dit avoir tiré beaucoup de leçons de cet événement. Presque un an après, le voilà qui fera face à Balla Bèye N°2, un aspirant à son “ trône ” dont le “ trophée de guerre ” s’appelle … Serigne Dia Bombardier.
Comme son adversaire du 10 juin, Yékini a battu le B52 de Mbour. Donc égalité parfaite sur ce point, même si la victoire du leader de l’écurie Haal Pulaar Nedo Bandane (le 16 avril 2006 à Thiès) a eu beaucoup d’effet, du fait de la différence de poids entre lui et son malheureux adversaire.
Leader de l’écurie Ndakaru, Yékini est couvé par un encadrement technique de qualité composé d’anciens champions comme Amadou Katy Diop, Youssou Diène et Mbaye Ciss ; mais également Mohamed Ndiaye dit Robert Diouf. Cette “assistance technique ” vient en appoint à un registre technique très varié, acquis durant les tournois de lutte organisés après l’hivernage dans les villages du Sine et du Saloum et au cours desquels il a gagné de nombreux trophées. Son passage aux arènes “ Adrien Senghor ” de Grand-Yoff, ponctué de nombreuses victoires, lui a permis de s’aguerrir au contact de grands champions rompus aux techniques de la lutte traditionnelle. Il ne manque jamais de faire l’éloge de cet “ Institut ” qui a produit de grands noms de la lutte sénégalaise.
Sociétaire pendant de nombreuses années de l’équipe nationale de lutte, il a valu au Sénégal beaucoup de médailles d’or.
Sa distinction suprême est le « Sabre d’or ” de la CDEAO dont il est toujours détenteur. Pour avoir battu tous ses adversaires (sauf Moustapha Guèye, le 30 juillet dernier au stade Demba Diop , il va vers un challenge de taille : pérenniser son invincibilité et conserver son fauteuil, en attendant un éventuel prétendant.
Balla Bèye N°2
L’on a du mal à trouver les mots pour qualifier ce garçon dont le courage légendaire a toujours fait douter ses adversaires les plus coriaces. D’une témérité à la limite suicidaire, il balaie tout sur son passage, tel un ouragan. Si le CNG devait honorer le lutteur en activité qui s’est le plus illustré lors de la saison 2006, il aurait remporté le “ Lion d’or ” grâce à l’exploit qu’il a réalisé face à Bombardier, le 16 avril de la même année à Thiès. Avant son face-à-face avec le B52 de Mbour, il a essuyé des quolibets, surtout de la part des supporters de son adversaire qui lui prédisaient l’enfer. Il n’en sera rien. C’est plutôt lui qui créera l’événement majeur de la saison.
Donné perdant dans un combat où tout lui était défavorable (la puissance athlétique, les mensurations, le poids), il a réussi à déboulonner le colosse de Mbour surpris par l’audace, la promptitude et la rapidité d’exécution de son antagoniste. Ce succès lui servira de passerelle pour accéder au sommet et il arrivera à ses fins après être resté indifférent, à maintes reprises, aux défis multiples de Gris Bordeaux de Fass qui a maintes fois manifesté le désir de croiser le fer avec lui. Mais imperturbable face à toutes ces “ provocations ”, l’ ”Ouragan ” de Pikine avait l’œil rivé sur le moelleux fauteuil où trône le “ Roi ” des arènes. Finalement, ses voeux seront exaucés grâce à Luc Nicoläi. Ainsi, le 10 juin au stade Demba Diop, lorsque l’arbitre sifflera, il fera face à deux dilemmes : laver l’affront subi par son grand-frère Pape Cissé d’abord, puis lui-même face au même adversaire le 2 janvier de l’an 2002 et surtout confondre tous ceux qui, comme le 16 avril 2006, ne donnaient pas cher de sa peau face à Bombardier. La suite, on la connaît. Quelles peuvent être ses chances face à Yékini ? Elles sont intactes, selon Lac de Guiers, “car, en plus de son registre technique très varié, Balla Bèye est comme un lion blessé qui ne recule jamais. Cependant, face à Yékini, ce sera une autre paire de manches car son adversaire maîtrise toutes les techniques de la lutte et au plan athlétique, il est bien doté par la nature. Tout pronostic relèverait du hasard ”.
A J-5, cette affiche est le prélude à d’autres chocs tout aussi alléchants qui augurent d’une fin de saison explosive. Les amateurs en salivent déjà.
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