POLEMIQUE SUR LES «QUATRE APPUIS» : Cette règle qui «tue» les lourds

Si la règle des «quatre appuis» ne fait pas l'affaire des lutteurs en général, elle n'arrange surtout pas les poids lourds dont les affiches sont pourtant montées à coup de centaines de millions de francs. Des combats de mastodontes annoncés en grande pompe, mais qui finissent en queue de poisson à cause de cette fameuse règle tant décriée par les amateurs.

La polémique Sur la règle des «quatre appuis» continue de défrayer la chronique. Le dernier en date concerne l'affiche Modou Lô-Baye Mandione. Le camp de l'écurie Thiaroye Guem sa bopp vient d'être débouté suite a un recours en annulation qu'il avait introduit auprès de la Commission de qualification, de règlement et de pénalité (Cqrp) du Comité national de gestion (Cng) de lutte pour contester la victoire du chef de file de Rock Energie. Un scénario qui en dit long sur la polémique qui entoure cette règle «anti-combat» tant décriée par les acteurs et amateurs de la lutte avec frappe. Les mêmes intervenants qui réclamaient son retour depuis le fameux combat entre Ousmane Diop et Coly Faye qui avait l'air d'un lynchage à sang. Pour le président de l'école de lutte Sakou xam xam, ce n'est pas une raison valable pour s'entêter à maintenir les «quatre appuis». «Même la Fifa, structure sportive de football des plus puissantes, change de règlement ou apporte des rectificatifs en fonction des situations, à fortiori un quelconque Cng de lutte», croit savoir Birahim Ndiaye.

Un constat reste d’actualité depuis lors. Les « quatre appuis » n'arrangent pas les lutteurs dont la masse dépasse la centaine de kilos, les poids lourds plus précisément. Nombreuses sont les affiches tant vantées par les promoteurs, amateurs et communicateurs qui se sont terminées en queue de poisson. «La question n'est pas de savoir si cette règle arrange ou non les poids lourds. Seulement, force est de reconnaître que les amateurs restent sur leur faim lors de grands combats montés a coup de centaines de millions. Un combat de lutte doit être clair, surtout quand le cachet est élevé», fait savoir l'ancien pensionnaire de l'écurie Fass. Les combats Papa Sow-Zoss de cette année, Balla Beye 2-Lac de Guiers 2 de la saison précédente, ont été «interrompus» par les arbitres à cause de supposés « quatre appuis». Si la victoire du poulain de Fass sur Zoss a été confirmée en appel, tel n'a pas été le cas pour le choc Balla Bèye 2­ Lac de Guier 2. Le verdict a été cassé suite au recours de Baboye, alors que le pensionnaire de l'écurie Walo était déclaré vainqueur par les maîtres du terrain. À en croire Birahim Ndiaye, des erreurs d'arbitrage y sont parfois pour quelque chose. « Les arbitres sentant parfois une chute par quatre appuis, interrompent les accrochages pour donner un verdict quelque peu contestable. Une sentence qui par la suite est cassée en recours d'annulation. Alors que pour le combat Lac de Guiers 2-Balla Bèye 2 par exemple, le premier cité pouvait déclencher une autre action si le combat n'avait pas été interrompu.» Selon l’ancienne gloire, cela a «pénalisé», l'enfant de Fith Mith puisqu'il venait de concéder le premier match nul de sa carrière.

D'autres exemples d'une autre mesure se pointent à côté de ces deux cas. Il s'agit des deux derniers revers de Gris Bordeaux. Balla Bèye 2 et Yékini sont les derniers bourreaux du nouveau tigre de Fass. Deux défaites d'affilée subies par le successeur de Moustapha Gueye grâce à la magie des «quatre appuis». Des issues malheureuses dans le camp de Fass, écurie de la première génération, qui ont longtemps semé le doute chez les férues de lutte sur la capacité d'Ibrahima Ndione à tenir le flambeau. Aussi n'a-t-il pas caché récemment, lors d'un entretien avec le quotidien l'Observateur, son envie de voir cette règle -qui ne l'arrange pas du reste- disparaître des textes du Gng de lutte. Et le patron de l'école de lutte sise à Grand Médine de proposer, comme alternative, le chronométrage d'une minute ou trente secondes au moment où un des lutteurs est en position de «quatre appuis». «On pourra valider la victoire après épuisement du temps imparti. Bref les idées sont là. Elles doivent faire l'objet d'un forum avec les personnalités du monde de la lutte pour discuter sérieusement de ce règlement qui est sujet à polémiques. Le Cng ne doit pas camper sur ses positions. Il doit prendre en compte ces critiques pour évoluer vers d'autres batailles», renseigne-t-il.

Quid de l'avenir de cette règle qui laisse les amateurs sur leur faim ? Le Comité national de gestion (Cng) de lutte a promis d'en débattre durant l’intersaison avec les acteurs.