Pénurie de buteurs : Le football sénégalais cherche attaquant désespérément

La difficulté pour les attaquants sénégalais de marquer des buts a été constatée vendredi lors de la manche aller des 16es de finale des coupes africaines de clubs. Le Port autonome de Dakar (Pad) a marqué deux buts contre l'Usm d'Alger (2-1), les trois autres représentants ont rendu des copies vierges : Jaraaf-Enyimba (Nigeria) : 0-0, Compagnie sucrière sénégalaise (Css)-Espérance de Tunis : 0-1 et Aso Chlef-As Douanes : 0-0

Le Port autonome de Dakar a marqué vendredi dernier deux fois contre l'Usm, mais les spectateurs présents au stade Demba Diop, ont vu que le champion du Sénégal aurait pu se mettre à l'abri avec le nombre important d'occasions qu'il s'est procurées. En marquant deux petits buts et en encaissant un contre l'Usma, il ne s'est pas donné une grande marge de manœuvre pour la rencontre retour.

Du côté de la Css, l'inefficacité de la ligne d'attaque est personnifiée par les ratés de leur attaquant El Hadj Malick Fall qui semble être devenu un spécialiste après avoir gâché trois occasions, dont un penalty au tour précédent contre le Mighty Blackpool de la Sierra-Leone. Si sa contre-performance contre les Sierra-Léonais du Mighty Blackpool n'a pas eu d'incidence, son équipe étant arrivée à se qualifier, son raté contre l'Espérance sportive de Tunis, vendredi, a coûté cher à son équipe.

Ratant son duel contre Jean-Jacques Tizié à la 25e minute alors que les deux équipes étaient à égalité 0-0, El Hadj Malick Fall, aurait pu donner les clefs de la rencontre à son équipe qui n'était pas dominée à ce moment du match par son adversaire. Expliquant "les mauvaises appréciations" de son attaquant, son entraîneur Mame Moussa Cissé demande plutôt de "l'indulgence". "C'est un jeune joueur, il a marqué quatre buts en championnat la saison dernière avant d'être stoppé dans son élan par une expulsion. Il travaille beaucoup devant le but et je suis sûr que ça va venir", a-t-il expliqué rappelant que "le joueur fait tellement d'efforts pour se placer qu'il manque de lucidité au moment du geste final".

Pour Baba Ndiaye, attaquant de l'Us Gorée dans les années 80, "il n'y pas de secret, un attaquant doit beaucoup travailler devant le but. Il y a une spécificité pour le poste d'attaquant. Le geste s'apprend tous les jours aux entraînements. On répète les gammes devant le but et des centaines de fois pour aller jusqu'à la perfection", analyse-t-il rappelant que "quand on joue à ce poste, il faut une grande assiduité à la tâche". Ancien entraîneur de Xam-Xam qu'il a fait monter en D1, Baba Ndiaye "regrette comme tout le monde l'absence des attaquants dans notre championnat. Les gosses doivent beaucoup travailler, s'astreindre à des travaux d'atelier à la fin des entraîneurs comme les spécialistes des balles arrêtées le font".

Le sélectionneur de l'équipe nationale A', Alassane Dia quant à lui, pointe du doigt "les carences de notre football national. Il serait difficile, voire impossible de sortir un grand attaquant dans notre championnat par les temps qui courent. Chaque année, le meilleur joueur et le meilleur buteur du championnat national partent sous d'autres cieux", dit-il.

Alassane Dia rappelle que "les entraîneurs n'ont même pas le temps de mettre en place leur stratégie de jeu qu'il faut tout reprendre à cause du départ d'un ou de plusieurs éléments clefs de son dispositif". "Avec cela, comment voulez-vous qu'on puisse former de grands attaquants ? Il faut un temps pour sortir de grands attaquants et je suis certain qu'avec la manière dont ça se passe dans notre football, ce n'est pas demain la veille qu'on verra de grands attaquants fouler nos pelouses", tranche Dia. "Ils n'auront le temps de flamber qu'une saison. Après ils feront les beaux jours des clubs professionnels", insiste le technicien sénégalais appelant à "la mise en place d'un football qui permettrait au joueur de voir venir". "On ne pourrait jamais rivaliser avec les clubs professionnels mais il est clair qu'avec de la suite dans les idées, on pourrait retarder leur départ sous d'autres cieux le temps qu'il s'aguerrisse. Ce sera bénéfique pour le joueur mais aussi pour le football local. La Jeanne d'Arc l'a essayé et tout le monde a vu les résultats. C'est la voie du salut, sinon", avertit-il "ce sera un éternel recommencent".